Stéphane Bosc : « Les concerts sont une offre supplémentaire pour faire connaître l’ADN d’Europe 2 »
Europe 2 a fait de l’événementiel, une composante essentielle de son retour dans le paysage radio depuis janvier 2023. Stéphane Bosc, directeur des radios musicales de Lagardère News, fait le point sur l’ambition du groupe autour cette marque emblématique de la FM.
INfluencia : Europe 2 lance le 4 mai 2023 à Rouen une tournée de concerts gratuits Europe 2 Nouvelle Scène. Quel rôle les événements musicaux et le live tiennent-ils dans la renaissance et la notoriété de la marque ?
Stéphane Bosc : l’événementiel amène une offre supplémentaire à nos auditeurs à côté de l’offre radio ou des opérations spéciales à l’antenne. Ces rendez-vous terrain permettent de les remercier de leur fidélité en leur offrant des concerts uniques et d’aller à leur rencontre pour leur montrer l’ADN de la station et les ingrédients de notre format musical. Le mix se déploie à travers les concerts Europe 2 Live, qui associent sur une même scène des artistes confirmés et débutants, nos sessions Europe 2 Exclusif, mono artistes et plus exclusives, inaugurées par Måneskin au casino de Paris le 10 février 2023. Ce nouveau format Europe 2 Nouvelle Scène projette une lumière sur des groupes de la nouvelle scène en proposant une scène ouverte à des artistes professionnels ou amateurs qui rentrent dans notre ADN. Ils sont sélectionnés via un concours musical à travers ce qu’ils ont posté sur Instagram.
IN : à quels aspects avez-vous fait particulièrement attention dans la manière dont ont été conçues les séquences live ?
S.B. : c’est avant tout une question d’équilibre, d’autant que les Français ont toujours un peu de mal avec la nouveauté. Quand des talents peu connus sont associés à d’autres artistes, quand on organise des séances acoustiques en studio qui sont ensuite postées sur les réseaux sociaux, il se crée un environnement et une petite notoriété autour de l’artiste. Måneskin en est un bon exemple. Virgin Radio a été la première radio à jouer et à soutenir ce groupe italien qui a gagné le concours Eurovision de la chanson en 2021 avant de passer à une musique pop-rock mainstream. La station a contribué à en faire le groupe qu’il est devenu par la suite, qui s’est déjà produit à Bercy… En devenant Europe 2, la station a conservé un certain nombre d’artistes et il nous semblait naturel qu’ils inaugurent notre format Europe 2 Exclusif. A côté de ces concerts, nous organiserons en juin àTourcoing un Europe 2 Live qui permettra d’accueillir en extérieur plus de monde, avec environ 10 000 personnes sur une soirée. On n’exclut pas d’autres initiatives sur cette dimension d’événementiel, peut-être sur un modèle payant. Avec ces événements, on n’est pas en train de demander à Chat GPT de faire une playlist. Le live, c’est de l’organique, de l’émotion et un partage de vibrations.
On n’exclut pas d’autres initiatives dans l’événementiel, peut-être sur un modèle payant. Avec ces événements, on n’est pas en train de demander à Chat GPT de faire une playlist. Le live, c’est de l’organique, de l’émotion et un partage de vibrations.
IN : cette implication reflète-t-elle aussi l’importance croissante du live dans la capacité des artistes à émerger et à continuer à créer ?
S.B : pour qu’il soit rentable, le live doit se produire dans des salles assez importantes. Les titres doivent avoir une vie digitale économique, qui ne peut se déployer que quand ils passent à la radio. Les plateformes ont beaucoup de mal à streamer les nouveaux artistes. La diffusion d’artistes sur une radio est la clé du passage au stream et à l’achat digital. Les maisons de disque ont beaucoup de mal à se passer des radios qui s’impliquent dans ce rôle de prescripteur pour leurs nouveaux talents. A l’antenne, on explique un morceau, on crée un storytelling et on s’appuie sur la puissance du média qui compte 40 millions d’auditeurs quotidiens. Quand un titre y est diffusé plusieurs fois par jour, il entre dans l’oreille du public… On essaie de créer un vrai lien avec les artistes que l’on décide de soutenir et de mettre en lumière avec un label Europe 2, comme on a pu le faire par le passé avec un groupe comme Dionysos, avec M ou encore Camille. Plein d’artistes vont exploser et devenir les Stromaeet Mylène Farmer de demain.
