7 février 2022

Temps de lecture : 3 min

« Nous assistons à une  » facebookisation  » de LinkedIn », Jérémy Boissinot (Favikon)

Jérémy Boissinot est le directeur général et cofondateur de Favikon. Cette solution de marketing d’influence vient de publier le classement des profils les plus remarqués sur LinkedIn. Cette étude montre à quel point cette plateforme, autrefois purement professionnelle, se démocratise et devient un réseau social de plus en plus populaire. Facebook, Twitter et autres Instagram, tremblez. LinkedIn va vous croquer des parts de marché…
INfluencia : Vous venez de mettre à jour votre étude sur les 150 profils les plus remarqués sur LinkedIn et les noms qui figurent dans ce classement sont souvent très différents de ceux qui apparaissaient dans la première version de votre enquête diffusée début octobre 2021. Comment expliquez-vous ce bouleversement en quatre mois à peine ?

Jérémy Boissinot : LinkedIn est un réseau qui se démocratise. C’est aujourd’hui bien plus qu’un simple réseau professionnel. Nous constatons une tendance de fond en provenance des Etats-Unis qui encourage les entrepreneurs à publier davantage de contenus sur cette plateforme. Depuis quelques mois, on remarque que le nombre de créateurs de contenus explose. Ces dernières années, un véritable oligopole s’était constitué sur LinkedIn. Les mêmes créateurs se partageaient les parts de gâteau auprès des marques qui souhaitaient travailler avec des influenceurs B2B. Aujourd’hui, c’est de moins en moins le cas : comme sur Instagram, Youtube ou encore TikTok, il va devenir possible de choisir ses influenceurs en fonction de sa propre identité de marque, sans dépendance aux dix influenceurs dominant le marché. A chaque cible correspondra un influenceur spécifique. C’est aussi la raison pour laquelle tant de profils ont disparu du classement comparé à la première version de notre étude qui date d’octobre 2021. Il n’est plus possible de se reposer sur un socle d’abonnés : la concurrence arrive ! Ainsi, il existe un nombre important de profils qui sont parvenus ces dernières années  à rassembler entre 30.000 et 60.000 abonnés qui n’engagent presque plus aujourd’hui. Beaucoup ne figurent d’ailleurs plus dans notre classement. Ce sont les nano-influenceurs désormais qui font le buzz et qui attirent les vues et les « likes ». Lorsqu’un réseau social se démocratise, les petits arrivent. On l’a vu avec Facebook ou Instagram, on le constate maintenant sur LinkedIn.

IN : Qui sont les influenceurs qui pèsent le plus aujourd’hui ?

J.B. : Dans notre Top 10 figurent trois créateurs qui parlent exclusivement d’écologie : Jean-Marc Jancovici, Thomas Wagner et Arthur Auboeuf . Et force est de constater que ça marche : leur engagement est stratosphérique par rapport aux autres. Ce phénomène prouve que LinkedIn encourage le fond plus que les autres. Sa dimension est qualitativement supérieure grâce à son format plus textuel. On note aussi un très fort engouement autour de tous les contenus positifs. Les coaches sont également de plus en plus populaires. Thibault Louis est clairement l’étoile montante du LinkedIn français. Début septembre, il n’avait encore que 10.000 abonnés et il a depuis, plus que quadruplé son audience. Il fait partie d’une nouvelle génération de créateurs de contenus spécialisés dans le « marketing de contenu». Leur objectif est de pousser leur audience à se lancer sur les réseaux et à porter leur voix le plus possible. Dans la même veine, on voit également émerger un nombre croissant de copywriters dont le rôle est d’accompagner les dirigeants dans leur rédaction.

 

Voici le top 10 des influenceurs sur LinkedIn en ce début d’année:

  1. Michael Aguilar
  2. Jean-Marc Jancovici
  3. Michel Khoury
  4. Thomas Wagner
  5. Valérie Marie
  6. Arthur Auboeuf
  7. Alexis Thobellem
  8. Thibault Louis
  9. Alexandre Bompard
  10. Patrick Thomet
IN : Pourquoi LinkedIn progresse-t-il autant aujourd’hui ?

J.B. : Car c’est une plateforme simple sur laquelle on diffuse uniquement du contenu écrit. Se faire une place sur Facebook aujourd’hui est compliqué. Ce réseau convient surtout aux grands groupes qui veulent avoir une grosse communauté. Facebook est aussi le réseau de « l’entre-soi » dans lequel il est difficile de trouver des gens qui n’appartiennent pas à sa sphère d’intérêt. Sur Instagram, Youtube ou TikTok, il faut produire des photos ou des vidéos et faire preuve de beaucoup d’originalité. Ce n’est pas donné à tout le monde. Twitter est, pour sa part, un réseau très clivant qui demande plusieurs mois d’utilisation pour bien l’exploiter et qui vous oblige à diffuser des messages très courts. LinkedIn est à la portée de tous puisqu’il suffit d’écrire.

IN : Comment se faire une place sur ce réseau ?

J.B. : Pour élargir votre communauté, vous devez choisir une niche sur laquelle vous positionner et sélectionner de quoi vous voulez parler. Vous devez ensuite être très productif. Les personnes le plus influentes publient au moins un message par jour. Eric Zemmour diffuse, lui, près de 300 posts par semaine ! Pour susciter l’engagement, il est important de produire des contenus de qualité mais aussi des posts plus légers qui font le buzz. Michael Aguilar qui figure à la tête de notre classement avec plus de 250.000 abonnés ne fait presque que cela. Il trouve des contenus sur les autres réseaux sociaux ou sur le net et les partage sur sa page en les remettant à sa sauce. Il y a trois ans, aller sur LinkedIn était une démarche professionnelle. Aujourd’hui, ce réseau attire des gens qui sont à la recherche de contenus de qualité. Les retraités ou les actifs qui ne souhaitent pas changer d’employeurs y vont pour lire des textes intéressants. Nous assistons à une « Facebookisation » de LinkedIn. C’est un phénomène de fond qui va encore prendre de l’ampleur dans les mois et les années à venir.

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