10 janvier 2023

Temps de lecture : 4 min

L’avenir du retail est aux mains des satellites à orbite basse…

Les satellites à orbite basse vont faire disparaître les zones blanches où les consommateurs n’ont pas de réseau. Une bonne nouvelle pour les marques qui vont pouvoir toucher leurs cibles partout dans le monde.

Un échec qui en dit long. Le Royaume-Uni a tenté, le 9 janvier de lancer, pour la toute première fois, une fusée à partir de son territoire. Si la fusée LauncherOne est bien parvenue à se détacher du Boeign 747 sous l’aile duquel elle était arrimée, elle n’a pas atteint l’altitude souhaitée pour mettre sur une orbite basse les neuf satellites qu’elle contenait. La mission baptisée « Start me up » et pilotée par Virgin Orbit, la société spatiale codétenue par le milliardaire Richard Branson, a donc été un échec mais elle prouve une nouvelle fois l’importance que la conquête de l’espace a pris depuis quelques années. L’avenir de la communication des marques pourrait en effet être étroitement liée à la conquête  du cosmos ou, pour être plus précis, à l’envoi de milliers de satellites à quelques kilomètres à peine au-dessus de nos têtes.

7,26 milliards de mobiles

Les annonceurs savent depuis plusieurs années déjà que la Toile est une des meilleures plateformes pour atteindre et communiquer avec leurs clients existants ou potentiels. En Europe, en Amérique du Nord et dans la plupart des pays d’Asie, l’immense majorité des consommateurs peut aujourd’hui être ciblée grâce aux portables. L’an dernier, 7,26 milliards de mobiles dont 6,64 milliards de smartphones étaient utilisés dans le monde, selon les données publiées par Ericsoon & The Radicati Group. Certaines régions du monde restent cependant encore mal couvertes par les réseaux mobiles. Dans beaucoup de zones, le réseau est assez moyen et ne permet pas la diffusion de contenus volumineux ou de vidéos trop longues à charger. Tout cela est toutefois en passe de tomber dans les oubliettes grâce à l’arrivée des satellites à orbite terrestre basse.

L’Ukraine a tout changé

Appelés LEO (Low Earth orbit) par les Anglo-saxons, ces objets volants identifiés commencent à être connus du grand public depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine. En envoyant gratuitement des milliers d’antennes et de terminaux pour permettre aux combattants ukrainiens de se connecter à son réseau satellitaire Starlink, Elon Musk a, -selon le respecté hebdomadaire britannique The Economist-, « sauvé l’Ukraine  et changé la guerre ». Grâce à ces petites antennes blanches, les soldats ont pu rester en contact permanent avec leurs supérieurs. Sur le front, les militaires ont été capables d’envoyer aux artilleurs situés à plusieurs dizaines de kilomètres de leurs lignes les coordonnées GPS exactes des blindés russes repérés par leurs drones civils achetés dans le commerce. Ce conflit a fait une énorme pub à Starlink qui a déjà produit plus de 1 million de terminaux depuis son lancement en octobre 2020, selon Elon Musk. En France, 10.000 particuliers se sont abonnés à ce service. Et pour cause. Après l’achat de 450 euros de matériel, une personne peut télécharger un volume illimité de données pour la modique somme de 50 euros par mois. Dans les nombreuses zones blanches qui existent encore dans l’hexagone, Starlink permet de profiter d’une excellente connexion à un débit défiant toute concurrence. Ce service est disponible grâce aux LEO.

Les satellites nous simplifient la vie depuis des décennies déjà. Sans eux, la conduite autonome, les usines intelligentes et l’agriculture de précision avec des tracteurs guidés par GPS ne seraient pas possibles. Les télécommunications par satellite permettent aux médecins de surveiller et de traiter à distance les cas d’urgence ou les patients de longue durée.  Plus de 99% des prévisions météorologiques sont issues de données spatiales. Les satellites permettent également la retransmission en direct des grandes compétitions sportives. Sans eux, les gouvernements et les forces armées du monde entier ne pourraient pas communiquer en toute sécurité. La plupart de ces liaisons sont possibles grâce aux satellites géostationnaires qui se situent à 36.000 kms d’altitude.

Retard au lancement

Lancés dans les années 50, les LEO tournent, eux, entre 500 et 2000 kms au-dessus de nos têtes. Ces faibles altitudes ne leur permettent pas de couvrir une large zone géographique comme les GEO. Plusieurs centaines d’entre eux doivent être envoyés dans l’espace pour former une constellation capable d’offrir à tous et partout dans le monde une bonne connexion.

Dans les années 90, des sociétés comme Global-star, Iridium, Odyssey et Teledesic ont tenté d’offrir un tel service mais la plupart ont échoué car les coûts de leurs équipements et de leurs communications restent trop élevés pour le commun des mortels. Les nouvelles technologies et les investissements pharaoniques engloutis dans ce secteur commencent toutefois à changer cette donne.

Bataille d’ego?

Entre 2000 et 2021, plus de 50 milliards de dollars ont été dépensés par 1600 investisseurs différents dans des projets spatiaux. En 2021, ce montant a atteint à lui seul 15,4 milliards de dollars. Parmi les plus gros acteurs sur ce marché figurent les milliardaires Elon Musk, Jeff Bezos et Richard Branson. Propriété du créateur de Tesla, SpaceX a déjà envoyé près de 3,600 satellites Starlink sur ses propres fusées depuis 2019. Dans 10 ans, 50.000 LEO pourraient être sur orbite contre à peine 2500 actuellement.

SpaceX a l’ambition d’en envoyer 42.000 à terme. D’autres projets de ce type se multiplient depuis quelques années. OneWeb compte posséder une constellation de 648 LEO. Kuiper, la filiale d’Amazon, prévoit de faire tourner 7800 satellites. Son rival californien Astra Space en annonce 13.620, les Chinois de SatNet 13.000, l’allemand Globalstar 3000 et E-Space près de… 300.000.

L’avenir est en marche

La plupart de ces projets ne verront jamais le jour. Le nombre de fusées disponibles sera en effet trop limité pour envoyer autant de satellites dans l’espace. Une chose est certaine toutefois : les communications par satellite vont se démocratiser et leurs prix poursuivre leur chute dans les années à venir. Bientôt, tous nos portables se connecteront à des satellites dans des zones blanches sans même que nous nous en apercevions. Les consommateurs seront donc partout « accessibles » aux annonceurs. Cette bonne nouvelle pour les marques est un peu plus inquiétante pour nous autres, simples citoyens…

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