24 juillet 2024

Temps de lecture : 3 min

La sécurité des JO : un casse-tête tellement français…

Des appels d’offres par centaines, une paperasserie administrative compliquée, des retards inquiétants... Vive le sport !

JEUX OLYMPIQUES

Assurer la sécurité des Jeux olympiques n’est déjà pas une mince affaire en soi mais cette mission risquerait même d’être refusée par Ethan Hunt (protagoniste de la saga Mission Impossible) s’il connaissait les méandres de l’administration française. Guillaume Charon, le directeur du marché secteur public & Smart City chez Genetec, ne dirait pas le contraire…

Mettre de l’huile dans les rouages

Son entreprise sécurise près de la moitié des infrastructures qui seront utilisées durant les JO. Ses solutions logicielles assurent notamment le contrôle des accès lors des événements comme la vérification des billets, la détection des contrefaçons et la gestion des autorisations des employés et des participants à accéder à des zones spécifiques. Ses outils améliorent également la communication entre les structures impliquées dans la sécurisation des sites olympiques dont la police, les premiers secours et la sécurité nationale. 

Une longue expérience

Ce groupe fondé en 1997 n’est pas un débutant dans l’organisation de grands événements sportifs. Ses ingénieurs ont notamment travaillé lors des Jeux olympiques d’hiver de Vancouver en 2010 et lors des Special Olympics de Los Angeles de 2015 qui ont accueilli 6500 athlètes de 165 pays ainsi que 500.000 spectateurs et 30.000 bénévoles. Paris 2024 représente un défi encore plus important. « La particularité des JO concerne le nombre de spectateurs et de sites ainsi que la durée des compétitions, assure Guillaume Charon. L’organisation d’un match pour l’Euro, par exemple, dure de 16 h à 23 h. Une journée de compétition lors des Jeux olympiques commence tôt le matin et se termine tard dans la soirée. Paris 2024 ne se déroule, de surcroît, pas uniquement dans la capitale. Les compétitions de voile ont lieu à Marseille, le surf en Polynésie et les matchs de football dans tout le pays. » L’Office du Tourisme et des Congrès de Paris estime, pour sa part, que les Jeux devraient attirer environ 15,1 millions de visiteurs cumulés. Ces chiffres sont à comparer au million de touristes qui se sont rendus au Qatar pendant le Mondial 2022.

Un chantier au long cours

La sécurisation des prochains JO est un énorme défi qui a débuté il y a plusieurs années. « Nous travaillons sur ce dossier depuis cinq ans déjà », reconnaît Guillaume Charon. Près de 35 000 policiers et gendarmes et 18 000 militaires vont venir de tout le pays, épaulés par un contingent d’agents étrangers, pour s’assurer que cet événement se passe le mieux possible. Certains rassemblements comme l’arrivée du Tour de France n’auront pas lieu dans la capitale cette année pour simplifier la vie des forces de l’ordre. Côté juridique, l’exécutif s’appuie sur la loi de sécurité intérieure qui a été votée fin 2017 pour mettre dans le droit commun le dispositif dérogatoire de l’état d’urgence, et sur une loi spécifique sur les JO adoptée en mai 2023. Durant les Jeux, la sécurisation des espaces publics relèvera de l’État. Les collectivités territoriales se chargeront, elles, de la sécurisation des zones de célébration et des évènements qu’elles organiseront. La sécurité des sites de compétition, du village des athlètes, du village des médias et de leurs abords immédiats incombe, pour sa part au Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJOP). Ce dernier a évalué ses besoins à 17.000 agents privés de sécurité par jour en moyenne durant les Jeux, avec des pics pouvant atteindre 22.000 par jour. 

Recherche agents désespérément

Le COJOP a lancé trois vagues d’appels d’offres pour sélectionner les prestataires privés de sécurité mais le personnel manque. Depuis le Covid, la moitié des agents ont abandonné leur métier. Le 19 juin, les organisateurs des Jeux étaient toujours à la recherche de 400 agents pour le soir de la cérémonie d’ouverture le 26 juillet… À quelques jours de la cérémonie d’ouverture, il resterait à embaucher encore « 200 ou 300 personnels » de sécurité privée pour les Jeux olympiques, a indiqué le préfet de région Ile-de-France Marc Guillaume. Compliqué, vous avez dit compliqué ? Guillaume Charon n’a pas cherché à cacher cette particularité on ne peut plus française.

« Le plus compliqué a été de répondre aux centaines d’appels d’offres liés à ces Jeux, nous révèle l’expert de Genetec. Fédérer des dizaines de sites, nous savons le faire mais la complexité des marchés publics en France est réelle et il a fallu répondre à des cahiers des charges bien différents car aucune autorité ne centralisait tous les appels d’offres. » Paris sera toujours Paris…

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