« Oui mais si… ». Cette sempiternelle rengaine est l’ennemi du consommateur. Il se passerait bien de se demander constamment « si cela en vaut la peine » avant de se rendre quelque part ! Pour justement que l’anxiogène « si » disparaisse du processus décisionnel, une startup californienne propose à chacun de pouvoir anticiper sur son choix en regardant à l’instant présent ce qu’il se passe à l’endroit souhaité.
Vous voulez vous rendre dans un restaurant mais n’aimez pas attendre ? Vous désirez aller faire du shopping sans être certain des horaires d’ouverture ? Vous souhaitez aller à la plage uniquement si elle n’est pas bondée ? Vous envisagez d’aller dans un bar mais craignez qu’il ne soit fermé ou déjà trop plein ? Koozoo ambitionne d’apporter une réponse à chacune de ces questions inévitables.
Testée pour l’instant en version Beta et uniquement sur San Francisco, l’application inspirée du modèle de Spotfav permet au surfeur de connaître l’état des vagues avant de se jeter à l’eau. Le lancement est prévu dans quelques semaines, une fois le réseau de webcams installé. Le 12 décembre dernier, la plate-forme annonçait avoir levé quelque 2 millions d’euros supplémentaires pour offrir à chaque citoyen une « fenêtre sur le monde » grâce à un crowdsourcing vidéo 24/24.
Le citoyen remplace l’exécutif politique
L’idée est de demander à chaque utilisateur de se servir d’un vieux smartphone comme webcam et de filmer pendant 24 heures de la fenêtre de son domicile ou de son bureau. Comme source locale d’information en temps réel, le réseau Koozoo permettrait donc de prendre le pouls d’un lieu public sans devoir se déplacer, en comptant sur le citoyen et non pas les autorités pour jouer le Big Brother. Pour se renseigner sur le temps ou l’agitation des rues dans un pays en plein trouble politique, ce nouveau venu dans l’économie de partage peut se révéler efficace.
Pour Drew Sechrist, co-fondateur et CEO, « les gens veulent un accès immédiat sur ce qui se passe dans le monde » et Koozoo offre « un outil innovant et crucial pour y arriver ». Il développe : « Avant que Facebook ne voit le jour, il semblait si compliqué voire impossible de reprendre contact avec des vieux amis de lycée. C’est désormais tellement naturel. De la même manière, il est difficile aujourd’hui de savoir s’il y a la queue au café au coin de sa rue. On veut simplifier cette situation».
Pour les lieux publics uniquement
Novateur sans être pionnier – Localmind propose grosso modo le même service sur la base d’un questions/réponses interactif – Koozoo pose évidemment le problème de la protection de la vie privée pour les personnes filmées à leur insu. Car même en utilisant son téléphone, installer dans des endroits publics ce qui ressemble finalement à des caméras de surveillance, nécessite des outils de droits à l’image en bêton armé. Les fondateurs de Koozoo plaident pour l’intérêt général, persuadés que leur projet servira chaque citoyen-consommateur.
« Koozoo est conçu pour les endroits public uniquement, les lieux privés n’y auront pas leur place. Nous avons un système de filtrage qui s’en charge, mais c’est une réponse rapide d’urgence. Pour apporter une réponse à long terme, nous sommes en train de travailler avec les meilleurs spécialistes mondiaux des sciences informatiques et du respect de la vie privée, pour qu’ils déterminent les zones appropriées et celles qui n’ont pas leur place chez nous », explique Drew Sechrist. Pour les marques comme pour les médias, s’il venait à fonctionner et à se développer, Koozoo serait clairement un acteur de changement.
Benjamin AdlerRubrique réalisée en partenariat avec ETO