L’objectif du milliard d’euros par an pour le total des droits domestiques et à l’étranger sur la période 2024-2029, fixé cet été par le président de la LFP Vincent Labrune, s’est matérialisé par une mise à prix à 800 millions d’euros par saison pour les seuls droits domestiques le 12 septembre. L’appel d’offres pour l’étranger a été lancé le 6 octobre avec une date butoir le 2 novembre.
Rien ne dit que mardi, la Ligue aura devant elle un ou plusieurs candidats pour chacun des deux lots principaux: 530 millions d’euros pour le lot 1 contenant les deux plus belles affiches et le choix N.4 de chaque journée, 270 millions d’euros pour le lot 2 qui comprend les six autres matches.
Sans Canal+
D’abord parce que le saut est conséquent par rapport au précédent montant, de 624 millions d’euros. Mais aussi parce que le partenaire historique Canal+ a annoncé à la LFP, dans une lettre de son patron Maxime Saada le 25 septembre, qu’il ne participerait pas aux enchères.
Ses conditions « ont achevé de nous convaincre que votre seul objectif était d’en écarter Canal+ et de favoriser Amazon », a écrit Maxime Saada dans le courrier révélé par L’Equipe. « Vous n’avez eu de cesse de pénaliser Canal+ », a-t-il assuré.
Un passif existe entre le président du directoire du groupe Canal+ et Vincent Labrune. La chaîne cryptée s’était sentie lésée après la faillite du diffuseur Mediapro en octobre 2020 car elle estimait que son lot de deux matches par journée, payé 332 millions d’euros, était désormais surévalué par rapport à ce que payait Prime Video pour les huit autres matches (250 M EUR) – aujourd’hui sept – rachetés à l’entreprise espagnole défaillante. Canal+ avait poursuivi devant la justice la LFP, en vain.
Répondant à la lettre, les dirigeants de la Ligue de football professionnel ont « regretté » la décision de Canal+ et dénoncé des « affirmations ou insinuations (…) d’une particulière gravité ».
La LFP a aussi certifié « une transparence maximale à tous les candidats » et « l’intégrité du processus ».
Mirages
Cette atmosphère de défiance n’est évidemment pas idéale pour la réussite de l’appel d’offres. Les droits de diffusion atteignent toujours des montants plus élevés quand les candidats se bousculent au portillon. Sans Canal+, c’est un acteur de poids qui disparaît de l’équation.
Mais la LFP compte sur d’autres acteurs. En premier lieu sur Prime Vidéo, principal détenteur des droits TV actuellement. BeIN sports, qui pendant une partie des années 2010 a occupé ce rôle, est aussi espéré.
Il y a un nouveau venu: la plateforme de streaming sportif DAZN a annoncé qu’elle participerait a priori aux enchères, estimant auprès de l’AFP qu’elle serait « le meilleur choix ». Elle vise à compléter son portefeuille européen, détenant déjà des droits du football italien, espagnol, allemand et belge.
Enfin, parmi les potentiels mirages d’autres gros investisseurs figure Apple, qui s’est offert le Championnat nord-américain (MLS) pour dix saisons. Rien n’indique à ce stade que la Ligue 1 intéresse la puissante multinationale.
Le feuilleton pourrait s’étirer au-delà de la journée d’enchères de mardi, si la LFP ne reçoit pas les offres escomptées. Un scénario plausible pour le consultant des droits télévisés du sport, Pierre Maës, interrogé par l’AFP en septembre.
S’ouvriraient alors des négociations de gré à gré. Une source proche de la direction de la Ligue, mi-septembre, s’était montrée plutôt sereine face à cette éventualité, soulignant que cette étape pourrait marquer le retour de Canal+.