Certains verront le verre à moitié plein, les autres à demi vide. La crise sanitaire a eu un fort impact sur la générosité des Français. Plus d’un quart (28%) de nos concitoyens ont fait au moins un don au cours des douze derniers mois, selon le collectif France Générosités qui rassemble plus de 120 organisations d’intérêt général. En 2020, la récolte de dons des particuliers a progressé de 13,7% par rapport à l’année précédente. Dans notre pays, près de 5 millions de personnes ont versé l’an dernier 8,5 milliards d’euros aux 360.000 associations actuellement en activité qui regroupent 20 millions de bénévoles et 2 millions de salariés. Les ONG spécialisées dans la santé ont été particulièrement choyées, pandémie oblige. Plus récemment, notre générosité a encore fait ses preuves pour venir en aide aux victimes de la guerre en Ukraine. Face à l’urgence et à l’ampleur de cette catastrophe, le Centre français des fonds et fondations en lien avec le réseau européen Philea a récemment lancé une plateforme de philanthropie européenne afin d’accélérer la collecte de dons. PhilanthropyForUkraine recense toutes les initiatives des fondations en faveur des Ukrainiens restés dans leur pays et des réfugiés qui vivent dans les nations limitrophes comme la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie. 47 actions pour un montant total de 174,4 millions d’euros sont déjà répertoriées sur ce site qui comprend également 53 appels aux dons. À la demande de Philea, le CFF a dupliqué ce site pour les ONG afin de mettre en avant les structures qui agissent sur le terrain et celles qui ont besoin d’aides financières. Le portail NGOforUkraine.eu rassemble actuellement 96 appels à donation en provenance de 37 pays. Cette liste ne devrait, hélas, pas se réduire dans un avenir proche.
Le nombre de foyers fiscaux donateurs et le montant de la collecte ont en effet été divisés par deux depuis 2018.
Du bon et du moins bon
Une analyse plus fine des chiffres de la générosité des Français révèle toutefois certains détails plutôt inquiétants. Le nombre de foyers fiscaux donateurs et le montant de la collecte ont en effet été divisés par deux depuis 2018. La progression annuelle du don moyen est due à la générosité grandissante des foyers les plus fortunés et des entreprises.
nos compatriotes ont de moins en moins de temps à accorder au bien commun.
Les familles dont les revenus annuels dépassent 60.000 euros représentent ainsi aujourd’hui 23% des mécènes et 43% des montants collectés. Les fratries les plus riches sont de plus en plus nombreuses à créer leur propre fonds et fondations pour réaliser leur projet d’utilité publique. Il existe actuellement 2776 de ces structures dans l’hexagone contre à peine 1109 en 2001, selon le Baromètre annuel de la philanthropie publié par la Fondation de France. Leurs actifs ont, quant à eux, été multipliés par 4 en deux décennies, à 32 milliards d’euros et leurs dépenses annuelles sont passées de 3,1 à 11,9 milliards d’euros. La volonté d’accompagner la transition écologique et de protéger la biodiversité sont au cœur de l’engagement de près de 30% des nouvelles structures abritées par la Fondation de France.
La générosité des sociétés a progressé de 119% en neuf ans.
Les sociétés à la rescousse
Les entreprises sont également de plus en plus actives dans ce secteur. La générosité des sociétés a progressé de 119% en neuf ans. Depuis 2010, le nombre de firmes mécènes a presque… quadruplé (104.000 contre 28.174). Mais là aussi, les statistiques doivent être étudiées de près car si le nombre de petites sociétés donatrices est passé de 15.500 à 62.000 en neuf ans, Plus inquiétant, le montant médian des sommes versées continue de chuter année après année puisqu’il ne dépassait pas 1308 euros en 2018 contre 1403 euros un an plus tôt et 1600 euros en 2012 (aucun chiffre plus récent existe).
la part des grands groupes est en net recul (54% du volume total contre 62% en 2010).
Le bénévolat en chute libre
La pandémie a, quant à elle, accéléré le déclin du bénévolat. Le taux d’engagement bénévole associatif atteint ainsi tout juste 22% aujourd’hui contre 24% il y a trois ans. Ce recul est encore plus net chez les plus de 65 ans (38% à 26%) et les 50-64 ans (26% à 17%). La fin des restrictions sanitaires pourrait faire repartir ces chiffres à la hausse mais il semble bien que nos compatriotes aient de moins en moins de temps à accorder au bien commun. Alors généreux les Français ? A vous de le dire…