INfluencia : quel est le concept de Wall Burners ?
Federico Benincasa : c’est une plateforme spécialisée dans le street-art, avec une approche qui permet de pérenniser cet art éphémère. Nous construisons des collections en collaboration directe avec les artistes et en exclusivité. Notre première collection, lancée au printemps 2022, a pour thème « La liberté guidant le peuple » et implique six artistes : Andrea Ravo Mattoni, Clet, Zag et Sia, Mr Dheo, Jo di Bona et Kan. Pour chacune de leurs œuvres physiques, ils proposent à la vente des photos officielles, en nombre limité, avec la possibilité d’obtenir une impression haute définition. Avec l’application Wall Burners, l’acheteur peut ensuite retrouver l’œuvre sur son téléphone et accéder à une expérience unique, accessible à lui seul : un certificat d’authenticité, des contenus additionnels comme un time-lapse de la création, des images en ultra haute définition, une interview exclusive de l’artiste… À plus long terme, elle donnera accès à des événements, des expositions et des vernissages. Des ventes événementielles vont aussi pouvoir être organisées, donnant un accès privilégié aux collectionneurs qui ont déjà acheté une œuvre de l’artiste par le passé.
IN : pour les artistes, quelle est la valeur ajoutée de cette technologie et des NFTs en général, pour l’instant surtout associés à la spéculation ?
FB : jusqu’à présent, le numérique et l’art ne se sont pas beaucoup rapprochés… Il a fallu attendre l’arrivée des NFT pour créer un marché de l’art numérique et lui donner une liquidité. Dans le cas du street art, qui est par définition éphémère, les artistes qui le souhaitaient n’avaient pas la possibilité de tirer profit de leurs créations. Là, nous travaillons comme une galerie traditionnelle, en définissant les prix avec les artistes et avec un modèle de partage des revenus. Ils touchent également automatiquement une commission sur toutes les ventes secondaires. Mais l’intérêt des NFT est surtout de leur offrir la possibilité de créer un lien avec les collectionneurs. En somme, nous reprenons les codes du monde de l’art traditionnel : une expérience unique et des œuvres uniques, mais en ajoutant le lien avec l’artiste. On considère que c’est l’embryon des œuvres d’art de demain.
IN : justement, à quoi l’œuvre d’art de demain ressemblera-t-elle ?
FB : c’est un portail vers l’artiste, qui pourra exprimer toute sa créativité en continu et créer des œuvres vivantes, pour les partager en direct avec sa communauté. Le numérique permet en effet de créer des œuvres qui évoluent avec le temps, dans un cadre contrôlé. On parle beaucoup du métavers actuellement, mais le vrai métavers, demain, ce seront les objets qui auront des liens avec le monde digital, pas tant une expérience immersive en 3D. Je crois bien davantage en ces ponts entre mondes physique et virtuel. C’est la même chose pour les NFT : ils ne doivent pas seulement être des objets virtuels, mais aussi apporter quelque chose dans le monde réel à ceux qui les possèdent, avec des expériences hybrides, par exemple.