Les professionnels saluent d’une même voix leur nouvelle initiative. Ce certificat de la vente sociale responsable est une « nouvelle brique pédagogique (qui) va permettre aux social sellers de se professionnaliser au moyen de standards éthiques élevés et engageants », explique Mohamed Mansouri, le directeur délégué de l’ARPP. Frédéric Billonne dit rien d’autre. « Ce certificat garantit à tous les utilisateurs de réseaux sociaux engagés dans la création, le maintien ou l’enrichissement de la relation avec leurs clients, le respect des lois et des standards éthiques élevés, fondamentaux à la vente directe, assure le délégué général de la Fédération de la Vente Directe. Nous sommes fiers de contribuer à l’essor et à la professionnalisation d’un mode de vente centré sur les relations humaines. » « Ce certificat, destiné à accompagner le développement du social selling en France, est à la fois un outil didactique pour les professionnels et un vecteur de diffusion de pratiques éthiques et responsables, au service de la confiance des consommateurs dans un contexte de transition numérique de l’économie où les réseaux sociaux jouent un rôle de plus en plus important dans le marketing et la relation client », analyse Marc Lolivier, le directeur général de la FEVAD. La co-fondatrice de Jolimoi, Isabelle Rabier, va encore plus loin…
INfluencia : quelle est l’importance du social-selling aujourd’hui en France et dans le monde ?
Isabelle Rabier : dans le monde, les revenus générés par le social selling se chiffrent en centaines de millions de dollars. Il n’existe pas de chiffre précis sur ce secteur car la plupart des études se base uniquement sur les recettes de la vente à domicile mais la vente sociale est une activité bien plus large car elle comprend l’ensemble des méthodes de vente en ligne qui s’appuient sur les réseaux sociaux pour créer et entretenir des liens avec les clients. Ce secteur est en plein essor. Dans une récente enquête effectuée par Odoxa et la Fevad, 51% des sondés affirmaient que les recommandations d’une personne, connue ou non, mais en qui elles avaient confiance, représentaient leur principal levier d’achat. Ce chiffre a bondi de dix points en quatre ans et il atteint même 58% pour la GenZ et 63% chez les 15-17 ans. Aujourd’hui, on estime que la moitié des actes d’achat dans notre pays sont la conséquence d’une recommandation publiée sur les réseaux sociaux.
IN : comment expliquez-vous l’essor de ce phénomène ?
I. R. : les rémunérations d’un social seller sont liées aux conseils qu’il est capable de donner à ses clients. Il doit répondre à leurs besoins. Ce format remet la relation-client au cœur des interactions. Il ne s’agit pas de faire du push-produit. Pour générer un business récurrent, le seller doit s’assurer que ses clients reviennent vers lui. Pour résumer, je dirais que le social-selling est une conversation entre une personne qui a un problème et un expert qui peut l’aider à le résoudre.
IN : comment est-il possible de tisser ces liens?
I. R. : certains créent leurs propres réseaux mais il existe aussi des plateformes comme la nôtre qui agissent comme des interfaces entre les sellers et les consommateurs finaux. Créée en 2017, Jolimoi anime aujourd’hui une communauté de 10.000 social sellers indépendants spécialisés dans le bien-être, le maquillage, la nutrition et la beauté.
IN : ce secteur a aussi permis à certains fraudeurs d’avoir des pratiques abusives et trompeuses, voire même illégales…
I. R. : en effet. Des dérives ont bien eu lieu. Certains vendeurs n’ont pas tenu leurs promesses, d’autres ont fait du débauchage. Des spams ont également été envoyés et certains acheteurs ont même été les victimes de harcèlement social. Quelques abus étaient liés à une méconnaissance des pratiques à suivre mais certains fraudeurs avaient clairement la volonté de nuire. C’est pour cette raison que nous avons voulu créer avec l’ARPP notamment ce certificat qui va avoir un triple rôle…
IN : pouvez-vous nous en dire plus ?
I. R. : ce certificat cherche tout d’abord à rassurer les marques qui souhaitent développer des relations avec des social sellers. Pour ces derniers, être certifié représente une reconnaissance énorme de leur professionnalisation. Les clients finaux seront, quant à eux, mieux informés. Pour poursuivre son développement, ce secteur doit être plus visible et transparent.
IN : comment les vendeurs sur les réseaux peuvent-ils obtenir ce certificat?
I. R. : ils doivent tout d’abord en faire la demande et l’ARPP vérifie s’ils sont bien éligibles. Aucune personne qui est sous le coup d’une plainte ou d’une procédure ne peut notamment décrocher ce certificat. Les postulants doivent enfin suivre une formation en ligne et répondre au moins à 75% des questions qui leur sont proposées lors d’un test final.
IN : quelle a été la réaction des professionnels à ce jour?
I. R. : ce certificat est tout nouveau puisqu’il a été lancé le 4 juillet. Plusieurs centaines de social sellers ont toutefois déjà demandé à l’obtenir. Nous souhaitons quant à nous, chez Jolimoi, que nos 500 Top sellers le décrochent d’ici la rentrée. La Fédération de la Vente Directe et la Fevad vont aussi encourager leurs adhérents à suivre cette formation. Ce certificat va avoir un effet très positif sur toute notre profession.