La Station F était cette semaine le centre de gravité de la Creator Economy
La première édition de la Paris Creator Week, organisée sur deux jours à la Station F, en plus d’une multitude d’évènements satellites dans tout Paris, s'est clôturée hier. Une première tentative réussie, à en écouter les marques et les créateurs invités, qui annonce de plus grandes ambitions, comme nous l'a confirmé l’une de ses têtes pensantes, Marc Lesage-Moretti, lui-même créateur de contenu sous le nom de Jokariz.
Du mardi au mercredi, le temple de la French Tech, situé sur le Parvis Alan Turing du 13ème arrondissement de Paris, accueillait la 1ère édition de la Paris Creator Week. Ce vaste salon, rassemblant plus de 2000 participants et 200 intervenants promettait à ses participants d’explorer les rouages de la creator economy. Deux jours intenses — le programme en atteste — de tables rondes, de keynotes et d’ateliers pour nous plonger dans ce nouveau « pilier de l’économie mondiale, pesant aujourd’hui 250 milliards de dollars », comme le rappelaient les organisateurs dans un édito diffusé en amont de l’évènement. Un sujet sans fin… et de plus en plus exploré depuis les coulisses ces derniers mois – coucou le salon Follow Me –, qui demandait forcément une organisation au cordeau.
Derrière la Paris Creator Week se cachent trois entrepreneurs qui n’ont pas compté leurs heures depuis l’annonce du projet il y a un an : Marc Lesage-Moretti, connu également sous son pseudo de créateur de contenu Jokariz, et qui a véritablement incarné cet évènement dans la presse et aux yeux du public, Karim Sabba, un rompu du monde de l’évènementiel puisqu’il est également le co-fondateur de la Paris Blockchain Week et Pierre Allary qui accompagne Jokariz depuis quelques temps puisqu’ils ont cofondé ensemble son entreprise de représentation, Jokariz Corporation.
L’appel de la vague
Quand on demande à Marc Lesage-Moretti, avec qui nous avons eu le plaisir de nous entretenir dans les dédales de la Station F ce mercredi, quel était le point de départ de cette aventure, l’entrepreneur de 32 ans nous répond volontiers qu’il est… « multiple. Déjà, si suis devenu créateur de contenu il y a trois ans (il officiait avant cela dans la finance chez Goldman Sachs jusqu’à devenir vice-président de la banque américaine de 2015 à 2022, NDLR), c’était justement pour m’intéresser à la créateur économiedans son ensemble. Au même moment, en 2021, il y a un gros buzz autour du secteur avec le hack du code source de Twitch qui révèle que certains streamers français gagnent facilement plus d’un million d’euros par an. Il se passe alors quelque chose, certains licornes françaises se montent, à l’image de Jellysmack (une structure qui aide les créateurs de contenus sur les réseaux sociaux à optimiser, exploiter et distribuer leurs œuvres, NDLR), mes potes aux US me disent « chez nous c’est la folie, attends-toi à ce que la vague frappe la France d’ici 5 à 10 ans » ».
Cette effervescence va le pousser à se jeter lui-même dans le grand bain mais toujours avec l’idée de « faire quelque chose pour développer la créateur économie en France » et non pas seulement gérer sa carrière personnelle. Il poursuit : « C’est là qu’on se réunit avec Pierre, mon associé qui possède 49% de ma boite de représentation personnelle, et Karim qui me dit directement « si tu veux développer l’écosystème, c’est simple : il faut réunir tous ces acteurs et être soi-même le point de rassemblement. Je pense que ce qui fait un visionnaire ce n’est pas tellement d’avoir la bonne idée, c’est plus de la reconnaître ».
Certes, il existait avant cela des évènements organisés par des acteurs spécifiques, tels que le The Creators Show de Webedia ou le Youtube Festival, « mais jamais quelque chose à 360 pour réunir aussi bien des entrepreneurs, des créateurs, des directeurs marketing… et surtout des concurrents autour de la même table ». De plus, c’est évident pour lui que « ça rassurerait beaucoup de personnes que la Paris Creator Week soit organisée par un créateur de contenu POUR les créateurs de contenu. Pour me réapproprier les paroles d’Orelsan, je ne suis pas juste un gars du business qui cherche à profiter de la vague ».
De la place pour tout le monde
Cette volonté de faire « grossir le gâteau pour tout le monde », pour reprendre ses mots… Jokariz et ses acolytes ne sont pas les seuls à l’avoir. Nous avions évoqué le 18 novembre dernier notre venue à la première édition du salon Follow Me qui avait déjà l’idée de rassembler tous les acteurs de l’écosystème le temps d’un évènement. Mais pas question de se tirer dans les pattes : « c’est une super nouvelle que d’autres aient les mêmes ambitions que nous. Pour être franc, quand on a appris l’existence de Follow Me, cela a même eu le mérite de nous rassurer sur le fait que l’on était sur le bon chemin. Encore une fois, on bosse tous dans le même camp et pour être honnête, j’aimerais qu’il y ait encore plus d’évènements annuels de ce type ».