IN : sur quels artistes se portent aujourd’hui les paris de la station ?
S.B. : on croit beaucoup en des artistes comme Joseph Kamel, Ehla, Zaoui, Marie-Flore, des groupes comme Nuit Incolore… On suit aussi beaucoup Zaho de Sagazan, qui me fait beaucoup penser à Mylène Farmer à ses débuts. Pour l’instant, on réfléchit à ce que l’on va pouvoir faire avec elle, en commençant avec une session acoustique à la radio.
IN : quand le groupe a décidé de passer de Virgin Radio à Europe 2, quels étaient les principaux enjeux ?
S.B. : le constat était simple. L’audience de la radio est basée sur du déclaratif. La puissance d’une station est basée sur la notoriété et l’affect de la marque. Dans un marché déclaratif, il est toujours préférable d’investir dans une marque qui vous appartient. On savait aussi que la marque Europe 2 était forte sur son univers musical, sur son live, sur sa prescription de la nouvelle scène, sur les pas de côté qu’elle peut faire… C’était une réalité au moins pour une partie du public. Il y avait aussi l’opportunité de s’appuyer sur une plateforme de marque entre Europe 1 et Europe 2, de revenir à quelque chose de cohérent entre une radio forte sur l’information, le divertissement, le sport, le récit… et une autre radio qui fait des pas de côté sur le ton, la musique et un certain nombre de nouveautés musicales. Cela permettait de reconstruire un univers radiophonique beaucoup plus puissant. On n’a pas fait beaucoup d’études, on a suivi nos convictions. Il faut de l’instinct et du temps. Pour l’instant, on a tout cela.
Dans un marché déclaratif, il est toujours préférable d’investir dans une marque qui vous appartient. Il y avait aussi l’opportunité de s’appuyer sur une plateforme de marque entre Europe 1 et Europe 2
IN : auprès de quels publics se situent les enjeux de la relance de la marque ?
S.B. : il faut résoudre une triple équation. La première ambition est de rappeler à ceux qui ont connu Europe 2 avant 2008 (date de l’adoption de la marque Virgin Radio, ndlr) que la radio est à nouveau vivante. Il faut aussi faire savoir aux jeunes qu’une nouvelle station vient d’arriver avec un format un peu inédit, un ton, une programmation et des événements dans lesquels ils pourraient se retrouver. Et rappeler à des gens qui ne connaissaient pas la marque – et qui peut-être écoutaient Virgin Radio – que cette radio existe aussi.
IN : où en êtes-vous dans l’installation du format ?
S.B. : la radio a trois mois… Même si la grille avait anticipé en septembre les prémices de ce qu’allait être Europe 2, on ajuste encore le produit et le programme. 85 % du format a été installé et on aura fini son installation complète en septembre. Le lancement a été réussi et on a des retours extrêmement forts par rapport à Virgin Radio, d’après les post-tests de la campagne de communication de janvier. Les premiers sondages Médiamétrie vont arriver le 20 avril, puis le 15 novembre. On regarde tout cela avec beaucoup de précaution car on est une radio nouvelle dans un univers très concurrentiel. Il faut beaucoup de temps pour laisser entrevoir la promesse d’une radio et faire en sorte que les gens vous connaissent, vous aiment et déclarent vous aimer. On construit les choses, on est préparés à voir des soubresauts sur les audiences, on a le temps.
En savoir plus
La tournée de concerts gratuits Europe 2 Nouvelle Scène réunira plusieurs artistes de la jeune génération, qui ont été sélectionnés via un concours sur les réseaux sociaux, organisé du 30 mars au 20 avril. Les gagnants pourront jouer en première partie de la tournée. Elle passera par Rouen (4 mai), Marseille(9 mai), Montpellier (10 mai), Paris (15 mai) et Bordeaux (16 mai).
Les Newsletters du groupe INfluencia : La quotidienne influencia — minted — the good. Recevez une dose d'innovations Pub, Media, Marketing, AdTech... et de GOOD