8 janvier 2024

Temps de lecture : 3 min

L’Europe va-t-elle redonner un coup de fouet à Threads ?

La plateforme de microblogging lancée en juillet dernier dans 100 pays par Meta est beaucoup téléchargée mais peu utilisée. Son arrivée, le 14 décembre, dans l’UE va-t-elle changer cette donne ? Rien n’est moins sûr...

Les chiffres sont impressionnants. Trois jours après son lancement en Europe le 14 décembre, l’appli de microblogging de Mark Zuckerberg avait déjà été téléchargée plus de 2,6 millions de fois, si l’on en croit les données de data.ai. La France est le troisième pays de l’UE à avoir le plus téléchargé Threads (440.000) derrière l’Allemagne (550.000) et surtout l’Italie (1,06 million) mais devant l’Espagne (350.000) et la Pologne (45.000). Au Royaume-Uni où cette plateforme est disponible depuis plus de 5 mois, 9 millions de Britanniques l’utilisent déjà pour échanger des messages.

Un concours de pénis pour régler ce différend?

Les internautes attendaient visiblement avec une certaine impatience l’arrivée d’un concurrent de X. Près de 160 millions de personnes ont déjà téléchargés Threads dans le monde. La barre symbolique du premier million de téléchargements a été franchie une… heure après le lancement officiel de l’appli dans une centaine de pays, le 6 juillet 2023. À titre de comparaison, ChatGPT a dû attendre 5 jours avant d’atteindre ce cap. Instagram (2,5 mois), Spotify (5 mois), Facebook (10 mois) et… Twitter (2 ans) ont, quant à eux, dû faire preuve de beaucoup plus de patience pour cocher cet objectif dans leur « to do list ». Ce raz de marée spectaculaire a eu le don de profondément énerver Elon Musk. Sur X, le fondateur de Tesla et SpaceX a notamment accusé son rival de « cocu » avant de lui proposer de régler leurs différends en mesurant la taille de leur pénis. Élégant… Voilà des mois que le milliardaire accuse le patron de Meta de plagiat. Threads n’est pourtant pas un copié-collé de Twitter.

Des différences notables

Le nouveau venu sur le marché du microblogging permet en effet de poster des messages de 500 signes contre 280 sur X. La modération plus stricte promise par Meta devrait, par ailleurs, éviter les déferlements de haine qui se multiplient sur l’appli rivale. Il est également possible d’attacher un seul et unique hashtag par publication sur Threads contre plusieurs sur X mais ce dernier peut être une phrase entière et pas uniquement un mot comme sur l’ancien Twitter. Last but not least, le nouveau venu ne propose qu’un unique fil à ses abonnés alors que son prédécesseur offre un fil réservé aux abonnements et un autre aux recommandations.

Un succès très relatif

Comme souvent, les chiffres peuvent toutefois être trompeurs. Téléchargement n’est en effet pas synonyme d’utilisateur… Si des millions d’internautes se sont précipités pour télécharger Threads sur leurs smartphones, beaucoup moins se servent de cette application pour échanger avec leurs proches. Le jour de son lancement, la plateforme comptait 41,79 millions d’utilisateurs et 49,3 millions 24 heures plus tard. Le 14 juillet, ce chiffre était toutefois retombé à 23,6 millions, soit une chute libre de 52% en une semaine… Cette fréquentation journalière atteindrait tout juste 10,3 millions aujourd’hui, ce qui représente un recul de 79% par rapport aux pics de l’été dernier. Le compte le plus populaire du réseau est celui du footballeur brésilien Neymar qui rassemble 12,2 millions d’abonnés. Ce chiffre fait pâle figure comparé à ceux des stars de X et notamment aux six personnalités qui dépasse les 100 millions de followers dont Elon Musk (156,9 millions), Barack Obama (132 millions), Justin Bieber (111,7 millions) et Cristiano Ronaldo (109,6 millions). Le nombre d’utilisateurs quotidiens de X atteint pour sa part 121 millions, soit près de douze fois le score réalisé par Threads.

Une version spéciale pour l’UE

Le lancement du réseau dans l’UE, qui abrite pas moins de 450 millions d’abonnés potentiels et qui bénéficie d’une version adaptée aux exigences de la Commission européenne, pourrait donner un coup de fouet à la nouvelle filiale de Meta mais Elon Musk semble pouvoir encore dormir sur ses deux oreilles à condition d’arrêter de terrifier les annonceurs en multipliant les tweets injurieux et racistes.

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