Bluesky, Truth, Threads : le point sur les réseaux qui promettent de « tuer » X en 2024.
« Dans le monde sauvage des animaux politiques, il ne faut pas être sur le passage d'un prédateur », disait François Léotard, ancien Ministre des Armées. Un proverbe qu'Elon Musk devrait reprendre à son compte s'il ne veut pas que feu Twitter, devenue X perde sa place de choix dans l'écosystème très centralisé du micro-blogging.
Depuis des mois, l’oiseau bleu bat de l’aile et ses prédateurs n’attendent que cela pour fondre sur leur proie. L’arrivée d’Elon Musk en octobre 2022 à la tête de Twitter – renommé X – s’est immédiatement accompagnée de son lot de controverses. Il faut dire que le Mogul cultive depuis longtemps son goût pour la polémique. Avant même de mettre les mains dans le cambouis, le tycoon de cinquante-deux ans est connu pour ses tweetssouvent brutaux, parfois… inventifs… mais jamais conventionnels pour épingler l’un de ses adversaires, ou livrer son opinion sur l’une des polémiques du moment.
Une interprétation de la liberté d’expression bien à lui – pas du goût de l’ancienne politique de la maison – qui incarne pourtant le principal obstacle au développement de la plateforme depuis ses débuts : la modération de ses contenus. Malgré les efforts déployés pour mettre en œuvre une politique de modérations visant à mieux contrôler la prolifération des contenus toxiques et abusifs, Twitter peine toujours à contrôler ses ouailles… et donc à redorer son blason.
Tout récemment, le magazine Le Peuple Breton en faisait les frais. Après la publication le 2 janvier d’une couverture présentant un enfant métissé, le magazine s’est vu notifier d’une flopée de tweets plus racistes et toxiques les uns que les autres dénonçant un prétendu « wokisme » dans la représentation du peuple breton opérée par le média régional. Un problème de modération qui n’en serait finalement pas un puisque l’entrepreneur américain promettait immédiatement après le rachat de « promouvoir la liberté de parole sur un réseau qui a pris un tournant sensible vers la censure ».
Plus de polémiques que de caractères dans un tweet
Aux tweets polémiques se sont rapidement ajoutés les licenciements controversés des cadres qui avaient dirigé l’entreprise depuis ses débuts et même une lettre quelque peu… osée, adressée manu militari à ses nouveaux employés les invitant à redoubler leurs efforts tout en critiquant la qualité du travail rendu jusque-là. Pas de quoi se faire des amis. Sans parler de la censure dont ont été victimes certains journalistes qui ont eu la mauvaise idée d’enquêter sur lui… L’aventure entrepreneuriale partait clairement sur de mauvaises bases.
Selon le gestionnaire de fonds Fidelity, qui avait accompagné Elon Musk dans sa prise de pouvoir il y a un peu plus d’un an, la plateforme vaut désormais près de trois fois moins que lors de son rachat. D’après l’étude en question, cette tendance serait principalement due aux récentes déclarations du milliardaire concernant les annonceurs qui ont décidé de quitter la plateforme. Plusieurs entreprises comme Apple, Comcast ou encore Disney avaient suspendu la diffusion de leurs publicités sur X en novembre dernier à la suite d’un tweet de l’homme d’affaires.
En bref, depuis l’arrivée d’Elon, les scandales s’empilent au point d’entamer dangereusement la réputation de la plateforme. Une odeur de sang et de bête blessée qui a fini par attirer de nombreux vautours… Ceux dont les crocs sont les plus aiguisés se nomment Bluesky, Truth Social et Thread Social (le titre d’un western de Sergio Leone, en somme). A nous de spéculer sur celui qui présente les meilleures chances de prendre le lead…
Bluesky : « Le ciel va s’éclaircir », affirme l’ancien patron
Pour commencer donc, Bluesky a donc été fondé par Jack Dorsey, ancien patron et créateur de Twitter. Le réseau social s’est tout de suite présenté comme étant une plateforme décentralisée, uniquement accessible sur invitation et qui offre un plus grand contrôle à ses usagers sur les informations qu’ils partagent. Bien qu’il reprenne de nombreuses fonctionnalités de X, telles que répondre, aimer ou partager les publications tierces, suivre d’autres utilisateurs ou même simplement publier à la fois du texte, des images et des vidéos, il n’en demeure pas moins bien plus respectueux de votre vie privée… et cela compte !
