22 février 2023

Temps de lecture : 2 min

La rapide et brève embellie des licornes françaises

Owkin, Ledger, Blablacar, IAD, Shift Technology, Sorare, Swile, Ivalua, Payfit, Exotec, Ankorstore... INfluencia a interrogé une majorité des fondateurs/dirigeants des 26 lichens françaises. Ce club très fermé des start-ups dont la valorisation dépasse le milliard de dollars, voit l'afflux de nouveaux arrivants se tarir aves la raréfaction des investissements. Une pause avant un nouveau départ?

Le soufflé est clairement retombé. L’année dernière a été celle de tous les records pour les licornes française. En douze mois, pas moins de dix start-ups ont rejoint ce club très fermé de jeunes pousses ayant une valorisation égale ou supérieure à 1 milliard de dollars. Durant le seul mois de janvier 2022, cinq entreprises ont vu une corne pousser sur le front de leurs ambitions démesurées. A peine 26 entreprises appartiennent aujourd’hui à ce cercle ouvert par Veepee (anciennement vente-privée.com) en 2014. L’essor de la French Tech, vantée à longueur de discours par Emmanuel Macron, semblait promis à un bel avenir. La guerre en Ukraine, le retour d’une inflation à des taux inconnus depuis le début des années 80 et le recul brutal des marchés boursiers qui semble avoir calmé les ardeurs des investisseurs ont donné un coup d’arrêt brutal aux licornes tricolores. Cette année, pas une entreprise française n’a levé suffisamment de fonds pour obtenir ce titre qui ne semble, il est vrai, pas bouleverser le quotidien des principaux intéressés.

 

Un concept plus politique qu’économique

« Ce statut est surtout une vitrine pour le gouvernement Macron », tranche, Thomas Clozel, le co-fondateur d’Owkin qui propose des solutions d’intelligence artificielle pour la recherche pharmaceutique. « C’est un concept marketing qui ne veut pas dire grand chose dans la réalité, renchérit Nicolas Brusson, un des trois co-fondateurs de BlaBlaCar. Parmi toutes les licornes qui sont apparues ces deux dernières années, combien aujourd’hui pourraient encore prétendre à ce statut depuis la chute de la bourse? »

L’argent facile a créé un miroir aux alouettes qui vient de se briser en mille morceaux.« Il y a eu ces dernières années beaucoup de liquidités sur les marchés et cela accru la valorisation des sociétés, nous expliquait récemment Renaud Heitz, un des deux co-fondateurs d’Exotec, un fabricant de robots pour les e-commerçants qui est devenu l’an dernier la première licorne industrielle française. Nous nous sommes, nous-mêmes, lancés en vendant des présentations sur PowerPoint »

 

La France même pas dans le quintet de tête

Une vue panoramique permet également de relativiser le « succès » de la French Tech. La France abrite en effet autant de licornes qu’… Israël, selon Statista. L’Allemagne en compte dix de plus et le Royaume-Uni près du double (56). Et que dire de l’Inde (85), de la Chine (243) et des Etats-Unis qui en comprend pas moins de… 704.

« Devenir licorne n’est, de toute façon, pas une fin en soi, prévient Alexandre Prot, le cofondateur de la start-up financière Qonto. Nous ne voulons pas être un animal imaginaire mais une bête qui garde bien les pieds sur terre comme un éléphant ou un rhinocéros. » Les termes à la mode ne durent, de surcroît, jamais bien longtemps. « Hier, on parlait de licorne mais aujourd’hui, on met plutôt en avant les Centaures qui affichent 100 millions de dollars de chiffre d’affaires, conclut Jeremy Jawish, le co-fondateur et CEO de Shift Technology, une start-up qui permet aux assureurs, grâce à l’intelligence artificielle, d’automatiser et d’optimiser leurs prises de décision afin d’obtenir de meilleurs résultats. Les clients se moquent, de toute façon, de ces statuts. Ils se soucient juste des performances et des produits. » A bon entendeur…

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