l’entreprise est rentable depuis plus de quatre ans. Nous sommes très fiers d’être une application rentable !
INfluencia: près de dix ans après son lancement, où en est Happn aujourd’hui ?
Karima Ben Abdelmalek: Happn, c’est 135 millions d’utilisateurs inscrits depuis notre lancement en 2014. Nous sommes dans le top 5 mondial des apps de rencontre les plus téléchargées. Nous sommes évidemment très présents en Europe, avec la France comme premier marché, mais également en Amérique latine, avec 23 millions d’inscrits au Brésil, par exemple. Nous comptons aussi 33 millions d’inscrits en Inde et 7 millions en Turquie. Ces pays émergents sont très intéressants car ils commencent à adopter les applications de rencontre et nous avons des projections de croissance très importantes là-bas.
Derrière tout cela, il y a toute une équipe de plus d’une centaine de personnes, composée à 70% de profils tech. Ce sont des gens qui sont là pour créer du lien social, en gardant toujours en tête notre mission : provoquer des rencontres dans la vraie vie, en toute confiance, avec une dimension éthique très importante. Cela veut dire respecter la vie privée, être transparent avec nos utilisateurs, ou encore protéger leurs données et leur santé mentale.
Et puis, il y a aussi un business model solide derrière Happn : l’entreprise est rentable depuis plus de quatre ans. Nous sommes très fiers d’être une application rentable ! D’autant plus qu’avec la pandémie, notre modèle a vraiment prouvé sa résilience et son agilité.
jamais nous ne commercialisons les données de nos utilisateurs : ce n’est pas notre modèle économique et c’est un point qui est au cœur de la confiance que nous avons construite avec eux.
IN. : quelle est la place de la publicité dans le modèle économique de l’application ?
K.B.A. : nous avons un modèle freemium et les abonnements de nos utilisateurs sont notre source de revenus principale. Nous avons aussi des achats à l’acte, comme les “boosts” qui permettent d’augmenter ponctuellement la visibilité d’un profil. Nous avons aussi des espaces publicitaires, pour les marques, mais aussi pour des communications engagées – comme récemment avec l’ONG A Voté, en partenariat avec le Service d’Information du Gouvernement. Mais jamais nous ne commercialisons les données de nos utilisateurs : ce n’est pas notre modèle économique et c’est un point qui est au cœur de la confiance que nous avons construite avec eux.
les gens ont besoin de légèreté, ils ont envie de croire encore dans le destin.
Le dating est un marché qui évolue très rapidement : quelles sont les nouvelles fonctionnalités et tendances que vous intégrez dans votre application ?
K.B.A. : effectivement, notre enjeu est d’intégrer en permanence les mutations sociétales que nous vivons. Nous avons ainsi publié en début d’année un cahier de tendance avec Nelly Rodi sur le sujet du dating. La première tendance identifiée est le besoin de reprendre la main sur sa vie de célibataire. Avec la sortie de la crise Covid, les gens ont décidé de reprendre le contrôle sur eux-mêmes, leurs besoins et leur temps. C’est notamment pour cela que nous avons développé un “hub” dans notre application, pour proposer plus qu’un catalogue de profils : nous laissons aux utilisateurs la liberté d’explorer et de filtrer en fonction de leurs envies.
Nous avons aussi identifié une tendance liée à la dimension “magique” de la rencontre : les gens ont besoin de légèreté, ils ont envie de croire encore dans le destin. C’est pour cela que nous jouons sur les tendances astro, à travers la fonctionnalité “Crush Time” ou dans nos communications social media. L’idée est de redonner de l’espoir et de l’énergie positive aux gens, à travers un produit dynamique et positif.
En outre, nous avons aussi développé la fonction « Ready to Date », un moyen simple pour dire quand on est prêt à “dater” après un premier échange de messages, car aujourd’hui, c’est souvent difficile de communiquer son consentement. Nous sommes là pour lever les difficultés à communiquer et supprimer les frustrations qui peuvent exister entre célibataires.
Nous sommes là pour changer les mentalités, pour aider les célibataires à ne pas rester soumis à la pression sociale en matière de rencontres.
Vous évoquiez votre présence en Inde et en Turquie : ces marchés émergents ont-ils une approche spécifiique du dating ?
K.B.A. : on observe dans ces pays un fort besoin de sécurité, ce qui nous oblige aussi à renforcer nos outils et nos communications sur ces sujets. Nous sommes là pour changer les mentalités, pour aider les célibataires à ne pas rester soumis à la pression sociale en matière de rencontres. Nous aidons à les décomplexer et à vivre avec leur temps, pour qu’ils puissent faire de belles rencontres grâce à la technologie.
D’ailleurs, le fait d’être une boîte européenne, soumise au RGPD, en fait aussi un atout pour ces pays-là. Le DSA qui est en discussion au niveau européen va faire exactement la même chose dans la lutte contre les contenus illicites et les comportements inappropriés. L’Europe devient un moteur pour construire un internet beaucoup plus sécurisé à l’échelle mondiale.