7 juin 2024

Temps de lecture : 6 min

Laurent Allias (Josiane) : « Entre paléontologue et chef d’entreprise ou publicitaire, il y a un lien »

3 km 800 de natation, 180 km de vélo et 42 km de course à pied. En un jour!  Futur Ironman, mais aussi jeune marié, Laurent Allias, est le « papa » de Josiane et des « Pointures ». Il répond au « Questionnaire d’INfluencia », autour d’une madeleine et d’un thé, au sein de l’hôtel Swann* – Proust oblige.

INfluencia : votre coup de cœur ?

Laurent Allias : il est pour « l’intelligence de la foule »… Je vais vous citer un exemple très récent, que je trouve très drôle : Anne Hidalgo et Emmanuel Macron ont annoncé qu’ils allaient se baigner dans la Seine. Eh bien, il y a plein de gens qui sont en train de calculer quel serait le meilleur moment et le meilleur endroit pour… faire ses besoins dans la Seine ! Vous allez penser que je suis fou avec cette anecdote mais j’aime le fait que les foules sont capables de réagir aux événements, se les approprient et les retournent avec ironie et intelligence. Dans notre secteur de la publicité, on dit trop souvent, un peu avec mépris, que le consommateur ne va pas comprendre. C’est une erreur. Je pense qu’une bonne communication, c’est quand on fait un pas vers lui, qu’il fait un pas vers nous et qu’il y a une rencontre intellectuelle. La foule est bien plus intelligente qu’on ne le croit.

 

Si on regarde réellement la façon dont notre secteur est structuré, il y a une sorte de non-dit et de double jeu qui est un peu une arnaque intellectuelle

IN. : et votre coup de colère ?

L.A. : il est contre l’immobilisme de notre secteur. Il se dit très rebelle, affirme qu’il va changer les choses, qu’il se réinvente, mais en vrai, si on regarde réellement la façon dont il est structuré et comment il fonctionne, il y a une sorte de non-dit et de double jeu qui est un peu une arnaque intellectuelle. En fait, il ne faut pas sortir des normes et le but, c’est que ça change le moins possible… Je vais vous donner un exemple : quand j’ai créé mon agence j’avais 29 ans. Rendez-vous compte, j’étais un ingénieur, je n’avais pas fait la carrière traditionnelle, je n’avais pas travaillé dans les grands réseaux… On nous regardait bizarrement : « Mais qui sont ces gens-là ? ». Il a fallu faire nos preuves. Et là, nous arrivons au bout de 10 ans et nous devons refaire nos preuves pour pas devenir des vieux cons (rires). Donc, oui il faut toujours se réinventer.

IN. : la personne qui vous a le plus marqué dans votre vie ?

L.A. : Coluche. Je parlais d’immobilisme tout à l’heure et il a tout fait bouger. Il ne se prenait pas au sérieux, il a posé sa patte d’abord dans le monde de l’humour et du show-business. Ensuite, il est arrivé dans un autre monde, celui de la politique. Là aussi, il a posé sa patte en restant lui-même et en pétant le cadre de cet immobilisme structurel. Plus tout ce qu’il a fait pour les Restos du cœur et je dirais plus largement pour le monde probablement. À chaque fois, il a su rentrer dans un nouvel espace et créer quelque chose là où on ne l’attendait pas.

Et je sais que je ne dois pas parler boulot, mais je tiens à vous parler quelqu’un qui m’a énormément marqué professionnellement c’est Stéphane Martin (ndlr : aujourd’hui directeur général de l’ARPP) que j’ai rencontré, lorsque je faisais mon stage de fin d’études de Centrale chez Reflex Group, une agence de communication pour le luxe qui travaillait avec le SNPTV dont il était  directeur délégué à l’époque. C’était il y a 15 ans et nous sommes devenus amis. Il m’avait donné un conseil : « Il ne faut pas essayer de faire des one shots. L’important, c’est de durer » et ça m’a marqué.

 

Tout un bout de la maison était réservé à ma collection de fossiles et de minéraux : plus de 500 pièces !

IN.: votre rêve d’enfant

L.A. : cela s’est fait un peu par hasard. Mais quand j’avais 4 ans, je me suis passionné pour les fossiles et je voulais devenir paléontologue. Tout un bout de la maison était réservé à ma collection de fossiles et de minéraux : plus de 500 pièces !  Tous les voisins et les amis de mes parents venaient la regarder. Et je leur pitchais le truc : « Ça, c’est une ammonite qui est vieille de 250 millions d’années, ça c’est un trilobite qui a 500 millions d’années ». Et comme tout ce que je fais, je le fais de façon intense, à 8 ans, je participais donc à tous les salons et je parcourais le pays pour trouver des fossiles, pour rencontrer des experts. Mes parents n’en pouvaient plus !

J’ai voulu faire une carrière scientifique et mathématique car j’avais besoin de comprendre le monde. Ce n’est qu’après que j’ai réalisé, qu’en fait, comprendre le monde, ce n’était pas comprendre son aspect technique, c’était comprendre l’humain. C’est ce qu’on fait dans notre métier. En fait, entre paléontologue et chef d’entreprise ou publicitaire, il y a un lien. C’est une passion qui a duré jusqu’à l’adolescence, période où on commence à voir les filles, à faire de la mobylette, à aller en boîte. Et j’ai laissé de côté mes fossiles… Par la suite, j’ai fait des études scientifiques, puis Centrale, j’ai voyagé et cela m’a amené à autre chose. Mais ma collection est toujours dans ma cave. Il faudrait que j’arrive à la donner ou à la vendre. Ou à trouver un gamin de 4 ans qui veut devenir paléontologue et qui deviendra publicitaire… En tout cas, je lance l’appel (rires).

