La Chine menace de détruire les satellites Starlink d’Elon Musk
Un article publié le mois dernier par des chercheurs de l'armée chinoise met en garde Elon Musk quant à une hypothétique utilisation de ses satellites Starlink* à l'encontre de la Chine. Un simple avertissement, pour l'instant, pour une menace bien réelle. En témoigne l'usage actuel de ces mêmes satellites par l'armée Ukrainienne. Selon les auteurs de l'article, mieux vaut ne pas réveiller le dragon endormi.
L’affaire avait fait beaucoup parler il y a quelques mois. Peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, plusieurs régions du pays avaient rencontré des problèmes de connexion à internet, ce qui avait immédiatement fait craindre une coupure généralisée orchestrée par le gouvernement Poutine. Afin de prévenir une telle situation qui aurait pu gravement entraver les opérations menées par son armée, le vice-premier ministre ukrainien Mykhailo Fedorov avait contacté Elon Musk via Twitter pour lui demander de livrer des stations terrestres capables d’exploiter internet grâce aux fameux satellites Starlink*.
Le milliardaire avait accepté sur le champ et un mois plus tard, MykhailoFedorov avait déclaré au Washington Post que l’Ukraine utilisait à présent « des milliers de terminaux [Starlink] et que de nouvelles livraisons » allaient arriver tous les deux jours. Selon leTimes, une unité d’élite de pilotes de drones ukrainiens s’appuyait désormais sur le service Starlink pour mener à bien leurs missions. Dénommé « Aerorozvidka », pour « reconnaissance aérienne » dans la langue de Sébastien Lecornu, elle effectue depuis, environ 300 missions par jour, allant d’opérations de reconnaissance au largage nocturne de grenades antichars sur des cibles russes hautement prioritaires.
Force de persuasion
Au-delà de nous démontrer, une fois de plus, la force de frappe phénoménale d’Elon Musk et de ses entreprises affiliées, capables de tenir tête – un temps du moins, et sur la base d’opérations bien précises –, à l’armée Russe, cette collaboration bénéfique aux opérations militaires ukrainiennes aura certainement eu le mérite de faire entendre à bon nombre de gouvernements à travers le monde qu’il valait mieux ne pas se mettre le mogul américain à dos.
des chercheurs affiliés à l’armée chinoise appellent désormais au développement d’une arme capable de détruire le système de satellites d’Elon Musk
Bien décidés à ne pas se trouver du mauvais côté du viseur dans les années à venir, des chercheurs affiliés à l’armée chinoise appellent désormais au développement d’une arme capable de détruire le système de satellites d’Elon Musk si jamais il venait à l’esprit de ce dernier, de menacer la sécurité nationale Chinoise.
À travers un article publié le mois dernier dans la revue China’s Modern Defence Technology – spécialisée dans le mobilier d’extérieur, mais pas seulement –, les chercheurs ont attiré l’attention sur « l’énorme potentiel d’applications militaires » de Starlink et sur la nécessité pour la Chine de développer des outils capables de surveiller, de désactiver ou même de détruire la méga-constellation de satellites en pleine expansion. L’article est désormais inaccessible.
La société d’Elon Musk prévoit d’envoyer jusqu’à 42 000 satellites dans l’espace
Pour rappel, depuis le lancement des premiers satellites Starlink en 2019, SpaceX en a mis plus de 2300 en orbite terrestre basse, et la société prévoit d’envoyer jusqu’à 42 000 satellites dans l’espace pour former cette gigantesque méga-constellation dont nous venons de parler. Pour les plus curieux et les mieux informés d’entre vous, car le document reste très théorique, vous pouvez consulter une copie de l’article traduit en anglais juste ici.
Un double dispositif de défense
« Une combinaison de méthodes de soft kill et de hard kill(1) devrait être adoptée afin que certains satellites Starlink perdent leurs fonctions et détruisent le système d’exploitation de la constellation », ont écrit des spécialistes, dirigés par Ren Yuanzhen, chercheur à l’Institut de suivi et de télécommunications de Pékin, qui fait partie de la Force de soutien stratégique de l’armée chinoise.
Les chercheurs chinois sont donc particulièrement préoccupés par les capacités militaires potentielles de la constellation, qui, selon eux, pourrait être utilisée pour suivre des missiles hypersoniques, augmenter considérablement la vitesse de transmission des données des drones et des avions de chasse furtifs américains, ou même percuter et détruire des satellites chinois. Un round de plus – mais pas des moindres – dans la bataille que livre le parti communiste au nouveau bijoux d’Elon. L’année dernière, le gouvernement chinois s’était plaint auprès de l’ONU du fait que sa station spatiale avait été contrainte d’effectuer des manœuvres d’urgence pour éviter des « rencontres rapprochées » avec des satellites Starlink entre juillet et octobre 2021.
Un Musk averti en vaut deux
Bien conscient du danger, mais pas vraiment inquiété, Elon Musk avait déclaré à des journalistes dans le cadre de la conduite d’une opération spéciale russe en Ukraine : « Si vous essayez de désactiver Starlink, ce ne sera pas facile car nous avons déjà plus de 2 000 satellites. Cela signifie beaucoup de missiles anti-satellites. J’espère que nous n’aurons pas à tester cela dans la pratique, mais je pense que nous pouvons lancer des satellites plus rapidement qu’ils ne peuvent les abattre avec leurs anti-satellites ». Un avis également partagé par les auteurs puisqu’ils déclarent dans l’article : « La constellation Starlink constitue un système décentralisé. La confrontation ne porte pas sur des satellites individuels, mais sur l’ensemble du système. Cela nécessite des mesures à faible coût et à haute efficacité ».
La Chine cherche également à concurrencer directement le réseau d’Elon en lançant son propre réseau de satellites appelé Xing Wang, ou Starnet.
Ces derniers proposent pêle-mêle la construction de satellites espions chinois pour mieux surveiller leurs concurrents américains, le développement de nouveaux dispositifs pour mieux les pirater et de nouvelles méthodes plus efficaces pour abattre plusieurs satellites en même temps. Cela pourrait se traduire par le déploiement de lasers, d’armes à micro-ondes ou de plus petits satellites qui pourraient être utilisés pour essaimer les satellites de Starlink. La Chine cherche également à concurrencer directement le réseau d’Elon en lançant son propre réseau de satellites. Appelé Xing Wang, ou Starnet, il visera également à fournir un accès Internet mondial aux clients payants. Selon un rapport récemment publié par le ministère américain de la Défense, la Chine a plus que doublé son nombre de satellites de renseignement, de surveillance et de reconnaissance depuis 2019, passant de 124 à 250. Au début de l’année 2022, le nombre total de satellites chinois était de 499, juste derrière les États Unis et ses quelques 2 944 unités, dont 2 300 estampillés SpaceX. La bataille, qui débute à peine, entre les deux belligérants n’est pas prête de livrer son verdict.
(1)Le hard kill et le soft kill sont les deux catégories connues d’armes spatiales. Le hard killregroupe les armes qui frappent physiquement leurs cibles – telles que les missiles – et le soft kill se limite au brouillage et aux armes laser.
En résumé
Des chercheurs de l’armée chinoise développent dans un article toute une série de mesures de défense pour combattre le réseau de satellites Starlink* développé par SpaceX. Pour rappel, il s’agit d’un réseau Internet haut débit développé par la société SpaceX de Musk qui vise à fournir, grâce à l’antenne parabolique adéquate, un accès Internet partout dans le monde.
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