13 juin 2021

Temps de lecture : 3 min

Inventons un nouveau modèle capable de préserver les données personnelles des utilisateurs

Les internautes ont tendance à oublier une vérité essentielle concernant le web: les contenus que nous consommons compulsivement à longueur de journée et que nous partageons allègrement, sont financés par la publicité.

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Bien que des modèles économiques basés sur l’abonnement existent, la plupart des internautes ne payent pas pour un contenu qui les intéresse. Nous visitons des sites d’actualités qui nous informent en temps réel et nous donnent accès à des analyses qui nous éclairent. Nous consultons des blogs qui nourrissent notre curiosité, alimentent nos passions et des sites spécialisés pour jouer et nous divertir. Les plateformes comme Facebook, qui nourrissent nos besoins dits « sociaux », ne représentent pas plus d’un tiers de notre temps passé en ligne*. En tant qu’internaute-consommateurs, nous nous sommes habitués aux contenus gratuits, sans vraiment penser à notre rôle dans un échange de valeur que l’on ne perçoit pas. En réalité, en partageant notre attention et certaines de nos données avec les éditeurs, les annonceurs et les agences qui conçoivent leurs communications, nous soutenons et finançons la création des contenus.

Aujourd’hui, cet accès gratuit au contenu est menacé.

Nous avons la conviction que l’accès à l’information ne doit pas être limité à ceux qui peuvent payer directement pour cela. Mais l’Internet gratuit et ouvert à tous a été mis en péril. C’est en partie de notre faute, l’industrie de l’adtech dans son ensemble n’a pas su accorder aux droits relatifs aux données des consommateurs le respect et l’attention qu’ils méritaient. De nombreuses solutions technologiques ont été conçues en se basant sur le partage et l’utilisation de ces données, mais sans placer la protection des données personnelles et la confiance au cœur de cet écosystème.

Mauvaises pratiques qui commencent seulement à être traitées

L’essor de la technologie numérique a également facilité la consolidation et concentration du pouvoir entre les mains de quelques-uns. La montée en puissance de géants du digital, qui ont acheté de plus petits acteurs de l’adtech, leur a permis de définir eux-mêmes les règles du jeu. Cette concentration du pouvoir a abouti à certaines mauvaises pratiques qui commencent seulement à être traitées par un examen minutieux de la part des gouvernements et la mise en place d’une réglementation renforcée.

Replacer l’internaute au centre de nos réflexions.

L’intervention des gouvernements dans le fonctionnement de l’économie du web peut soulever des questions. Est-il souhaitable que des gens qui ne sont pas particulièrement technophiles rédigent des lois visant à contrôler cet univers si complexe? Est-il préférable que ceux qui ont construit cet écosystème résolvent les problèmes? Quelle que soit la réponse, les changements vont être profonds, mais nous devons y voir l’opportunité d’une évolution positive, cette fois en replaçant l’internaute au centre de nos réflexions.

L’industrie a déjà connu des changements radicaux qui s’amplifient.

Du côté des navigateurs, en 2019, Apple avait mis en place l’Internet Tracking Protection (ITP) et prévoit d’autres changements à venir autour de l’IDFA. Au cours des dernières semaines, Google a annoncé qu’une fois les cookies tiers supprimés en 2022, il ne créerait pas d’identifiants alternatifs pour tracker individuellement les internautes. Parallèlement, nous avons également vu émerger une vague de lois sur la protection de la vie privée, notamment le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) et le CPRA (California Privacy Rights Act). Des pays comme le Brésil et la Thaïlande sont en passe d’adopter des modèles similaires à appliquer à leurs propres écosystèmes, le Canada et l’Australie sont dans cette dynamique.

Créer une expérience en ligne plus agréable et plus fluide.

Pendant longtemps, les cookies ont tout fait fonctionner comme prévu, non seulement pour la publicité personnalisée, mais aussi pour le contrôle de la répétition, l’attribution et la mesure d’audience. Sans cookies tiers, le « fil » qui relie les différents acteurs de l’écosystème publicitaire digital entre eux disparaît. De nouvelles solutions innovantes doivent être inventées pour protéger les revenus des éditeurs et pérenniser les capacités à opérer efficacement les campagnes publicitaires des annonceurs. Les internautes ont droit à la confidentialité, à la transparence et au contrôle de leurs données. L’industrie doit donc faciliter le respect des choix des utilisateurs sans mettre en danger les revenus publicitaires des éditeurs. En appelant de manière proactive et pédagogique les internautes à participer à cette conversation et à défendre leurs droits en ligne, nous avons l’opportunité de construire une relation plus forte avec eux et de créer une expérience en ligne plus agréable et plus fluide.

Sauvegarder un Internet gratuit et ouvert pour tous est un combat juste.

Nous avons la conviction que le jeu en vaut la chandelle, que la lutte pour la sauvegarde d’un Internet gratuit et ouvert pour tous est un combat juste. La prise en compte des droits des internautes sur leurs données va bien au-delà du maintien d’un simple statu quo. En tant qu’acteurs de cet écosystème technologique, nous devons, collectivement, trouver comment faire évoluer nos modes de fonctionnement. Pour ce faire, nous devons penser avant tout à l’internaute et à son consentement.

*Source We are Social / Hootsuit janvier 2021 time spent on internet 5h37 time spent on social media 2h25 (30%)

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