Il y a quelques années, on se marrait devant les vidéos de Jean-Claude Van Damme où la star livrait une philosophie de la vie faite de «be aware», de cosmos tout puissant et de dauphins médiums. Aujourd’hui, tout le monde parle de «serendipity», un concept pris très sérieux mais rarement traduit. Et étrangement proche de la philo JCVD…
«BE AWARE», SERENDIPITY : MEME COMBAT
Mal compris en France, le terme de serendipity, provient d’une correspondance d’Horace Walpole, un aristocrate et homme de lettres anglais du XVIIIème siècle. Faisant référence à un conte Persan dans l’une de ses lettres, il mentionne les «Trois Princes de Serendip qui, par accident et sagacité, découvraient des choses qu’ils ne cherchaient pas». Selon le magazine Intelligent Life, la serendipity évoque donc un mélange de hasard heureux et d’ouverture d’esprit face à la nouveauté. Autrement dit par Pasteur un siècle plus tard : «la chance ne favorise que les esprits préparés». Donc le hasard n’existe pas et la chance se travaille.
Il n’en fallait pas plus pour que la vidéo de Philippe Gabilliet, prof de comportement organisationnel en MBA, fasse le tour du web. Gabilliet, dans cette vignette de 5 min destinée à ses élèves, révèle les attitudes qui favorisent la chance du manager. Parmi elles, la curiosité et la vigilance : « celui qui vit dans la routine rencontre très rarement des opportunités » affirme-t-il. Mais également « l’attitude réseau » ou l’anticipation. On est en plein dans le « be aware ».
LE RETOUR DU HASARD POUR RE-ENCHANTER LE QUOTIDIEN
Est-ce la crise qui provoque un détachement, une mise en recul invitant à s’en remettre à la providence ? Quoiqu’il en soit, il semblerait que le hasard et la chance fassent un come back en force dans le quotidien.
Le meilleur exemple est celui du concept de « don à un inconnu », en plein développement. Don qui peut prendre la forme d’un cadeau ou d’une carte postale par exemple. Ce sont les concepts développés par les sites GiftaStranger et PostCrossing.
Le PostCrossing, passe-temps né à Berlin, fait de l’utilisateur l’heureux destinataire de cartes postales envoyées du monde entier par des inconnus. Gratuitement. Comment ça marche : l’utilisateur poste une carte à un inconnu via le site, et il obtient l’assurance d’en recevoir une en retour de quelqu’un d’autre habitant quelque part sur cette planète. Même principe avec Gift a Stranger, mais on passe directement au stade des cadeaux.
En matière d’achat, LittleBlackBag constitue un exemple emblématique de la place prise par le hasard. Fonctionnant sur le principe d’une vieille tradition japonaise, le service propose à l’utilisateur de choisir un article de mode (sacs, lunettes de soleil, etc.) et de laisser l’équipe de LittleBlackBag choisir pour lui les deux autres qui composeront son « petit sac noir ». Evidemment, on aide un peu le hasard puisque ces articles sont choisis selon la description que le client a fait de son style et de ses goûts. Après déballage des surprises, si le choix ne lui plait pas, il peut toujours les échanger en ligne avec d’autres acheteurs. Comme la tradition l’exige.
JCVD invitait à être « aware ». Les spécialistes du management parlent quant à eux d’ouverture aux fruits de la providence. S’en remettre au hasard en sachant en tirer parti : cela deviendrait-il demain une véritable façon d’être, un vrai style de vie ?
Alexis Botaya
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