Lachlan, déjà président de Fox Corporation, maison mère de la chaîne de télévision Fox News, faisait figure de favori face à son frère et rival James.
« Lachlan est réputé le plus conservateur des deux (frères), tandis que James a des idées plus progressistes », souligne pour l’AFP Reece Peck, professeur à l’université de New York et auteur de « Fox Populism », un livre sur la chaîne télé favorite des conservateurs américains, et pépite de l’empire Murdoch.
Et à l’approche d’une nouvelle présidentielle américaine, qui promet d’être tout aussi électrique que la précédente, avec un Donald Trump favori des républicains mais multi-inculpé, « il semblerait logique » que Lachlan Murdoch « ne bouleverse pas les choses et maintienne la stratégie d’audience » de Fox News, ajoute ce spécialiste des médias.
« En fin de compte, Fox News est victime de son succès, elle a cultivé cette demande de contenus conservateurs et partisans. Et aujourd’hui, elle dispose d’un marché et d’un public qui veulent cela », ajoute le professeur.
Présidentielle 2020
A 52 ans, Lachlan Murdoch apparaissait comme le successeur naturel face aux trois autres premiers enfants du patriarche, James, Prudence et Elisabeth, qui ont tous pris du champ ces dernières années, le premier en désaccord avec les orientations de plus en plus conservatrices de Fox News.
Avant même sa désignation jeudi, Lachlan occupait déjà les postes de PDG — depuis 2019 — de Fox Corporation et de co-président de News Corp, le groupe mondial d’édition et de médias présent notamment en Amérique du Nord, Australie et en Grande-Bretagne.
Sous sa présidence, Fox Corporation a notamment racheté en 2020, pour 440 millions de dollars, la plateforme de streaming gratuit avec publicité Tubi, qui lui a permis de maintenir ses revenus publicitaires.
Lachlan Murdoch avait aussi déjà un rôle opérationnel durant la présidentielle de 2020, quand Fox News a épousé et fait écho à la fausse thèse d’une élection truquée au détriment de Donald Trump. Cette théorie a nourri la colère des partisans les plus virulents du champion des républicains, aboutissant à l’invasion violente du Capitole le 6 janvier 2021.
Accusée d’avoir jeté de l’huile sur le feu, la chaîne a aussi dû verser en avril la somme de 787,5 millions de dollars au fabricant de machines de vote électronique Dominion Voting Systems, au centre de cette fausse théorie, pour s’éviter un embarrassant procès en diffamation.
Rupture et retour
Sourire brillant, allure d’acteur hollywoodien, Lachlan Murdoch est né à Londres en 1971 et a grandi aux Etats-Unis, où il a fréquente des écoles d’élite à Aspen (Colorado) et New York. Il sort diplômé de l’université privée de Princeton, où il a étudié la philosophie.
Son parcours au sein du groupe familial n’a rien d’un long fleuve tranquille. Très tôt, son père lui met le pied à l’étrier en lui confiant des journaux en Australie et Lachlan Murdoch prend du galon au sein de News Corp. Il encourage des investissements dans le groupe de télécoms australien One.Tel, qui finira par faire banqueroute, mais aussi dans un groupe d’annonces immobilières sur internet, REA Group, une entreprise aujourd’hui florissante.
Installé aux Etats-Unis, il finit par rompre avec News Corp en 2005, un départ précipité par ses désaccords avec Roger Ailes, figure ultra-conservatrice de la chaîne Fox News. Lachlan Murdoch se replie en Australie, où il réside encore souvent, avec son épouse Sarah Murdoch (née O’Hare), une mannequin et présentatrice télé avec qui il a trois enfants. Durant cette période de retrait, il fonde la société d’investissement Illyria Pty.
Son retour a lieu dix ans plus tard, à la demande de son père, alors que l’empire Murdoch a vacillé avec l’affaire des écoutes illégales du tabloïd britannique News of the World, qui a provoqué sa fermeture. Il s’installe à la tête de Fox Corporation en 2019 mais l’empire a été aminci par la vente à Disney, pour 66 milliards de dollars, de 21th Century Fox, l’un des joyaux du groupe avec ses studios et son catalogue de film.
Son ascension coïncide avec le départ de son frère James, qui démissionne de News Corp en juillet 2020.
Même si Lachlan Murdoch prend les commandes, la bataille de succession n’est pas terminée. Nombre d’observateurs considèrent que la mort de Rupert Murdoch rebattra les cartes, car chacun de ses quatre premiers enfants disposera de droits de vote équivalents au sein du groupe.