31 août 2011

Temps de lecture : 2 min

Klouter en travaillant

Voilà qu’il faut maintenant afficher son «Klout Score» sur son cv. Pour les moins branchés (atteints?) d’entre nous: le Klout Score mesure l’influence des individus online, via une analyse de sa «résonance» sur Twitter, Facebook, LinkedIn et bientôt Foursquare, YouTube,etc. (déjà une dizaine de media sociaux pris en compte).

Un gros score, vous êtes un «player», un petit, vous repasserez…

Alors il faut publier du statut, balancer du tweet, et puis du bon, en espérant qu’il soit repris , et pas par n’importe qui. Se démener pour obtenir un +K, et autres gratifications du même genre. Et faire tout ça en plus du reste. Voilà que les cadres  – qui n’en faisaient pas assez – «check-in» à  leur propre bureau en arrivant le matin.

Les publicitaires, bien sûr, font feu de tout bois: blog, tweet, check-in, car il faut occuper l’espace, dire des choses en espérant être entendu, même depuis son lieu de vacances. (Peut-on partir en vacances sans twitter? Voire: existait-on vraiment en vacances?).

Mais tout ça prend du temps. A une époque pas si lointaine, il s’agissait de «faire de la veille». D’arrêter d’agir et de parler pour lire des études et réfléchir un peu. Nous maintenir à niveau ou gagner en compétence. Pour nous-mêmes et pour nos clients.Là, il faut parler: gagner du follower, du retweet, faire savoir au moins autant que savoir, bref, performer pour intégrer, par exemple, le top 100 Klout francais

  Travailler ou tweeter, il ne faut plus choisir.

Parmi les gens que je suis sur Twitter, des présidents de grandes agences. Impossibles à voir sans rendez-vous. Ne répondant (j’imagine) aux mails de leurs collaborateurs qu’avec beaucoup de retard. Soucieux, concentrés, parant au plus pressé.

Mais qui publient à jet continu du tweet, une vingtaine ou plus par jour, incluant des liens vers des posts qu’ils ont censément lus ou vus. Et qui scrutent les résultats de leur activité à l’aide d’outils dédiés, du genre  twentyfeet.
Alors un Patron, ça sait faire plein de choses en même temps, et ça dort peu. Et la nuit, ça tient son blog. Sinon ça serait pas un Patron. Mais quand même: n’ont ils pas des clients, des compétitions et même des collaborateurs qui exigent une attention sans partage?

Voilà donc que les nouveaux media ajoutent un défi supplémentaire: qui distinguera les tout meilleurs (les Patrons) des un peu moins bons, condamnés à ne pas pouvoir tout faire. Du multi-tasking à outrance, de la performance permanente, de la mise en scène de tous les instants: l’over-achiever doit over-achiever davantage?

A moins, à moins, qu’il n’y ait là un nouveau job pour jeunes stagiaires d’écoles de commerce, qui expliquerait ce tour de force? Peut être même un package Blog/fil twitter pour 1000 euros par mois?

Je ne suis plus en Agence, et on ne m’a jamais demandé: alors je ne sais pas. Ah mais si: il y a trois mois, pour écrire sur le blog d’un président d’agence, justement…

Vincent Balusseau,
 Vincent Balusseau, ancien Directeur général de Première Heure, est doctorant en sciences de gestion à l’ESCP Europe et intervenant en grandes écoles. Merci de l’aider à booster son «Klout score» en le suivant sur Twitter: @vbalusseau.

 

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