Une fois à l’intérieur, le salon était divisé en 4 tracks pour permettre aux speakers d’aborder toutes les thématiques possibles : « Strategy & Production », qui servait à explorer les nouveaux formats à l’œuvre actuellement et les profils des créateurs qui montent, « Growth & Monetization », afin d’aborder les stratégies de monétisation et les partenariats commerciaux, « Legal & Innovation », autour des problématiques liées aux nouvelles technologiques et les projets de lois qui pourraient transformer le marché dans les années à venir et enfin « Community & Engagement », pour parler community management et stratégies sur les réseaux sociaux pour fédérer son audience.
Bien évidemment, le casting allait des plus gros créateurs de contenu de Youtube France, tels qu’Hugo Decrypte, Inoxtag, Joyca, pour ne citer qu’eux, aux marques qui ont l’habitude d’opérer avec les talents de la creator economy en passant par les agences qui les représentent et les plateformes qui les diffusent. Même si toutes les prises de parole sont déjà passées, on vous invite à consulter le planning dans le détail pour vous faire une idée des problématiques – et les acteurs – qui animent et questionnent l’écosystème de l’influence aujourd’hui.
Concernant le futur… : « Là, c’était la première édition mais dès l’année prochaine, on passe au niveau européen. On veut s’exporter. Derrière cet événement, l’ambition, c’est de faire de Paris un hub de la creator économy. On veut que les experts soient positionnés ici, ou en tout cas, qu’ils se rendent aux futures éditions de la Paris Creator Week pour prendre la parole. C’est vraiment ça l’ambition de l’événement ». C’est tout le mal qu’on leur souhaite… et à l’écosystème tout entier.
On n’attend pas Webedia ?
Présence des principaux acteurs de la creator economy oblige, Webedia, la célèbre agence de talents parisienne, a choisi cette année de délocaliser sa grande conférence annuelle, le « Creator Show », dans la station F pour l’inclure véritablement au programme. Un choix loin d’être anodin puisque Marc Lesage-Moretti avouait volontiers au détour d’une table ronde qu’il s’était « grandement inspiré du Creator Show » au moment de penser son propre évènement pour son format qui alliait parfaitement « business et divertissement ».
Sans oublier que Webedia « a directement participé au financement l’évènement.Un évènement comme cela coûte autour de 500 000 € à monter avec tous les événements satellites qu’on a fait. Nous sommes tous les trois sur fonds propres donc bien évidemment, le fait qu’on est Webedia ou BNP Paribas qui mettent un ticket, cela nous a permis d’avoir encore plus d’ambition. En plus de ça, quand Webedia dit oui, ça rassure un Spotify, un YouTube, un LinkedIn… il y a un effet domino ». Pour toutes ces raisons, sans compter l’influence tentaculaire – rien de péjoratif – de l’agence de talents sur l’écosystème tout entier, on s’en serait voulu de ne pas vous mentionner ce qui s’y est dit.
Cette nouvelle édition “The Creators Show : Les Nouveaux Territoires” s’est penchée sur l’exploration des nouvelles frontières de la creator economy et sur les tendances émergentes qui façonneront l’avenir des créateurs de contenu en 2025, en présence de créateurs, d’experts et de marques. Étaient présents sur scène les créateurs de contenu Inoxtag, Domingo, Joyca, Byilhan, Flamby, Lorie Pester, Mlle Fantazia, Cossi, Tsuku, Adèle Tsy, et Kenza (knz.tv), ainsi que Aline Bonnet, Directrice Marketing de Netflix pour parler de la récente opération Squid Game « 1,2,3 Soleil » sur les Champs Elysées, et Stéphane Tardivel, Directeur Sponsoring, Partenariats, Evénementiel d’Orange, pour évoquer le partenariat réalisé avec Inoxtag autour de son documentaire Kaizen sur le concept de déconnexion.
« Nous avons décidé cette année d’orienter notre événement majeur sur le thème des nouveaux territoires, pour y évoquer notamment le décloisonnement et la convergence entre la télévision et le digital, un phénomène qui s’est fortement renforcé en 2024. L’idée ici est de célébrer ce nouveau champ des possibles, qui ouvre la voie à de nombreux nouveaux territoires d’expression : de nouveaux récits, de nouvelles générations de talents, des formats émergents, mais aussi des superproductions, comme le film Kaizen, le succès incontesté de cette fin d’année et la vidéo la plus vue sur YouTube en 2024. Ce n’est plus seulement une question de contenu, mais aussi une stratégie d’hyper-distribution, y compris sur le plan géographique, permettant à des formats de devenirs des futurs hits internationaux », a déclaré Michèle Benzeno, Directrice Générale du groupe Webedia.
Pour la dirigeante, que nous avons eu le plaisir d’interviewer ce mercredi, et ça sera notre mot de la fin, il y a clairement « un vent de fraicheur qui souffle sur la creator economy ». Pour vous en convaincre, une étude publiée par Jokariz et ses acolytes à l’occasion du salon nous apprenait que le secteur a généré un chiffre d’affaires de 6,83 milliards USD en 2024 et devrait atteindre les 31,15 milliards USD d’ici 2031. Avis à celles et ceux, les créateurs comme les marques, qui voudraient se lancer… à l’année prochaine.
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