Après avoir fonctionné en circuit fermé, Jay Graber, le PDG de la plateforme, annonçait le 26 décembre dernier que Bluesky était désormais accessibles à tous. Cela signifie que n’importe qui peut désormais partager du contenu avec d’autres utilisateurs, qu’ils aient créé un compte Bluesky ou non. De la bouche du CEO lui-même : « nous avons conçu Bluesky pour en faire un lieu de conversation publique – nouvelles de dernière heure, commentaires et analyses, blagues et plus encore. Et nous faisons un pas de plus vers cet objectif en lançant une vue web publique ». C’est maintenant que les choses sérieuses commencent.
Threads : Tiens… revoilà Meta
Threads est le dernier né de Mark Zuckerberg et de Meta, propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp, à remporter le marché dit du micro-blogging. L’application a été officiellement mise en service en Europe le jeudi 14 décembre dernier à destination des appareils iOS et Androïd. Dès son lancement aux États-Unis, 100 millions d’utilisateurs s’y étaient inscrit. Après avoir bénéficié de la force de frappe du réseau Meta, Threads a rapidement vu une partie de ces nouveaux utilisateurs quitter le réseau social après quelques jours d’utilisation. Côté UX, Threads est fortement inspirée par X donc vous ne serez pas dépaysés.
Mark Zuckerberg, le PDG de Meta, prévoyait son coup depuis des années. Threads est connecté à Instagram, ce qui permet aux utilisateurs de suivre les mêmes personnes sur les deux plateformes. Un argument cross-plateforme qui pourrait séduire plus d’un utilisateur, soulagé de profiter d’une audience toute faite qu’il a mis des années à construire sur le « gram ». Et comme souvent sur les réseaux sociaux, il suffit d’un utilisateur précoce pour inciter les membres de son propre réseau à allumer la mèche.
Pour le reste, X comprend deux fils d’affichage des publications, un premier pour les comptes auxquels l’utilisateur est abonné et un second dédié aux recommandations, alors que Threads a fait le pari du fil unique. Le nouveau bébé de Mark Zuckerberg permet également d’afficher jusqu’à 10 photos par publication contre 4 pour X. Pour finir, Threads permet des publications de 500 caractères là ou X se limite toujours à 280.
Truth Social : le réseau alternatif… à vocation présidentielle
En février 2022, Donald Trump lançait Truth Social, une plateforme conçue tout spécialement pour torpiller Twitter qui venait tout juste de le bannir de son fil. Avec elle, l’objectif de l’ancien président – jusqu’alors privé de tribune– : faire passer ses idées, en fournissant à tous les reclus de X un nouveau havre de paix dans lequel chacun pourrait s’exprimer librement.
Des velléités libertaires que vient légitimer la présence de Mastodon dans le code source de Truth Social – une technologie décentralisée en open-source — pour mieux échapper à l’œil des Gafam… ou de Washington. Pourtant, malgré les promesses initiales de l’ancien président des États-Unis de tenir tête « aux grandes entreprises technologiques », l’aventure semble tourner au vinaigre. Selon des chiffres rapportés fin 2023 par Bloomberg, Truth Social aurait perdu 73 millions de dollars depuis son lancement en février 2022. Pour être plus précis : sur les six premiers mois de 2023, la plateforme aurait perdu 23 millions de dollars pour un chiffre d’affaires net de 2,3 millions de dollars.
Côté utilisation, et comme tous les autres, Truth Social se contente de jouer au jeu des 7 différences avec Twitter en reprenant la quasi-totalité de ses fonctionnalités. En somme, pour tous ces nouveaux nés aux dents longues, celui qui ressemble le plus au roi sera le plus à même de lui succéder.
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