Les milliardaires dans le viseur des publicitaires, après les # et les @ de colère…
Eat the rich, tax the rich, @laviondebernard , Une vache prénommée Bernard, Désolé Elon ... Après avoir fait la pluie et le beau temps sur les réseaux sociaux, les attaques contre les milliardaires français et étrangers, entrent en communication publicitaire. Ou comment s'emparer des préoccupations des citoyens lorsque le pouvoir d'achat est au plus mal, que le réchauffement climatique devient une préoccupation majeure, et que le climat politique est dans un cul de sac, que l'on espère passager.
Sous le régime de la terreur en 1793, Jean-Jacques Rousseau déclarait «: « Quand le peuple n’aura plus rien à manger, il mangera le riche». Aujourd’hui en 2022, après la pandémie et ses multiples confinements, de nombreux mouvements liés à des personnalités ou de simples citoyens ont repris l’expression consacrée pour s’enfiévrer sur Internet et aujourd’hui dans la pub, contre les riches, ces milliardaires nommés Bernard, François, Xavier, Elon, Jeff, et consorts qui ont multiplié leurs bénéfices pendant que le reste du monde était à la peine. Et dont les actes, projets, et autres délires font insulte à la planète, et au commun des mortels.
C’est en 2019 que l’expression « Eat the rich » est utilisée par la foule qui adoube la candidate démocrate progressiste Elizabeth Warrenet ses positions sur la redistribution des richesses, y compris sur sa position sur l’impôt sur la fortune. Un an plus tard, des manifestants d’Amazon construisent une guillotine devant la maison du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos. En Afrique du Sud, l’expression « manger les riches » est utilisée en 2021 par le Land Partycomme slogan de campagne pour les élections locales… Toujours en 2021 mais en septembre, cette fois, la députée new-yorkaise Alexandria Ocasio-Cortez, étoile montante du Parti démocrate vue par ses partisans comme “la championne de la classe ouvrière et des plus démunis”, arrivait au gala du Metropolitan Museum of Modern Art, la grand-messe annuelle de la mode à New York, en arborant une robe au dos de laquelle on pouvait lire en lettres rouges : “Tax the rich”…
Eat the reach, tax the reach…
Vous l’aurez compris, les ultra riches n’ont jamais été aussi impopulaires. L’explosion du #EatTheRich évoque les frasques de Jeff Bezos, Mark Zuckerberg, Elon Musk. Et enjoint ce dernier à payer ses « putains d’impôts, plutôt que de fantasmer sa colonie sur Mars… ». En France, c’est Bernard Arnault, première fortune de France depuis 5 ans qui a droit à un compte Instagram, baptisé @laviondebernardqui calcule les émissions de CO2 rejetées par son jet privé…
Ambiance, ambiance.
La pub a mis du temps à s’emparer du sujet des milliardaires indécents. Mais c’est désormais chose faite avec trois campagnes lancées coup sur coup en France.
L’Enfant Bleua appelé les Business Angels à investir contre les violences faites aux enfants en lançant une campagne Grands Donateurs à destination des entrepreneurs et investisseurs de la French Tech française qui commence ainsi : Cher Xavier Niel.
Dès le 9 juin 2022, l’Association prend la parole dans les grands titres de la presse écrite via une lettre ouverte signée par sa Présidente, Isabelle Debré. Dans cette lettre, Isabelle Debré interpelle directement les plus grands investisseurs de France en leur demandant de s’engager dans la cause défendue par l’Association depuis plus de 30 ans.
Quelques jours plus tard c’est Oxfamet ses agences Joga et justement. qui nous ravissaient avec le mockumentary « Une vache prénommée Bernard », excellente parodie d’un paysan dont les vaches portent les prénoms des fortunes françaises… et « internationales ». Un must à découvrir ou redécouvrir ici.
Une vache prénommée Bernard pour Oxfam
Buzzman reprend depuis ce mercredi le flambeau, cette fois pour faire la promotion de l’Ami Buggyde Citroën. Trois affiches parfaites qui expliquent en trois phrases bien tournées que l’Ami Buggy, et bien Elon va devoir s’asseoir dessus…
Campagne pour Ami Buggi de Buzzman
Pourquoi soudain, cet appel de la part des publicitaires à se moquer ouvertement des milliardaires ?
Plusieurs explications à cet engouement. Tout d’abord, l’antipathie qu’inspirent les ultra-riches à l’ensemble de la population, et le levier d’empathie que ces moqueries représentent pour les marques qui s’en emparent. « Il y a un côté un peu rebelle qui n’a pas peur des puissants, qui les ramène à un statut de simples humains, et qui dit aussi, qu’on ne les lâchera pas ces milliardaires qui se croient au-dessus des lois et qui sont de fait les principaux pollueurs, explique Pascal Grégoire, justement., « dans la pub Oxfam, il est clair, que ce paysan se moque ouvertement de Bernard, Xavier, Elon, et Jeff… Et du coup, le spectateur est acquis à la cause, car il fait lui aussi partie de la majorité de cette population qui se demande bien ce que ces milliardaires font pour la planète ».
Même ressort du côté de la campagne de Buzzman, qui tutoie Elon, pour lui signifier que l’Ami Buggy c’est rappé pour lui… « Il y a ici la même volonté de remettre les « riches » intouchables, à leur place d’humains, et puis là encore, cette manière d’interpeller le milliardaire, sur ses propres activités, et son obsession de créer une colonie sur Mars ». Que dit ce tutoiement? « Lorsque nous choisissons de les interpeller par leurs prénoms c’est aussi pour des questions juridiques. Tout le monde sait de qui on parle, mais les riches concernés ne peuvent pas attaquer pour diffamation », conclut Pascal Grégoire.
Une considération que ne prend pas en compte, la très officielle lettre d’Isabelle Debré présidente de l’association l’enfant bleu envoyée par voie de presse, aux Business Angels, qui utilise le nom complet des personnalités auxquelles elle s’adresse… Une chose est sûre, les publicitaires tiennent là un filon qui, s’ils ne les conduit pas à rentrer dans le classement Forbes, leur apporte toute notre sympathie.
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