INfluencia : Quel est votre rôle au sein du Club des Annonceurs ?
Julien Villeneuve : Je suis engagé depuis plusieurs années au sein du Club des Annonceurs. J’ai longtemps été associé et je suis aujourd’hui un de ses administrateurs. C’est à ce titre que je participe au comité de pilotage de THE BRAND IMMERSION qui est notre principal événement annuel. Le LCDA est une association que l’on pourrait comparer à un think-tank dans lequel les patrons de marque, de la communication et du marketing se réunissent pour partager leurs visions, leurs doutes et leurs incertitudes. On discute tous ensemble pour évoquer nos problématiques professionnelles et personnelles. Cette notion de partage est vraiment dans l’ADN du club.
IN : Ces rencontres servent-elles à définir le thème de votre étude annuelle ?
J. V. : Elles font partie du processus de sélection du thème. Généralement, on s’aperçoit que nous partageons tous une problématique commune et qu’un fil rouge se dessine. Chaque début d’année, les 17 administrateurs du LCDA réfléchissent sur les thèmes du moment. Ces échanges sont très ouverts. La première réunion permet de défricher le terrain et au fil du temps, notre grille de lecture s’affine. Après trois ou quatre réunions, la thématique définitive est généralement trouvée et c’est à ce stade que des volontaires se désignent pour rejoindre la Task force. Nous étions trois cette année à nous emparer du sujet Value.s. Notre rôle est de traduire au mieux les analyses « quanti » et « quali » ainsi les interviews des patrons de 30 marques que nous menons afin que l’étude annuelle soit le plus utile possible aux membres du LCDAmais aussi aux nombreux dirigeants de marque qui se rendent à notre événement.
IN : Pouvez-vous nous expliquer pourquoi le thème Value.s a été retenu cette année ?
J. V. : Ces dernières années, les grands enjeux étaient surtout environnementaux. C’est pour cela que le thème retenu en 2022 était celui de la sobriété. A la fin de l’année dernière, nous avons tous pris conscience que nous vivions un changement assez radical. Dans le secteur de l’immobilier dans lequel je travaille, nous avions perçu ce mouvement un peu plus tôt car nous sommes très sensibles à la hausse des prix, à la montée des taux d’intérêt et à l’accès au crédit. L’inflation est une problématique qui touche toutes les marques, quel que soit leur secteur d’activité. Un fossé s’est récemment créé entre nos propositions de valeur et la valeur accessible pour les consommateurs. La hausse de l’inflation nous impose à redéfinir cette notion de valeur. D’où le titre de notre étude annuelle : Value.s.
IN : Comment peut-on opérer ce changement ?
J. V. : Nous devons faire de davantage de pédagogie vis à vis de nos clients et dans nos discours. Nous avons donné l’illusion pendant des années, que le bon marché était la vraie valeur mais nous nous sommes tous trompés. Les gens qui critiquent la surconsommation sont ceux qui sont prêt à passer deux heures dans une file d’attente pour aller dans un magasin Shein. Demain, il faudra probablement payer un peu plus une chose ou un service mais la véritable valeur des choses serait peut-être là. La valeur n’est pas uniquement une valeur d’usage mais aussi une valeur de répercussion. Nous devons faire évoluer nos mentalités. Le rôle des marques est d’orienter les consommateurs vers le mieux consommer mais cette stratégie n’est pas forcément antinomique du business. Pendant 10 ans, tout le monde a rasé gratis. Aujourd’hui est peut-être venu le moment d’acheter moins mais mieux. La qualité doit supplanter la quantité.
