Il n’y a pas qu’en ville que l’utilisation de la voiture fait débat. En montagne aussi sa présence en nombre a de sérieuses conséquences. Une association a décidé de montrer l’exemple de manière artistique. Une opération aussi brillante qu’éphémère ?
La pollution de l’air n’est pas un épiphénomène, elle n’est pas non plus réservée aux sites industriels ou urbains. Qui peut croire que sa qualité est altérée seulement lors de pics, ou qu’elle s’arrête à la frontière des villes, des pays ou des enceintes des usines ? Qui ? Le fléau est là, partout et tout le temps. Y compris à la montagne. Peut-être même encore davantage en raison du CO2 rejeté par des milliers de voitures utilisées pour de petits trajets dans les jolies stations de ski, qui consomment jusqu’à quatre fois plus à cause du froid et de l’altitude. Contaminant la neige et menaçant les résidents, la faune et la flore. Une débauche de trajets d’autant plus qu’en station bien souvent -à la différence d’autres endroits- des navettes gratuites sont à disposition des touristes et riverains.
Alors, comment convaincre les automobilistes d’abandonner leur voiture et surtout que ce comportement devienne un réflexe ? Mountain Riders, association d’éducation au développement durable, et l’agence J. Walter Thompson Paris ont mené une opération de guerilla marketing, baptisée Untouchable Cars, en « immobilisant » les véhicules. Attention, pas question ici d’utiliser un sabot ou de siphonner le réservoir d’essence. Pendant quatre jours, dans les Alpes du nord ( Le Houches 74310), Mountain Riders a fait appel à neuf sculpteurs pour transformer la neige fraîche tombée sur le toit des voitures en statues d’animaux, et symboliser ainsi la fragilité de l’environnement montagneux : « Je suis malade de ce Co2 emprisonné par l’altitude », souligne la voix off.
Un message accompagnait les sculptures pour enfoncer le clou et promouvoir une mobilité responsable dans les stations. De plus, difficile ne pas prendre en compte ce genre d’initiative devant l’esthétisme des réalisations et c’était bien là le but de la manœuvre : « Des voitures à la beauté si fragile que personne, pas même les propriétaires, n’osent les toucher » déclare la voix off. Conséquence directe, le trafic des navettes a augmenté de 30% grâce à l’opération, se réjouit Virgile Brodziak, directeur général en charge des stratégies. Un dispositif intéressant qui devrait, au-delà du lieu de tournage, bien naviguer sur le Web. Car ce type de message bien éditorialisé, prend tout son sens s’il devient viral. Et c’est tout ce qu’on lui souhaite vu l’urgence de la situation…