C’est déjà la cinquième édition du prix du livre INfluencia*. La bataille, cette année, comme les années précédentes a été rude. Les jurés** ont beaucoup travaillé, d’abord chacun de leur côté cet été pendant leurs vacances pour établir la short-list et ses 6 livres, qu’ils ont examinée tous ensemble le 18 octobre dernier. Le but : « récompenser des ouvrages sur la communication, les tendances, la société qui feront avancer notre réflexion, en nous aidant à mieux comprendre les phénomènes actuels, les bouleversements, les nombreux défis et les enjeux de notre société. Et qui nous obligeront à nous interroger sur le monde dans lequel nous vivons », explique Isabelle Musnik, co-présidente du jury. « Des ouvrages que nous aurions très envie de partager et de conseiller à d’autres ». Alors, roulement de tambour. On ouvre les enveloppes. Et the winners are…
Prix INfluencia
« Espionner, mentir, détruire. Comment le cyberspace est devenu un champ de bataille », par Martin Untersinger (Grasset), qui reçoit le Prix INfluencia. Le pitch de cette plongée inédite dans les entrailles d’une guerre mondiale, silencieuse, dangereuse et évidemment mortelle : « Berkeley, 1987, Clifford Stoll découvre une incroyable toile de hackers qui ont pénétré les systèmes informatiques de l’armée américaine. Iran, 2010, un ordinateur s’éteint, et le virus Stuxnet prend le contrôle à distance de dizaines de centrifugeuses et.. les détruit. France, 2012, une campagne de cyber espionnage chinois contamine les plus hauts lieux du pouvoir grâce à l’envoi de courriels presque parfaits. Quelques années plus tard, le logiciel Pegasus est découvert sur les portables sécurisés de nos plus grands dirigeants… Martin Untersinger nous révèle la grande histoire du cyber et ses petits secrets, et nous donne les clés pour comprendre les frontières du cyberespace, aussi floues que son cadre légal ».
Coup de cœur pour « Mary Sidney alias Shakespeare »
Les jurés ont également donné un Prix Coup de cœur à « Mary Sidney alias Shakespeare. L’œuvre de Shakespeare a-t-elle été écrite par une femme ? », d’Aurore Evain (éditions Talents Hauts). Et si les pièces du plus célèbre dramaturge britannique étaient en fait l’œuvre d’une femme ? Telle est la question à laquelle l’autrice, chercheuse et metteuse en scène Aurore Evain, s’appuyant sur les recherches de l’américaine Robin P. Williams, répond dans une enquête aussi documentée que captivante. D’indices troublants en recoupements probants, elle démontre que, s’il est peut-être assez improbable que William Shakespeare ait écrit les trente-six pièces qui lui sont attribuées, il est en revanche tout à fait vraisemblable que Mary Sidney, comtesse de Pembroke, née au 16e siècle, proche d’Elisabeth Ière et l’un des plus brillants esprits de son temps en soit la véritable autrice.
Deux livres qui se lisent comme des polars
Nos jurés ont été quasi unanimes. Laissons la parole à quelques-uns d’entre eux. Pour la co-présidente du jury, Elisabeth Cialdella, « lire “Espionner, mentir, détruire ”, c’est plonger dans un des plus sensibles enjeux du numérique “la sécurité informatique” et ses impacts. Même si l’ouvrage porte sur les dimensions politiques, stratégiques et militaires, c’est aussi un sujet désormais au cœur de nos activités respectives. Le jury a aussi particulièrement apprécié le fait que cet ouvrage puisse parler au plus grand nombre, l’effet d’une enquête qui se lit comme un roman ! ». Laurence Bonicalzi Bridier, ceo et co-fondatrice de YourArt parle d’un « gros coup de cœur pour « Espionner, mentir, détruire » qui est passionnant, troublant, édifiant, bourré de scoops et écrit comme un polar ». Anne-Cécile Thomann, co CEO Edelman France renchérit :« c’est un récit passionnant, formidablement bien écrit, vulgarisant le sujet complexe de la cyber et mettant en relief l’urgence du message véhiculé par l’auteur, qui apporte une vraie réflexion et qui interpelle. »
Autre «roman policier» couronné par nos jurés, le livre « Mary Sidneyalias Shakespeare « : « c’est un polar littéraire et culturel captivant qui redonne voix et lumière à une figure féminine oubliée de la Renaissance, tout en touchant du doigt l’effacement des créatrices féminines au profit des hommes de leur entourage, dans l’histoire et la mémoire populaire », commente Elisabeth Laville, fondatrice et dirigeante d’Utopies. Pierre-Hubert Meilhac, Vice-president, Head of PR & Influence, Ogilvy approuve : « j’ai été ‘’emballé’’ par ce livre. Outre le travail de recherche, c’est aussi dans la manière de le restituer et de nous embarquer que tient le tour de force d’Aurore Evain. Le storytelling rend l’étude abordable et vous tient en haleine ; on sent que l’autrice est dramaturge puisqu’elle crée une pièce de théâtre pour restituer ses recherches. Au-delà du sujet de l’étude, c’est surtout un vrai essai politique féministe et engagé ».
