5 janvier 2024

Temps de lecture : 3 min

Les loueurs de trottinettes ont leurs batteries à plat.

Bird sous Chapter 11, Tier qui licencie le quart de son personnel, les start-ups françaises qui disparaissent les unes après les autres... L’e-mobilité est à la peine...

Leurs deux petites roues n’étaient que des bulles qui ont fini par exploser. Les loueurs de trottinettes en libre-service traversent une période de crise sans précédent. Les lendemains de fêtes sont souvent douloureux…

Juste avant Noël, le pionnier de la micromobilité, l’américain Bird a déposé devant un tribunal de son Etat d’origine, la Floride, une demande de mise en faillite (Chapter 11) afin de se protéger contre ses créanciers. Cette mesure ne concerne toutefois pas ses activités en Europe et au Canada qui devraient continuer, pour l’instant, de fonctionner normalement.

La licorne a perdu de sa splendeur

Fondé en 2017 par Travis VanderZanden, un ancien cadre d’Uber et de Lyft, Bird Global a connu un démarrage tonitruant. Neuf mois après son lancement, la start-up avait déjà atteint le statut de licorne avec une valorisation supérieur au milliard de dollars. Ses levées de fonds successives qui lui ont rapporté 600 millions de dollars et son entrée en bourse en 2021, lui ont permis d’être valorisée près de 2,5 milliards de dollars. Avec une présence dans plus de 400 villes aux Etats-Unis et en Europe, la société semblait promise à un bel avenir mais les batteries des trottinettes ont la particularité de se décharger rapidement… Au mois de septembre, Bird a été radié de la bourse de New York après que sa valorisation soit passée sous le seuil fatidique des 15… millions de dollars.

Tier prend l’eau

Cette start-up n’est pas la seule de son secteur à connaître de sérieuses déconvenues. Au mois de novembre, Tier Mobility a annoncé son intention de licencier 22% de son personnel afin de réduire ses pertes. L’année 2022 avait pourtant été faste pour l’entreprise berlinoise fondée quatre ans plus tôt. Une nouvelle levée de 200 millions de dollars souscrite par le japonais Softbank Vision Fund 2 et l’émirati Mubadala Capital lui avait permis de renflouer ses caisses mais ses actionnaires ont vite réalisé qu’ils se contentaient d’écoper un bateau qui prenait l’eau de toutes parts. Présent dans 380 villes de 21 pays d’Europe et du Proche-Orient, Tier a vendu au mois de septembre dernier sa filiale nord-américaine Spin à son rival… Bird pour la modique somme de 19 millions de dollars. Cette décision couplée à une gestion plus stricte ont permis à la jeune pousse de voir son EBITDA passer de -62% à -15% entre 2022 et 2023. L’an dernier, ses trois principaux marchés (l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni), ont même fini leur exercice dans le vert mais ses dirigeants ont réalisé qu’ils devaient poursuivre leur cure d’amincissement pour assurer leur survie. L’enjeu principal de l’ensemble de ce secteur est là.

Les vents contraires ont forci

Les loueurs de véhicules électriques en libre-service n’ont en effet toujours pas trouvé de modèle économique rentable et pérenne. L’essor du télétravail a réduit drastiquement l’utilisation des trottinettes qui sont laissées à l’abandon la plupart du temps sur les trottoirs. Leurs coûts de maintenance, avec les batteries qui doivent être régulièrement rechargées, sont très élevés. Les nombreuses dégradations de leurs utilisateurs sont un autre problème important à gérer. Leurs tarifs élevés, qui sont largement supérieurs à ceux d’un ticket de bus ou de métro, dissuadent également de nombreux citadins qui doivent se serrer la ceinture en raison de la hausse de l’inflation. De plus en plus de particuliers s’inquiètent, par ailleurs, des dangers liés à ces véhicules qui provoquent de nombreux accidents. Ces levées de boucliers ont encouragé de nombreuses municipalités à imposer des restrictions aux loueurs avec notamment la mise en place d’espaces obligatoires pour garer les trottinettes. Paris a été encore plus loin en interdisant purement et simplement leur utilisation dans la capitale.

Le « citron vert » pourrait rafler la mise

Les start-ups françaises de la mobilité ont connu, elles aussi, une véritable « hécatombe » ces derniers mois, aux dires du quotidien Les Echos. Le néo-loueur de voitures Carlili a été placé en redressement judiciaire, Cityscoot est en cessation de paiements et la marque de vélo-cargo électrique Kiffy a mis la clé sous porte. A qui le tour ? Lime semble aujourd’hui être l’acteur le plus solide grâce notamment à la présence de son actionnaire Uber qui a enregistré, au troisième trimestre 2023, une hausse annuelle de ses revenus de 11%, à 9,3 milliards de dollars. Son bénéfice net a, pour sa part, atteint 221 millions de dollars contre une perte de 1,2 milliards douze mois plus tôt. Cette hausse spectaculaire est une bonne nouvelle pour Lime qui semble pouvoir continuer d’attendre que ses rivaux disparaissent les uns après les autres pour contrôler le marché de la micromobilité en ville. Comme souvent dans le monde des affaires, les riches continuent de s’enrichir tandis que les plus faibles succombent…

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