INfluencia : de quelle manière les lieux culturels ont-ils construit leur expérience en matière d’œuvres immersives ?
Stéphane Malagnac : tout est parti d’initiatives personnelles chez des opérateurs culturels de grande importance (le Louvre, L’Ermitage, la Smithsonian Institution…) avec des expériences sur casques de réalité virtuelle (ou virtual reality, VR) offrant un effet waouh et un retour en visibilité. Malgré des modalités de financement et de mise en place assez lourdes, elles ont été jugées satisfaisantes. La question de l’avenir des expériences VR liées à des expositions physiques s’est vite posée une fois celles-ci repliées. Surtout en France et en Europe, où elles ont plutôt été lancées comme des coups médiatiques, mais moins au Canada, qui a très tôt réfléchi au business model et intégré la notion de retour sur investissement. La pandémie et la fermeture des musées ont gelé les projets, certes, mais permis de réfléchir aux manières de pérenniser ces expériences à l’année dans des lieux dédiés, en intégrant les impératifs sanitaires, notamment le nettoyage des casques.
IN : vers quoi se tournent aujourd’hui les réflexions ?
SM : soit vers des dispositifs de réalité augmentée plus légers que la VR – et qui peuvent se dérouler sur smartphone ; soit sur des expériences collectives de réalité virtuelle avec des groupes d’une vingtaine de personnes qui permettent d’espérer un certain rendement. The Infinite, produit par le Centre PHI de Montréal, pouvait accueillir plus de cent personnes à l’heure sur un parcours dont la narration était pensée à la minute près, où le nettoyage et le rangement du casque par le participant faisaient partie de l’expérience. Les opérateurs culturels de moindre envergure se lancent à leur tour, incités par des technologies plus accessibles et les expériences des grands musées.
IN : de quelle manière ?
SM : à PiXii, les musées sont très désireux de poursuivre les collaborations entamées avec les producteurs pour garder les offres au-delà du festival. Les expériences immersives commencent à descendre dans les territoires. En 2021, Novelab avait conçu pour le MuséoParc Alésia une scénographie permanente interactive et immersive, et un escape game Furie d’Alésia en low tech sur tablette. Ce studio toulousain a aussi imaginé six épisodes de VR qui se complètent et incitent à découvrir des musées fédérés par l’office de tourisme du Pays Comminges Pyrénées. Le Grand Palais en 2020 avait coproduit avec Gedeon Programmes une expo sur Pompéi puis créé une structure, le Grand Palais Immersif, dédiée à ces nouvelles expériences.