La juste vision de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Bruce Arians a exercé pendant 46 ans comme coach, à différents niveaux, dans les ligues universitaire et professionnelle de football américain. Il a remporté un Super Bowl en février 2021 comme coach principal (head coach) avec Tom Brady et les Buccaneers de Tampa Bay, et a été élu deux fois coach de l’année de la NFL (National Football League) en 2012 et 2014.
La NFL est l’un des environnements de travail les plus compétitifs au monde où, au contraire de ce que l’on observe dans notre football par exemple, la performance dicte tout sans considération pour les statuts, les réputations et les palmarès passés.
Or j’ai découvert récemment une interview de Bruce Arians dans laquelle il explique la règle qu’il a instaurée pour ses assistants coachs :
“Si vous manquez un match de football, un récital, ou quoi que ce soit en rapport avec vos enfants, je vous renvoie. Parce que j’ai raté beaucoup de ceux de mes enfants. Et ces années ne reviennent pas. Il y a beaucoup de temps dans ce bureau pour travailler : vous pouvez revenir à minuit si vous voulez. Ne manquez pas ce récital, ne manquez pas ce match, parce que cela signifie beaucoup pour vos enfants et cela signifie beaucoup pour vous. Les matchs où j’ai pu voir jouer par mon fils, je savais qu’il les abordait différemment. Et je ne veux pas que mes collaborateurs manquent cela un jour“.
Cette anecdote fournit une bonne illustration de ce que devrait être l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Sa première condition est de réaliser que, dans l’écrasante majorité des cas, le travail n’est pas la première priorité des êtres humains, place le plus souvent occupée par la famille ou par un projet de vie. Cela ne signifie pas pour autant que le travail n’est pas important et qu’il ne peut pas être passionnant et exercé de manière passionnée. Cela induit juste qu’il est un enjeu parmi d’autres.
Dès lors, le respect de l’équilibre entre vies professionnelle et personnelle ne doit pas tant reposer sur un décompte de l’investissement horaire que sur la prise en compte de l’investissement émotionnel. Ce n’est évidemment pas possible dans tous les métiers et, peut-être plus important encore, ce n’est pas possible pour toutes les personnes. La période de confinement imposée par la pandémie du Covid-19 a montré que certains pouvaient débrancher en passant de leur table de travail à leur espace de divertissement au sein de leur logement, alors que d’autres n’y parvenaient pas.
C’est pourquoi le principe de Bruce Arians est intéressant : il n’est pas établi sur une approche comptable mais sur une vision humaine (et un peu rousseauiste d’ailleurs).
