Et vous vos enfants, vous les payez pour vider le lave-vaisselle, ranger leur chambre ou faire leurs devoirs ? La question vous semble étrange pour ne pas dire incongrue ? Et pourtant si vous saviez…
Une étude de l’institut Poll&Roll réalisée pour la start-up Pixpay qui propose des cartes de paiement et des applications de gestion de l’argent de poche pour les 10-18 ans, s’est intéressée aux rémunérations que les parents versaient à leurs ados pour accomplir des tâches du quotidien. Les enseignements de cette enquête donnent froid dans le dos. La psychologue spécialiste de la famille, Laurence Peltier, ne nous dira pas le contraire…
Le travail paie toujours même à la maison
A la maison, les adolescents sont sollicités avant tout pour faire des tâches ménagères. Entretenir la maison, préparer un repas ou tondre la pelouse représentent près de 8 missions sur 10. S’occuper du linge, ranger et vider les poubelles sont les demandes les plus fréquentes (58%), devant l’entretien du jardin (10 % : tonte, arrosage, désherbage) et les autres tâches domestiques comme le bricolage ou les courses alimentaires. Les requêtes liées auxcomportements du type « soit gentil » ou « reste sage » touchent 12% des sollicitations des parents juste devant les demandes concernant la scolarité (10%).
S’ils souhaitent remplir leurs tirelires, les enfants doivent jouer aux élèves modèles. Pour réviser afin d’avoir de bonnes notes, un papa et une maman sont prêts à donner pas moins de 22,40 euros à leur chère petite tête blonde. Ce montant a pratiquement… doublé en un an puisqu’il atteignait tout juste 11,40 euros en 2020. Le Covid-19, les confinements et les longues heures à étudier en vase clos avec des jeunes sous-motivés sans sortir de la maison sont passées par là…
Ne rien faire peut rapporter gros
Pour arrondir leurs fins de mois, les ados peuvent aussi gagner en moyenne 11,80 euros en faisant du bricolage. Lire des livres rapporte plus (9,70 euros) que cuisiner (8,90 euros), faire le ménage (8,50 euros) ou donner des coups de main dans le jardin (4,70 euros). Les jeunes peuvent même être payés à ne rien faire. Être gentil et sage est « rémunéré » 6,90 euros. Moins utiliser son smartphone et se… laver peut leur faire espérer une prime de 6,60 euros. Aider son prochain se « facture » environ 5,70 euros. Mais comme pour les salaires dans les entreprises, les garçons sont mieux payés que les filles dans les familles. Les mauvaises habitudes sont prises très tôt…
Les adolescentes peuvent ainsi espérer toucher 17,50 euros lorsqu’elles font bien leurs devoir alors que leurs frères sont « rémunérés » en moyenne 18,28 euros. Les tâches ménagères sont également plus souvent proposées aux filles qu’aux garçons (80 % contre 76 %). Sexisme, quand tu nous tiens…
Accomplir des besognes quotidiennes fait partie de l’apprentissage de la vie en collectivité
Voir des parents payer leurs enfants pour faire des tâches ménagères ne date pas d’hier. « Cela existe depuis au moins 20 ans, nous assure Laurence Peltier. L’étude de Pixpay montre toutefois que moins d’un tiers des adolescents sont rémunérés pour aider au bon fonctionnement du foyer. Il est important qu’un jeune de cette tranche d’âge ait des moyens de gagner un peu d’argent. Mais ces rémunérations doivent concerner des tâches exceptionnelles comme laver les vitres, tondre la pelouse ou nettoyer la voiture familiale. Accomplir des besognes quotidiennes doit, par contre, faire partie de l’apprentissage de la vie en collectivité. » La scolarité, elle, ne doit pas être une histoire d’argent… « Si un jeune a une bonne note, il est déjà récompensé, juge la psychologue. Il n’a donc pas besoin de recevoir quelques euros en plus. Si un adolescent qui a échoué à un test ne touche pas la prime qu’il espérait en cas de réussite, il subit alors une double punition qui n’est pas nécessaire. Tout ce qui concerne l’école doit s’autoalimenter et n’être en aucun cas lié à une récompense en espèce. Si un jeune est en échec scolaire, ses parents doivent faire l’effort de comprendre pourquoi en lui parlant et en discutant avec ses enseignants. L’argent n’a jamais résolu ce genre de problème… »