1 octobre 2023

Temps de lecture : 2 min

Le vaste chantier des Etats généraux de l’information s’ouvre mardi

Fausses infos, mainmise des milliardaires sur les médias, bouleversements technologiques, défiance envers les journalistes... Promesse de campagne d'Emmanuel Macron en 2022, les Etats généraux de l'information seront enfin lancés mardi, avec un périmètre très vaste. Tour d'horizon des principaux enjeux.
L’objectif

« Le but, c’est d’aboutir à un plan d’action » pour « garantir le droit à l’information à l’heure numérique », explique à l’AFP Christophe Deloire, délégué général du comité indépendant qui pilote ces Etats généraux.

Cela pourra passer par des mesures « législatives, fiscales, budgétaires » et par des « recommandations » au secteur, selon M. Deloire, par ailleurs secrétaire général de l’ONG Reporters sans frontières (RSF).

Organisés par groupes de travail, les Etats généraux débuteront par « une phase de diagnostic jusqu’à la fin de l’année », avant « les propositions ». Ils s’achèveront « en mai-juin » 2024.

L’une des difficultés est d’éviter d’en faire un événement corporatiste, qui n’intéresserait que les journalistes.

« On veut partir des citoyens, en allant leur parler là où ils sont », espère M. Deloire.

« Le périmètre est très large: de la qualité de l’information au financement du journalisme jusqu’aux réseaux sociaux et à l’intelligence artificielle, en passant par beaucoup d’autres choses », poursuit-il.

 

Infox et réseaux sociaux

Distinguer le vrai du faux: « l’éducation à l’information » et sa « fiabilité » seront l’un des enjeux, à l’heure où les réseaux sociaux rebattent les cartes chez les jeunes.

Selon le baromètre Kantar – La Croix publié en janvier, ces plateformes sont la deuxième source d’information des Français de 18 à 24 ans, derrière les journaux télévisés.

Et au niveau mondial, le réseau chinois TikTok est utilisé par 20% des 18-24 ans pour accéder à l’info, avec les risques de désinformation qui vont de pair, selon un récent rapport de l’institut Reuters.

 

Financement et concentration

La concentration de nombreux médias français entre les mains de grands groupes privés et de quelques milliardaires (Vincent Bolloré, Daniel Kretinsky, Xavier Niel, Rodolphe Saadé…) est régulièrement pointée du doigt. Cela a fait l’objet d’une commission d’enquête sénatoriale en 2022.

Dans le même temps, nombre d’observateurs font valoir que sans gros financeurs privés, la survie des médias n’est pas garantie.

« Ces États généraux doivent permettre d’articuler réalités économiques et principes démocratiques », veut croire M. Deloire.

 

Indépendance éditoriale

Comment garantir que les propriétaires de médias n’influent pas sur leur ligne éditoriale?

La question a resurgi cet été avec la grève au JDD (Journal du dimanche), dont la rédaction s’est opposée en vain à l’arrivée comme directeur du journaliste Geoffroy Lejeune, marqué à l’extrême droite.

Beaucoup y ont vu la main du milliardaire ultra-conservateur Vincent Bolloré, dont le groupe Vivendi est en passe d’avaler Lagardère, propriétaire du JDD. Lagardère s’en est défendu.

« Ce serait une erreur de penser que les Etats généraux sont une réponse à Bolloré, c’est beaucoup plus large », affirme M. Deloire.

Après la crise au JDD, plusieurs parlementaires ont proposé de conditionner les aides publiques des médias à des mécanismes d’indépendance éditoriale.

 

Intelligence artificielle

Comme de nombreux autres secteurs, les médias doivent s’adapter aux bouleversements apportés par l’intelligence artificielle.

Dernière étude en date, celle du projet JournalismAI de la London School of Economics, qui a sondé plus de 100 médias de 46 pays.

Près de trois quarts des répondants ont estimé que des outils comme ChatGPT, capables de générer du texte, représentaient de « nouvelles opportunités pour le journalisme ». Mais plus de 60% ont exprimé des inquiétudes sur la qualité éditoriale, la précision ou l’équilibre.

Secret des sources

Egalement au menu, la protection des sources des journalistes. Ce thème d’actualité a été propulsé sur le devant de la scène par la récente garde à vue de la journaliste Ariane Lavrilleux, après une enquête sur une mission de l’armée française en Egypte.

 

Défiance envers les médias

Autre sujet, et pas des moindres: la perte de confiance dans les médias, tendance de fond des dernières années.

Plus de la moitié des sondés (54%) du dernier baromètre Kantar – La Croix pense ainsi que « la plupart du temps, il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité ».

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