16 mars 2023

Temps de lecture : 3 min

La culture, cette grande pollutrice qui s’ignore …

Des millions de personnes qui se déplacent pour aller voir une expo ou un concert, des bâtiments anciens énergivores, des installations temporaires jetées à la poubelle après quelques semaines... La culture n’est pas une amie de la nature. Mais des solutions existent...

La culture et l’écologie font-ils bon ménage ? Visiblement non… Un collectif d’élèves de l’Ecole du management culturel et du marché de l’art (ICART) a cherché à sonder le degré de sensibilisation des étudiants et des professionnels de la culture aux enjeux climatiques et énergétiques. Les conclusions  sont pour le moins troublantes pour ne pas dire inquiétantes. Si 94,9% des élèves et 93,1% des salariés reconnaissent que leur secteur a un impact sur le climat, rares sont ceux qui connaissent les mesures qu’ils pourraient mettre en œuvre pour répondre à l’urgence climatique. A peine 33,6% des étudiants et 50% des professionnels savent, par exemple, que le déplacement du public représente l’immense majorité des émissions d’un musée. La culture et les loisirs sont la troisième cause de mobilité des Français. Cette méconnaissance de la réalité est, en partie, liée à une mauvaise éducation de acteurs du secteur. Seuls 21,4% et 16,1% des professionnels et des étudiants ont suivi une formation relative à la RSE. Plus d’un tiers des jeunes ne connaissent même pas le sens du sigle. Ces chiffres ont toutefois tendance à chuter si on les compare à l’édition précédente de l’étude de l’ICART publiée en 2021. On se rassure comme on peut… Tout ou presque reste à faire dans ce secteur.

Le Louvre a été le premier, en 2011, à créer un poste de chargé de développement durable dans son établissement.

Trop peu de bilan carbone

A peine un quart des établissements culturels (26%) publics réalisent un bilan carbone. Sur les 4 milliards d’euros du budget de la culture, seuls… 0,45% soutiennent la responsabilité sociale des entreprises. Plusieurs musées commencent toutefois à chercher des solutions pour réduire leur empreinte environnementale. Le Louvre a été le premier, en 2011, à créer un poste de chargé de développement durable dans son établissement. Ses dirigeants ont aussi signé la Charte développement durable des établissements et entreprises publics. Ces initiatives ne l’ont toutefois pas empêché de signer un partenariat avec TotalEnergies qui a été condamné par plusieurs ONG dont Greenpeace. Le Centre Pompidou, le Palais de Tokyo et le Musée d’Orsay ont, eux aussi, nommé des responsables RSE ces dernières années.

le Centre Pompidou, véritable passoire énergétique » va être en travaux pendant trois ans.

Des travaux nécessaires

Certaines institutions tentent également de réduire la consommation énergétique de leurs bâtiments. A partir de l’automne 2024, le Centre Pompidou, qui est aux dires même de sa directrice générale, Julie Narbey, « une véritable passoire énergétique » va être en travaux pendant trois ans. Cette rénovation devrait lui permettre de réduire de plus de 40% sa facture énergétique. Le Musée d’Orsay a, lui, déjà baissé de 18% ses consommations énergétiques par rapport à 2019et son objectif est d’atteindre un recul de 40% dès 2030.

Pour son exposition sur Goya, le Palais des Beaux Arts de Lille a réutilisé 65% des éléments structuraux de la scénographie, pour l’expo suivante.

Deux fois, c’est mieux qu’une…

Une autre solution d’avenir semble être l’écoconception de la scénographie des musées et des expositions. Inspiré de l’écolomuséologie née en Amérique du Nord, ce concept prend en compte les impacts environnementaux et sociaux des activités muséales, y compris en tant que producteur économique, employeur ou producteur de contenu. Pour son exposition sur Goya, le Palais des Beaux Arts de Lille a réutilisé 65% des éléments structuraux de la scénographie pour l’expo suivante. Le Festival d’Aix a, pour sa part, été le premier à publier un guide méthodologique d’éco-conception des décors. La Ville de Paris a, elle aussi, conçu un livret opérationnel pour développer l’économie circulaire dans la culture.

 

Vive la réalité virtuelle

La principale source de pollution des musées, des expositions et des concerts étant liés au déplacement des amateurs d’art et du public, ne faudrait-il plutôt pas encourager les visites virtuelles ? Les nouvelles technologies (immersion à 360°, casque de réalité virtuelle, images en 3D…) sont de plus en plus bluffantes. Se faire une expo, assister à un concert ou voir un opéra, sans bouger de chez soi ? Protéger Mère Nature demande parfois quelques efforts…

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