5 octobre 2021

Temps de lecture : 3 min

L’e-commerce, créateur ou destructeur d’emploi dans le retail ? La Fevad tranche.

Le sujet est toujours aussi explosif.  Et les avis, toujours aussi partagés. Quelles sont les conséquences de la transformation digitale du commerce sur l'emploi en France? Tel est en effet le thème choisi par KPMG et la eFédération du e-commerce et de la Vente à Distance (Fevad) pour sa cinquième édition.

C’est un sujet délicat qui  revient souvent sur la table. L’impact du commerce en ligne sur l’emploi fait débat et ce n’est pas près de s’arrêter. Les critiques accusent les sites marchands de provoquer la fermeture de milliers de magasins physiques. Acheter en quelques clics sans quitter son domicile provoquerait des licenciements massifs dans le secteur marchand. Les partisans des plateformes de vente sur la Toile affirment tout le contraire. Grâce à l’e-commerce, de nombreux salariés peu qualifiés auraient trouvé, selon eux, des emplois stables dans les entrepôts des géants tels qu’Amazon ou parmi les transporteurs qui assurent la livraison des colis. Pour la cinquième édition de son rapport annuel qui étudie les grands enjeux du commerce en ligne, la Fédération du e-commerce et de la Vente à Distance (Fevad) a choisi un thème pour le moins controversé : l’impact de la transformation digitale du commerce sur l’emploi.

« Nous pensions que l’emploi serait un sujet intéressant à traiter même si nous avions conscience qu’il était sensible et clivant », résume Sébastien Durand, le responsable « offre commerce unifié » au cabinet de conseil KPMG qui collabore chaque année au rapport de la Fevad. Très rapidement, les consultants en charge de cette étude se sont heurtés à un écueil de taille. « Nous ne sommes pas parvenus à donner une estimation chiffrée des conséquences sur le marché du travail du développement de l’e-commerce en France car il n’existe aucune donnée fiable à ce sujet, reconnaît ce dernier. Toutes les études actuelles sont basées sur des parti pris et elles disent tout et son contraire. Certaines enquêtes sont publiées par d’anciens députés ou par des responsables politiques. D’autres sont financées par des acteurs de l’e-commerce. Il nous semblait, par ailleurs, difficile de comparer la France à d’autres pays car les marchés sont très différents les uns des autres. Nous avons donc choisi de nous concentrer sur l’hexagone. Et pour faire notre rapport, nous avons décidé de nous baser sur les chiffres publiés par l’Insee car ils nous semblaient être les plus fiables. »

Des données qui remontent à… 2014

Si ce choix peut se comprendre, il soulève cependant un loup.  Les données les plus récentes de l’Institut national de la statistique sur ce sujet datent en effet de… 2014, autant dire l’âge de pierre dans ce secteur en pleine mutation. Ces estimations ne comprennent pas non plus la sous-traitance et elles ne concernent que les sociétés de plus de dix salariés. Il y a sept ans, le chiffre d’affaires de l’e-commerce en France atteignait tout juste 55 milliards d’euros, soit deux fois moins qu’aujourd’hui. Mais la  Fevad balaye ce détail.  Les revenus de ce secteur ont augmenté de 8,5% l’an dernier pour atteindre le chiffre record de 112 milliards d’euros. That’s it.  Une seule chose paraît certaine : « l’e-commerce créé de l’emploi depuis vingt ans, résume l’expert de KPMG. La révolution numérique est comparable à la révolution industrielle. L’e-commerce ne fait pas régresser le commerce traditionnel. Il aurait plutôt tendance à renforcer sa résilience. » La pandémie semble avoir confirmé cette analyse.

La pandémie a accéléré le mouvement

Les confinements et les fermetures imposées des magasins physiques ont amplifié certains comportements observés depuis plusieurs années. Le poids du e-commerce dans le commerce de détail a bondi de 3,6% l’an dernier pour passer de 9,8% à 13,4%. Le panier moyen des transactions est, quant à lui, repassé au-dessus du cap symbolique de 60 euros, après huit années consécutives de baisse. 88% des cyberacheteurs déclarent qu’ils vont continuer à commander sur Internet même après la réouverture des boutiques et plus d’un tiers d’entre eux (37%) pensent qu’ils vont faire leurs achats plus fréquemment sur la Toile. Les trois-quarts des acheteurs souhaitent, par ailleurs, que leurs commerces de proximité leur proposent un service de livraison. « Face aux nouvelles attentes des consommateurs et à la concurrence intense des pure-players digitaux, les distributeurs traditionnels issus du monde physique doivent intégrer à leur feuille de route l’évolution de leur modèle opérationnel, en se dotant des nouvelles compétences et expertises digitales », souligne le rapport de la Fevad.

Les frontières disparaissent

La frontière entre commerce physique et e-commerce disparaît un peu plus chaque jour. « Ce basculement est de plus en plus important et il va continuer à s’opérer dans les années à venir », prédit Sébastien Durand. Les enseignes traditionnelles ont compris aujourd’hui qu’elles ne pourraient pas survivre sans proposer au moins une partie de leurs produits et de leurs services sur le net. Pour écouler leurs stocks, certains distributeurs comme Carrefour se sont même essayés au live shopping . Les plateformes digitales sont, de leur côté, de plus en plus nombreuses à ouvrir des points de vente physique. L’omnicanalité est devenue une nécessité pour le retail post crise. Faire la distinction entre le commerce en ligne et les ventes en magasin n’aura donc bientôt plus aucun sens. Les experts de KPMG n’iront pas s’en plaindre…

 

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