« Peut-on encore manger des bananes ? » reçoit le prix INfluencia The Good
Quant au prix INfluencia The Good, il a été attribué à : « Peut-on encore manger des bananes ? », de Mike Berners-Lee (éditions L’arbre qui marche), adaptation d’un best-seller anglais dans une version entièrement remaniée et mise à jour. On y parle baguette et TGV, et les chiffres correspondent à l’empreinte carbone française. Manger des bananes, regarder des vidéos, acheter des baskets ou prendre l’avion, toutes ces activités ont une empreinte carbone. Et bizarrement, notre intuition n’est pas toujours juste : certains gestes qui semblent mauvais sont en réalité sans conséquence, lorsque d’autres sont plus nocifs qu’on ne le pense. Mike Berners-Lee est professeur à l’université de Lancaster au Royaume-Uni, et un pionnier de la quantification carbone. Il est également l’auteur de « Il n’y a pas de planète B », que le Financial Times a qualifié de « manuel pour transformer l’humanité ».
« Pour ce prix du livre The Good, nous avons choisi une lecture qui fait parler ! », explique Elisabeth Cialdella, La promesse est forte: l’empreinte carbone de tout. Sa traduction pour le lecteur, une plongée chiffrée mais pas culpabilisante de l’impact dans nos vies de tous les jours, personnelles mais aussi professionnelles. Pour le jury, un ouvrage repère à mettre dans de nombreuses mains et sur des tables basses !« . Pour Elizabeth Laville , ce livre est « un essai pédagogique et non-moralisateur, qui invite à passer à l’action sur tout ce qui structure notre empreinte carbone quotidienne, souvent à rebrousse-poil des idées reçues, data à l’appui et sans blabla ». Rémy Oudghiri, directeur général de Sociovision ajoute: « un jour peut-être pas si lointain, on discutera des scores carbones de nos activités comme on échange aujourd’hui sur les prix en euros des biens ou services qu’on achète. Un nouveau langage sera né, symbolisant notre entrée dans le monde de l’après-carbone. Dans cette évolution, le livre fort documenté et agréablement rédigé de Mike Berners-Lee aura constitué une étape d’acculturation importante. Il transmet une solide culture carbone à ses lecteurs qui peuvent ainsi éclairer leurs choix en toute transparence et avancer d’un pas plus ferme dans la transition vers un monde durable. »
Rendez-vous l’année prochaine pour le sixième prix. D’ici là, auteur(e)s et maisons d’édition, n’oubliez pas de nous faire parvenir vos pépites dès maintenant.
*Rappelons que l’année dernière le Prix INfluencia avait couronné deux livres ex-aequo : « Décoder. Une contre histoire du numérique », par Charleyne Biondi (éditions Bouquins) et « Data démocratie », par Thomas Jamet, Florian Freyssenet, Lionel Dos Santos de Sousa (éditions Diateino). et le prix INfluencia The Good, celui de Audrey Boehly pour « Dernières limites », (éditions Rue de l’Echiquier). Un prix spécial du Jury avait été attribué à « Les marques hier aujourd’hui, demain » par Marc Drillech (FYP Editions).
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Le jury du Prix du Livre INfluencia était composé de :
Elisabeth Cialdella, directrice générale de M Publicité, Laurence Bonicalzi Bridier, ceo et co-fondatrice de YourArt ; Thomas Boutte, président du Club des annonceurs , directeur de la marque Axa France ; Virgile Brodziak, directeur général de VML France ; Cécile Chambaudrie, présidente de NRJ Global ; Olivier Goulet, secrétaire général de l’IREP, dirigeant et fondateur d’Iligo ; Elisabeth Laville, fondatrice et dirigeante d’ Utopies ; Pierre-Hubert Meilhac, Vice-président, Head of PR & Influence d’Ogilvy ; Rémy Oudghiri, directeur général de Sociovision (groupe IFOP) ; Anne-Cécile Thomann, co-Ceo d’Edelman France ; Luc Wise, fondateur et Ceo The Good Company ; Emilie Kovacs, rédactrice en chef de The Good; Isabelle Musnik, fondatrice et conseillère éditoriale, INfluencia et Sébastien Danet, président, INfluencia.