 

J’ai une cabane dans la forêt et j’adore être là-bas, ça me permet de déconnecter

IN. : votre plus grande réussite ? (pas professionnelle)

L.A : avoir trouvé un équilibre de vie…  Dès que j’ai une passion, je me mets à fond et parfois démesurément, que ce soit le boulot, ma vie perso, le sport que je reprends depuis un an… Et je n’ai pas choisi de faire le sport le plus simple puisque je fais des « Ironman » sur de très longues distances ! (ndlr : d’une distance totale de 226 kilomètres, une compétition Ironman, est une course multi-disciplinaire consistant à enchaîner 3,8 km de natation, 180,2 km de cyclisme puis un marathon de 42,195 km. Rien que ça ! ). Pourquoi ce désir de vivre intensément ? C’est parce que je pense que j’ai besoin de me sentir vivant. Peut-être est-ce dû au suicide de mon père. Finalement, trouver un équilibre où j’arrive à vivre et à faire en sorte qu’autour de moi, les gens arrivent aussi à avoir une forme d’équilibre est un challenge que je suis assez content d’avoir plutôt réussi. Et ce qui structure mon équilibre de vie est à la fois les relations humaines mais aussi les lieux : mon appartement, mes bureaux qui ne ressemblent pas à des bureaux. J’ai une cabane dans la forêt et j’adore être là-bas, ça me permet de déconnecter. En fait, je pense si je n’étais pas dans la pub, je serais devenu architecte…

IN. : votre plus grand échec ? (idem)

L.A. : je me suis toujours un peu positionné en sauveur et je n’ai pas pu sauver mon père. J’avais 25 ans quand il est parti, je le prends comme une forme d’échec parce que j’étais là pour lui mais peut-être pas assez. Cela explique beaucoup de choses de ce que je suis aujourd’hui. J’ai su en tirer une réussite au final, mais je me pose vraiment la question de ce qu’il se demanderait s’il me voyait aujourd’hui. Il a connu la fin de mes études d’ingénieurs, mes balbutiements de chef d’entreprise mais pas la suite. Tous les jours je me demande s’il serait fier de moi. Peut-être que cela est un moteur pour moi.

 

Vivre encore plus ancré dans l’instant présent

 

IN. : le don de la nature que vous aimeriez avoir

 

L.A. : notre monde est composé d’énergie et de vibrations. Et il y a des gens qui ont ce don un peu surnaturel de sentir les vibrations énergétiques de la nature et des choses qui les entourent. J’aimerais être une sorte d’éponge qui ressent – avec parcimonie – tout ce qui est autour de lui, les gens, les animaux, la nature, la lumière. Je suis peut-être toujours trop dans la projection, à essayer d’anticiper les choses. Peut-être que derrière ce désir se cache le fait de vivre encore plus ancré dans l’instant présent.

IN. : Où aimeriez-vous vivre ?

L.A. : au pied du Mont Ventoux, ce majestueux endroit apaisant où l’on peut monter à vélo ou à pied et se retrouver soi-même, au milieu des lavandes et des grillons.

IN : quel objet emmèneriez-vous sur une île déserte ?

L.A. : le livre « Robinson Crusoé ». D’abord parce que c’est le premier ouvrage que j’ai lu et que je me rappelle avoir lu. Et puis je pense que ce serait une sorte d’ « inception » de l’île déserte. Et bien sûr mon vélo et une paire de lunettes de natation que j’aurais cachée dans la pochette du vélo. Ça m’aiderait à pêcher ou à aller nager jusqu’à l’île en face.

 

 

 

* l’Hôtel Littéraire Le Swann, situé au cœur du quartier historiquement proustien de la plaine Monceau et de Saint- Augustin, présente une collection d’œuvres originales sur l’écrivain ainsi que des pièces de haute couture, des photographies, des tableaux, des sculptures. Notre interviewé(e) pose à côté d’une sculpture de Pascale Loisel représentant bien sûr l’auteur d’« À la recherche du temps perdu »

En savoir plus

L‘actualité de Laurent Allias

Sur le plan personnel

• Il a repris le triathlon il y a un an et prépare un Ironman à Barcelone en octobre (3 km 8 de natation, 180 km de vélo et un marathon donc 42 km de course à pied). (il a déjà fait des « half Ironman » et un full « Ironman » l’année dernière à Vichy qu’il n’avait pas fini)

Sur un plan professionnel

Josiane  (40 collaborateurs à Paris et 15 à l’international), agence « d’idées’,  fête ses 10 ans, s’internationalise depuis 2 ans : Los Angeles et Amsterdam et d’autres villes qui sont en cours de d’émergence de création.  A multiplié par 3 le nombre de clients internationaux à Paris dans son top 10 en 2 ans.

• Annonce  l’arrivée d’une DG, Virginie Matias (ex BDDP&Fils, Rosapark et Marcel)

• Fête les cinq ans des « Pointures» qui est le réseau de 100 consultants e experts indépendants créé avec Astrid Boutaud, il y a 5 ans.

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