Mitch McConnell seul sénateur républicain s’opposant à la nomination de Robert F. Kennedy JR. conspirationniste anti-vaccins comme ministre de la Santé. Un vote qui procède de son histoire personnelle – il survécut, enfant, à la poliomyélite. Quand un responsable politique change d’opinion en fonction de sa seule expérience personnelle ne faut-il pas y voir le signe d'une tartuferie et d'une arrogance sans limites ?
Mitch McConnell – Image créée avec Grok et “outpainted” avec Midjourney – @Christophe Lachnitt/Superception
Il s’agit aussi du triomphe de l’arrogance.
Il y a quelques jours, Mitch McConnell s’opposait à la nomination du méprisable Robert F. Kennedy Jr. comme ministre de la Santé. L’ancien leader de la majorité républicaine au Sénat fut le seul sénateur républicain à voter contre le conspirationniste anti-vaccins. Son vote procède de son expérience personnelle – il survécut, enfant, à la poliomyélite. Beaucoup jugèrent que ce vote constitua un épisode respectable, voire glorieux, dans sa vie politique.
Je considère au contraire qu’il aggrave son bilan.
Entre autres faits d’armes, Mitch McConnell empêcha, par une manipulation anticonstitutionnelle, Barack Obama de nommer Merrick Garland à la Cour suprême, puis contredit le faux principe qu’il avait édicté à cette fin pour permettre à Donald Trump d’y nommer Neil Gorsuch. Plus grave encore, il tint Donald Trump pour responsable de la tentative de coup d’Etat du 6 janvier 2021 dans un discours au Sénat avant de rentrer dans le rang et de participer à son sauvetage et à sa réintégration dans le champ politique.
Ainsi donc, celui pour lequel la fin justifie tous les moyens ne se découvre des règles éthiques que lorsqu’il est visé par la décision qu’il doit prendre. Les principes constitutionnels de l’Amérique ? Ils n’ont aucune valeur à ses yeux. Le fait d’absoudre un apprenti-putschiste ? Il n’en voit pas le danger. Mais touchez à quelque chose qui le concerne personnellement et il est prêt à résister.
C’est le double signe d’une tartuferie (mes prétendus principes n’en sont que si je suis en jeu) et d’une arrogance (mon intérêt est supérieur à celui de mon pays) sans limites.
Je me suis fait cette même réflexion à chaque fois que j’ai observé un responsable politique changer d’opinion en fonction de sa seule expérience personnelle. Ainsi de Rob Portman, sénateur républicain de l’Ohio, qui, en 2013, révisa sa position sur le mariage gay après que son fils lui eut révélé son homosexualité. Rob Portman ne réalisa certainement pas l’énormité de ce qu’il déclara alors : “Cela m’a permis d’envisager cette question sous un nouvel angle, celui d’un père qui aime beaucoup son fils et souhaite qu’il ait les mêmes chances que son frère et sa sœur“. Mais ne pouvait-il pas penser de la sorte, avec la même bienveillance pour les familles qu’il était censé représenter, avant que son fils ne fît son coming out ? Pourquoi son seul fils aurait-il droit à cette égalité de chances, et pas les autres homosexuels ? Surtout, peut-il être un dirigeant politique pertinent s’il est incapable de saisir l’importance des situations qu’il ne vit pas au sein de sa propre famille ?
Naturellement, l’exemple le plus abouti à cet égard est celui de Dick Cheney, conservateur s’il en est, qui, lui aussi, devint favorable au mariage gay une fois que sa fille se déclara homosexuelle. Il fallut plus de temps à son autre fille, Liz, par ailleurs héroïque face à Donald Trump, pour digérer la situation maritale de sa sœur.
Mika Brzezinski et Joe Scarborough (image réalisée avec Midjourney) – (CC) Superception