3 juillet 2023

Temps de lecture : 3 min

Lauriane Fressy Le Texier (La Louve And Partners) : « Tout le monde va désormais suivre les mêmes règles »

Lauriane Fressy Le Texier a fondé en 2017 une des toutes premières agences spécialisées dans la stratégie d’influence en France. Son nom ? La Louve And Partners. Aujourd’hui basée à Nantes, elle se félicite de l’arrivée de la nouvelle loi qui va encadrer son secteur.

INfluencia : Le marketing d’influence existait à peine en 2017 et vous avez pourtant choisi cette année-là de lancer votre agence. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?

Lauriane Fressy Le Texier : J’ai commencé à travailler dans les médias en co-fondant le site ilétaitunepub.fr. C’est à ce poste que j’ai vu le marketing d’influence commencer à se développer. Lorsque nous avons décidé de revendre notre société avec mon associé, j’ai voulu lancer ma propre agence de stratégie d’influence. Nous étions une des premières si ce n’est pas la première agence spécialisée dans ce secteur en France.

IN : Quels sont exactement vos champs d’action ?

L. F. L. T. : Il existe quatre typologies d’entreprise dans l’univers de l’influence. Il y a, tout d’abord, les cabinets de conseil en stratégie d’influence qui agissent un peu comme des agences médias. C’est ce que nous faisons à La Louve And Partners. D’autres entreprises comme Kolsquare proposent des solutions technologiques. Vous entrez sur ces plateformes des mots-clefs, des datas et elles vous proposent ensuite un listing d’influenceurs avec lesquels vous pouvez collaborer. Ces outils peuvent être utiles mais ils ne se basent sur aucune réflexion stratégique. Vous avez également les agents d’influenceurs comme Follow ou Point d’Orgue et enfin les influenceurs qui sont, pour beaucoup d’entre eux, les chefs de leur propre entreprise. 

IN : Vous ne représentez donc aucun créateur de contenus.

L. F. L. T. : En effet. Mon travail commence lorsqu’un annonceur ou une agence m’envoie un brief. Le client me détaille ses objectifs et me donne le budget qu’il est prêt à allouer pour l’atteindre et je me charge ensuite de lui développer une stratégie adaptée à ses besoins.

IN : Avec quel type d’influenceur travaillez-vous ?

L. F. L. T. : Tout dépend de ce que recherche le client et de l’enveloppe qu’il est prêt à débloquer. Je peux ainsi faire appel à des nano-influenceurs ou à des créateurs ayant une communauté beaucoup plus importante. Les seules personnes avec lesquelles j’ai toujours refusé de travailler sont celles qui se sont fait connaître grâce à la téléréalité car pour moi, ce ne sont pas des influenceurs mais des personnalités. Un influenceur est un passionné qui parvient à fédérer une communauté autour de sa passion et de sa personnalité.

IN : Comment trouvez-vous les créateurs avec lesquels vous collaborez ?

L. F. L. T. : Je passe beaucoup de temps sur les réseaux pour voir un maximum d’influenceur et comprendre leur fonctionnement. Je regarde aussi des vidéos qui ne m’intéressent pas forcément afin d’élargir mon champ de connaissance. J’ai notamment visionné pas mal de créateurs spécialisés dans l’automobile alors que je n’ai même pas le permis de conduire mais en faisant cela, j’ai pu répondre aux demandes d’une marque qui cherchait un influenceur dans ce secteur. Mon approche est très artisanale. Ce travail de mapping prend beaucoup de temps mais je préfère faire cela que d’utiliser des logiciels.

IN : Avez-vous eu des problèmes pour trouver vos premiers clients en 2017 ?

L. F. L. T. : Aucunement. Quand j’ai publié sur mes réseaux sociaux personnels mon intention de céder ilétaitunepub.fr, j’ai reçu dans la demi-heure suivante une vingtaine d’appels d’agences qui me demandaient si je pouvais les aider. Je n’ai, jusqu’à maintenant, jamais eu à faire de prospection et j’ai très vite eu la chance de travailler sur de beaux projets.

IN : Qui sont vos clients ?

L. F. L. T. : 80% de mes clients sont des agences, les autres sont des annonceurs. Je ne suis spécialisée dans aucun secteur en particulier. Josiane a fait appel à moi pour promouvoir Vinfast , le concurrent vietnamien de Tesla. Avec Marcel, nous avons travaillé notamment pour Granola, OrangeLidl ou Groupama. J’ai aussi collaboré pour LG pour promouvoir des pompes à chaleur en Europe de l’est mais aussi avec le beurre de Charente-Poitou.

IN : Comment vous rémunérez-vous ?

L. F. L. T. : Je facture mon accompagnement aux agences et aux annonceurs qui font appel à moi mais je ne prends aucune commission sur les sommes touchées par les influenceurs car je ne suis pas leur agent.

IN : Comment le secteur du marketing d’influence a-t-il évolué ces six dernières années ?

L. F. L. T. : Ce secteur a évolué dans le bon sens. Au départ, les annonceurs avaient une méconnaissance totale de l’influence. Certains se demandaient si les influenceurs n’étaient pas uniquement des mamans qui souhaitaient avoir des cadeaux des marques. Les étudiants souhaitaient en savoir plus sur ce secteur mais les écoles ne leur proposaient pas de cours spécialisés. Tout cela a bien changé depuis. Je donne moi-même des cours, du bachelor au MBA, notamment à l’ESG, à l’ESP et à l’ESD.

IN : La loi sur l’influence qui vient d’être votée va-t-elle dans le bon sens, selon vous ?

L. F. L. T. : Cette loi est une très bonne chose car elle crée un cadre et protège les consommateurs mais aussi les influenceurs. Tout le monde va désormais suivre les mêmes règles et tout va être transparent et clair. Les abonnés qui suivaient des personnes qui acceptaient cinq collaborations par jour vont, peut-être, les prendre pour des panneaux publicitaires désormais. La loi dit clairement ce que l’on peut faire ou ne pas faire. Tout va être beaucoup carré.

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