Les 16-25 ans se détournent-ils des réseaux sociaux ?
Instagram s’essouffle et X coule à pic dans les habitudes des jeunes. Une bonne nouvelle pour la santé mentale de nos petits.
La voix de la raison commence-t-elle enfin à être entendue par les jeunes sur les réseaux sociaux ? Une enquête publiée par Diplomeo et BDM semble le montrer. Depuis plusieurs années, les experts nous alertent des conséquences de l’emprise des réseaux sociaux sur les mineurs.
Dans une étude menée en 2002 auprès de 280.000 jeunes de 11, 13 et 15 ans originaires de quarante-quatre pays d’Europe, d’Asie centrale et du Canada, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) révélait que 11% des adolescents montraient des signes d’utilisation problématique des réseaux sociaux, présentant des symptômes similaires à ceux de l’addiction. Les jeunes Roumains étaient les plus touchés par ce phénomène (22%) devant les Maltais (18%) et les Irlandais (15%). Les Français (9%) se situaient dans les dernières places de ce classement mais devant des pays comme la Suède (7%), la Hongrie (7%) ou les Pays-Bas (5%). Dans notre pays, les trois-quarts des enfants de 11 et 12 ans utilisent Snapchat, TikTok ou Whatsapp alors que leur utilisation est interdite aux moins de 13 ans, si l’on en croît les résultats de la dernière enquête baptisée « Born Social » de l’agence Heaven. Si leur usage des réseaux sociaux a augmenté de 3 points en un an, il reste toutefois moins élevé qu’en 2022. Et pour cause : de plus en plus de jeunes se détournent des plateformes. Le sondage réalisé auprès de 444 jeunes âgés de 16 à 25 ans par la plateforme d’orientation dans l’enseignement supérieur Diplomeo et le média du digital BDM le prouvent avec des chiffres plutôt encourageants.
Courage, fuyons…
Pour faire simple, tous les principaux réseaux sociaux ont enregistré cette année une baisse de la fréquentation des jeunes sur leurs plateformes. Seul LinkedIn et Pinterest font exception à cette règle. Instagram et Snapchat restent les réseaux les plus utilisés par les 16-25 ans. La filiale de Meta atteint 76% d’utilisation, tandis que « Snap » est utilisé par 63% des jeunes. Ces chiffres, aussi élevés soient-ils, sont en net recul depuis deux ans. Et pas qu’un peu… Instagram, qui était en augmentation constante depuis 2019, perd 14 points par rapport à 2023, et Snapchat est en baisse de 17 points. TikTok, avec 60% d’utilisateurs (contre 63% en 2023), consolide sa position dans le trio de tête, particulièrement chez les filles (77%). Sans surprise, c’est auprès des moins de 20 ans que l’application chinoise est la plus utilisée. Le trio de tête devance largement LinkedIn (43%), qui reste le réseau pro de référence, Facebook (38%) et X (28%). Autrefois incontournables, les plateformes de Mark Zuckerberg et d’Elon Musk confirment leurs places de second plan dans les habitudes numériques des jeunes. D’autres réseaux sociaux comme BeReal (23% d’utilisateurs) et Threads (10%) émergent timidement, mais restent encore marginaux. Parmi les réseaux sociaux les moins utilisés, on retrouve enfin Reddit ou Yubo, avec moins de 5% d’utilisateurs.
Tous les réseaux sont touchés sauf LinkedIn et Pinterest
Près d’un jeune sur dix ont fait le choix de quitter une plateforme en 2024. X (ex-Twitter) bat tous les records cette année : le réseau social, racheté en 2023 par Elon Musk, a fait fuir 32% des jeunes utilisateurs. Facebook poursuit, lui aussi, son déclin auprès des 16-25 ans. À peine 9% des mineurs âgés de 16 ans utilisent ce réseau et le double (18%) a déjà supprimé son application de son smartphone. Les sondés délaissent également les plateformes les plus populaires comme TikTok (31% de jeunes l’ont supprimé cette année), Instagram (20%) et Snapchat (19%). Les personnes interrogées expliquent principalement ces suppressions par le fait qu’ils n’utilisent plus l’application concernée (51%), qu’ils y consacrent trop de temps (38%) ou qu’ils ne sont plus attirés par son contenu (37%). De plus, 14% d’entre eux indiquent ne plus être en accord avec la ligne directrice du réseau social, tandis que 6% soulignent leur désir de protéger leurs données personnelles. Leurs réticences s’expliquent.
Le cyberharcèlement se développe
11% des jeunes affirment en effet avoir été victimes au moins une fois de cyberharcèlement. Ces agissements ont lieu le plus souvent sur Instagram. 41% des sondés disent y avoir été harcelés. Snapchat (31%), Facebook (20%) et TikTok (9%) ne sont pas non plus épargnés par ce phénomène. Dans ce contexte, près d’un jeune sur deux (45%), utilise des comptes privés sur les réseaux. Une tendance adoptée plus fréquemment par les femmes (57%) que par les hommes (33%).
Pour communiquer entre eux, les 16-25 ans privilégient toujours Whatsapp (80%), devant les SMS et iMessage (67%), Instagram (56%) et Snapchat (56%). Messenger (24%), Discord (12%) et Telegram (7%) ont visiblement raté ce train en marche.
Des alternatives existent
Cette enquête révèle à quel point les jeunes sont de plus en plus méfiants vis-à-vis des réseaux sociaux. Certaines plateformes comme Bluesky tentent de redonner plus de pouvoir aux internautes en réduisant la puissance des algorithmes dans le choix des contenus diffusés. Ces initiatives restent toutefois encore anecdotiques. Une révolution pourrait toutefois être en marche et, comme souvent, les jeunes seront ceux qui montreront la voie à suivre. On peut toujours rêver…