14 juin 2023

Temps de lecture : 3 min

La contrefaçon devient-elle légitime dès lors que les produits d’origine sont trop chers ?

Depuis des décennies, les douanes du monde entier la combattent avec acharnement. Pourtant, depuis... des décennies, son commerce explose. Une question de mentalité? Satanés consommateurs !

Julio Laporta, porte-parole de l’EUIPO aka l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle –, avait déclaré l’année dernière au cours d’une interview accordée à Fashion Network que « La contrefaçon n’est pas un crime sans victime ». Selon une nouvelle étude publiée cette semaine par l’instance européenne, la consommation de produits contrefaits constitue toujours un champ de bataille culturel important en Europe, voire même un acte militant, selon la manière d’analyser les résultats de l’étude. Le sondage stipule en effet que 31 % des citoyens de l’UE considèrent comme acceptable de s’en procurer lorsque le prix du produit original est trop élevé, un chiffre qui monte à 50 % dans le cas des 15 à 24 ans. Des données qui témoignent également d’une vision, disons… particulière, de la propriété intellectuelle.

L’étude a été réalisée sur la base d’entretiens menés entre le 30 janvier et le 15 février 2023 auprès de 25 824 sondés âgées de 15 ans et plus dans tous les États membres de l’UE. Le rapport montre que 13 % des Européens interrogés déclarent avoir acheté intentionnellement des produits de contrefaçon au cours des douze derniers mois. Ce chiffre atteint 26 % chez les 15-24 ans, mais tombe à 6 % chez les adultes âgés de 55 à 64 ans et à moins de 5 % chez les utilisateurs âgés de 65 ans et plus. Pour l’Espagne, ce chiffre s’élève à 20 %, ce qui en fait le deuxième pays de l’UE où la plupart des contrefaçons ont été acquises intentionnellement, après la Bulgarie – à hauteur de 24 % –, le Luxembourg et l’Irlande – tous deux à 19 % – et la Roumanie – à 18 % –.

 

 

Cas de conscience

Des chiffres qui détonnent quand on observe que les Européens ont davantage conscience des risques et des conséquences liés à l’achat de produits contrefaits. L’EUIPO affirme que 80 % d’entre eux considèrent que les organisations criminelles sont à l’origine de la contrefaçon et que l’achat de produits contrefaits ruine des entreprises et détruit des emplois, un chiffre qui atteint 84 % dans le cas de l’Espagne – sacrée dualité –. En outre, 83 % des personnes interrogées estiment également que ce type d’achat favorise des comportements contraires à l’éthique.

Quand on demande aux sondés les raisons qui pourraient les inciter à délaisser les faux sacs Gucci et autres Nike Jordan reproduites à l’identique, ces derniers répondent en priorité une baisse du prix des produits originaux suivi du risque d’expériences négatives. Qui plus est, un manque d’information et, plus globalement, une certaine ignorance, peuvent conduire les consommateurs à céder, sans le savoir, aux sirènes de la contrefaçon. Selon l’étude, 39 % des Européens, et même 52% des 15-24 ans, se sont déjà demandés s’ils n’avaient pas acheté un produit contrefait.

 

 

Des particularités régionales

Ce travail de recherche menée par L’EUIPO révèle également des différences significatives entre les États membres. Aux Pays-Bas ainsi qu’au Danemark, par exemple, seulement 26 % des consommateurs ne sont pas sûrs de l’authenticité de ce qu’ils achetaient – un chiffre qui témoigne d’une confiance importante accordée par les citoyens envers leurs instances de régulation – alors que cette proportion s’élève à 72 % en Roumanie.

Une situation similaire peut être observée dans le domaine de la consommation de contenus. L’étude montre que 14 % des citoyens européens, et 33% des 15-24 ans, admettent avoir accédé intentionnellement à des contenus par le biais de sources de streaming illégales au cours des douze derniers mois. La grande majorité d’entre eux – 65 % – considère qu’il est légitime de pirater lorsque le contenu n’est pas disponible sur leur abonnement.

 

Des mentalités qui bougent

L’EUIPO stipule que le piratage est principalement utilisé pour regarder des retransmissions sportives, par le biais d’appareils ou d’applications de streaming illicites. Parmi les raisons qui inciteraient les utilisateurs à cesser de consommer illégalement des contenus audiovisuels, on retrouve en tête une plus grande accessibilité et une plus grande variété de contenus provenant de sources légales.

Mais tout n’est pas perdu pour les diffuseurs puisque les mentalités évoluent à grande vitesse. Près de 9 personnes sur 10 connaissent au moins un type d’offre légale de contenu dans leur pays et 43 % d’entre eux ont déjà souscrit à l’un d’entre eux. 80 % des sondés déclarant même préférer utiliser des sources légales pour accéder au contenu en ligne si une option abordable est disponible.

 

 

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