Simple défouloir virtuel ou version digitale du « J’accuse » ? Véritable service public ou grosse arnaque sensée berner les plus crédules ? A vous de vous faire votre propre opinion…
La « désinfluence » a fait les gros titres de nombreux sites spécialisés au mois de mars dernier. Depuis, comme c’est souvent le cas dans la presse, ce thème a presque disparu des radars. Il continue pourtant de progresser à pas de géant sur la Toile. Sur TikTok, des dizaines d’internautes recommandent à leurs abonnés d’arrêter d’acheter des produits qui ne sont pas utiles ou qui peuvent être remplacés par d’autres articles moins coûteux et tout aussi, voire même plus, efficaces. Le hashtag #desinfluencing sur la plateforme chinoise comptait 270 millions de vues au mois de mars. Il en a plus de 683 millions aujourd’hui.
Des parallèles saisissants
La page d’accueil de ce compte ressemble pourtant à des millions d’autres. Des internautes, pour la plupart des jeunes femmes, se filment avec leur portable et des anneaux lumineux qui se reflètent sur leur pupille. Devant leur caméra, beaucoup montrent différents produits. Cela ne vous rappelle rien ? Cliquons quelques vidéos…
Avec un accent anglais à couper au couteau, AshsLifeStories nous déverse sa haine contre certains produits qu’elle a testé et qui, selon elle, ne lui ont servi à à rien. Son langage fleuri (les Britanniques visiblement ne bipent pas les « fuck ») nous ferait presque croire à un film de Martin Scorsese ou de Guy Ritchie. Livekindly juge, pour sa part, qu’il est inutile d’acheter sur Amazon des bouteilles en plastique vides pour y mettre du lait et des jus de fruits qui sont, eux-mêmes, déjà vendus dans des bouteilles. Remplacer des contenants par d’autres ne fait que doubler le volume de matières premières utilisées. Absurde et confondant. Si ces vidéos répondent bien à la logique de déconsommation, d’autres nous laissent plus dubitatifs.
De qui se moque t-on?
Neverdunnhome nous explique ainsi son raz-le-bol de voir son énorme tasse de voyage avec paille fuir non-stop mais elle s’empresse ensuite de nous montrer les bienfaits de l’autre produit qu’elle vient de se commander. daus_mendoza compare, quant à lui, les maquillages qu’ils abhorrent avec ceux qu’ils adorent en n’omettant pas, bien sûr, de citer et de montrer leur marque. Ces posts ressemblent à s’y méprendre à ceux d’influenceurs lambda. Déconseiller un article pour mettre en avant un autre est une vieille recette bien connue des publicitaires. Les désinfluenceurs ne seraient-ils donc pas des influenceurs cachés ?
Modérer ou disparaître, il faut choisir…
Le problème avec les réseaux sociaux est, comme toujours, c’est leur manque de modération. Créer des comptes pour condamner les excès de certains créateurs de contenu est une bonne chose mais encore faut-il s’assurer que ces plateformes ne contiennent pas des vidéos de personnes qui ont été payées pour vanter les mérites de telle ou telle marque. Sans contrôle, ces initiatives, qui vont dans le bon sens, perdent tout leur sens et leur légitimité.