28 mars 2022

Temps de lecture : 3 min

Levée de fonds pour Circle dont les modèles sont Patagonia et Veja.

La marque de vêtements de sport « durable » lancée il y a deux ans vient de lever 2,5 millions d’euros pour accélérer son développement. La concurrence devient rude dans le textile « écolo »…

La boucle est bouclée. Les marques de vêtements ne peuvent plus se cacher derrière leur petit doigt. Tout le monde sait aujourd’hui que le textile est une des industries les plus polluantes au monde. Un jean nécessite 7500 litres d’eau en moyenne pour être fabriqué, soit ce qu’un être humain boit en sept ans. Il voyage en avion jusqu’à 65.000 km lors de son assemblage et il libère au cours de son lavage des milliers de particules de micro-plastique qui polluent les océans. Le polyester dévore, quant à lui, 48 millions de tonnes de pétrole chaque année. L’ensemble des matériaux utilisés dans la fabrication textile mondiale produit 1,2 milliard de tonnes ce CO2 par an. La Fast Fashion nous a poussé à acheter toujours plus. Zara propose 30.000 modèles différents par an et Primark une collection par… semaine.

Mieux vaut tard…

Certains grands groupes ont compris qu’ils devaient changer leur fusil d’épaule pour répondre aux attentes de leurs clients soucieux de la protection de l’environnement. Le 23 août 2019, 32 géants de la mode dont H&M (Cos, Arket, & Other Stories) et Inditex (Zara, Pull & Bear, Massimo Dutti, Bershka, Stradivarius, Oysho…) ont signé le Fashion Pact qui vise à protéger le climat et la biodiversité par le recours à 100% d’énergies renouvelables en 2030 et une émission neutre de CO2 d’ici à 2050. Ces engagements forts sont toutefois non contraignants. De nombreuses enseignes comme Zalando, Le PrintempsVestiaire CollectiveVintedSystème UAuchan proposent, quant à elles, des vêtements de seconde main dans leurs rayons ou sur leurs sites.

Plus blanc que blanc

Depuis quelques années, de plus en plus de marques « vertueuses » commencent à apparaître sur le marché. Patagonia et Veja ont été parmi les premières à montrer la voie. Un nouveau petit poucet vient de se lancer en France. Sa marque : Circle fort logiquement… « Ce nom symbolise à la fois l’économie circulaire et les anneaux olympiques », résume son co-fondateur Romain Trebuil. Cet entrepreneur, qui a travaillé pour Total et L’Oréal avant de fonder en 2017 la marketplace dédiée aux freelances Yoss qu’il a revendu deux ans plus tard au groupe Adecco, s’est reconverti dans l’habillement sur le tard. « Je voulais me lancer dans l’économie circulaire, nous raconte ce patron de 36 ans. Passionné de ski et de running, j’ai vite réalisé que le sportswear était la branche la plus polluante de l’habillement car les matières premières sont souvent synthétiques et les articles viennent tous d’Asie. »

 

Une équipe de choc

Lancé il y a tout juste deux ans, Circle fabrique en Europe (70% au Portugal et 30% en France) des vêtements avec des matériaux recyclés ou naturels et 100% recyclables. Ses circuits de production ne dépassent pas 2500 kms en moyenne contre plus de 70.000 kms pour ses rivaux. L’équipe réunie par Romain Trebuil dans son siège parisien ne manque pas de bouteille. La directrice artistique de la marque, Solène Roure, a travaillé pour Hogan, Alexander McQueen, Nike et lululemon, le directeur des ventes, Martin Lesieur, a fait ses armes chez Veepee et Johanna Jimenez est l’ancienne Community Manager de lululemon.

La jeune pousse vient en effet de lever 2,5 millions d’euros auprès de plusieurs investisseurs dont la BPI pour passer un nouveau cap.

De 35 à 90 références en un an

La start-up a lancé sa toute première collection en mars 2020 et elle a pris ses premières commandes six mois plus tard. Sa gamme, qui comprend 35 références destinées pour l’instant aux amateurs de tennis, de yoga, de running et d’escalade, proposera 90 articles d’ici la fin de l’année. La jeune pousse vient en effet de lever 2,5 millions d’euros auprès de plusieurs investisseurs dont la BPI pour passer un nouveau cap. « Notre arrivée dans les grands magasins est déjà prévue, annonce Romain Trebuil. En avril, nous allons ouvrir un espace au Bon Marché et nous entrerons à la Samaritaine et aux Galeries Lafayette dès cette année. Ces corners nous permettront de savoir si nous devons nous lancer dans le commerce physique ou rester cantonné dans les ventes sur internet. Notre gamme va, quant à elle, être scindée en deux segments. Nos Everyday Players proposeront des essentiels multisports et le Legendary Club offrira des vêtements plus techniques adaptés à des sports en particulier comme le cycling. » Après un très bon démarrage en France, la PME va aussi chercher à se développer à l’international et notamment en Europe et aux Etats-Unis où 20% de ses ventes sont déjà réalisées.

 

Son CA va tripler en 2022

Pour son premier exercice plein d’activité, Circle est parvenu à afficher l’an dernier un chiffre d’affaires de 300.000 euros. Le cap du million devrait être franchi en 2022. Le début d’année a en effet été prometteur. « Nos revenus au premier trimestre étaient 1000% supérieurs à ceux accumulés de janvier à mars 2021 », révèle le CEO de la jeune pousse. La concurrence toutefois est rude sur ce marché. « Pour moi, des marques comme Veja ou Patagonia ne sont pas des rivaux mais des exemples, relative l’entrepreneur. Leurs clients sont nos clients mais il y a de la place pour tout le monde. » L’avenir le dira…

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