22 octobre 2020

Temps de lecture : 3 min

Jean-Marc Tassetto, Coorpacademy : “ “le principe de la série TV appliqué à l’éducation est en marche »

Co-fondateur de la startup d’e-learning Coorpacademy et ancien directeur général France de Google, Jean-Marc Tassetto a répondu aux questions d’INfluencia sur l’avenir de l’éducation en ligne et les apports de Netflix, du jeu vidéo et de l’IA dans ce domaine.

Co-fondateur de la startup d’e-learning Coorpacademy et ancien directeur général France de Google, Jean-Marc Tassetto a répondu aux questions d’INfluencia sur l’avenir de l’éducation en ligne et les apports de Netflix, du jeu vidéo et de l’IA dans ce domaine.

INfluencia : vous avez créé Coorpacademy en 2013 pour démocratiser les cours en ligne en entreprise. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Jean-MarcTassetto : la vision qu’on avait en 2013 était de réinventer l’ennuyeux e-learning, perçu très négativement dans les entreprises. Le défi est aujourd’hui relevé, les chiffres d’engagement sur nos outils sont là pour le prouver ! Nous avons aujourd’hui un million d’apprenants, sur 120 plateformes, traduites en 18 langues, et nous travaillons à la fois avec des grandes entreprises et des institutions mondiales, comme l’OMS. Nous avons 60 collaborateurs très engagés et passionnés, ainsi qu’un écosystème de 80 partenaires éditeurs (Dunod, Eyrolles, IBM, Fabernovel, Hachette…) qui nous permettent de proposer des contenus de qualité : Coorpacademy ressemble donc assez à ce qu’on avait imaginé il y a sept ans et demi.

IN. : l’un des leviers pour rendre l’e-learning plus intéressant est la gamification : en quoi les jeux vidéos vous inspirent-ils ?

J-M. T. : Dès le début, nous avons mis en place des éléments issus des jeux vidéos : on perd des vies, on peut activer un « battle mode », on doit résoudre des énigmes… Nous avons même créé des escape games en ligne. Nous avons aussi des formats adaptatifs, avec des embranchements : ce sont des cours dont vous êtes le héros. Bref, nous avons cherché depuis le début à appliquer les concepts des jeux vidéos sur nos plateformes. C’était loin d’être une évidence : allez expliquer à des grands dirigeants, fin 2013, que leurs collaborateurs allaient faire des « battles » sur nos plateformes !

IN. : vous allez aujourd’hui un peu plus loin, avec une série interactive… pouvez-vous nous en dire plus ?

J-M. T. : inspiré par Netflix et Black Mirror, nous avons décidé de nous appuyer sur la culture des séries, pour l’appliquer à la formation dans le monde de l’entreprise. Nous avons écrit et produit une série incluant de la pédagogie et plus seulement un cours avec un peu de jeu. Son contenu est centré sur les soft skills, c’est à dire les compétences non techniques : l’empathie, les techniques de communication, la compréhension des biais cognitifs, la prise de parole en public, la gestion du stress et des émotions…

Concrètement, elle prend la forme d’un interrogatoire de trois suspects, avec différentes options pour mener les entretiens, qui font référence à des cours de notre catalogue. Derrière l’aspect ludique, il y a donc toujours l’objectif pédagogique, car nous savons que pour réussir dans l’ ”edtech”, il faut de la technologie, mais il faut aussi beaucoup de pédagogie, ainsi qu’une forte qualité de contenus par-dessus.

IN. : cette série est-elle un aperçu de ce que permettra de faire demain l’intelligence artificielle dans le domaine de la formation ?

J-M. T. : nous restons encore dans des logiques algorithmiques simples avec cette série, même si nous travaillons aussi sur l’IA, le deep learning et le machine learning appliqué à la pédagogie – mais cela reste au stade de la recherche. Nous collaborons avec deux laboratoires de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, ville dans laquelle nous avons une antenne. En plus de nos données, l’EPFL dispose des data anonymisées de leurs deux millions d’étudiants : ce sont autant d’informations que les data scientists peuvent analyser pour élaborer des pédagogies adaptées, en fonction des comportements d’apprentissage. L’ambition est d’être capable, demain, de délivrer des cours adaptés à chacun, dans un mode d’apprentissage qui lui soit adapté. Pour cela, il va falloir beaucoup d’IA – et encore beaucoup de R&D.

IN. : le Covid a évidemment impacté votre marché : comment voyez-vous l’apprentissage en ligne évoluer à l’avenir ?

J-M. T. : la crise sanitaire a été une formidable accélération, même si le mouvement du “digital learning” était déjà lancé avec les Mooc (Massive Open Online Courses), dès 2012-2013. Ma première rencontre avec un professeur de Stanford sur ce sujet date de cette époque. Depuis, il y a eu un foisonnement. Le mouvement de la digitalisation de l’éducation, de la pédagogie et de la formation est inéluctable, comme l’ensemble du mouvement de transformation digitale des contenus. L’éducation vient peut-être à la fin du cycle, mais on est désormais en plein dans ce mouvement : il n’y aura pas de retour en arrière. Le Covid marque aussi une accélération des réflexions sur le “blended learning”, le mélange du présentiel et des cours en ligne. Comment est-ce qu’on crée une hybridation entre la présence et la distance ? Le “digital learning” a beaucoup progressé, mais dans le domaine du “blended learning”, il reste encore beaucoup à inventer.

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