YouTube a ses influenceurs aux millions de vues, Instagram ses icones, Vine ses communautés d’accrocs, mais quid de la radio sur le web ? La plate-forme de streaming australienne Guvera veut la redéfinir avec son application musicale sociale.
La semaine dernière, nous expliquions comment la course à l’exclusivité et au modèle économique parfait était en train de changer la partition des sites de musique en ligne. Le streaming a redéfini un marché en pleine mutation. Quelle musique allons-nous consommer d’ici 2020 ? INfluencia apportait ses réponses dans sa Revue sur le futur. La plate-forme de streaming Guvera possède elle une idée audacieuse derrière la baffle.
« Je venais à peine d’arriver quand il m’a sauté dessus pour me parler d’un projet qui pourrait révolutionner l’industrie entière de la radio, comme YouTube et d’autres services digitaux ont profondément changé les médias traditionnels », raconte Damien King, CTO du site australien dans B&T. L’interlocuteur zélé et visionnaire dont il parle, c’est Claes Loberg, fondateur et directeur de l’innovation chez Guvera. Lancée en béta publique expérimentale en mars lors du dernier South By Southwest, Fradio permet au consommateur de créer sa propre station de radio sur son smartphone. En streaming évidemment. « Fradio est une nouvelle étape dans la curation musicale, elle permet à ses amis de choisir son contenu et pas à un algorithme informatique », précise Claes Loberg.
Son audit de genèse est simple : YouTube et Vine glorifient leurs stars millionnaires inconnues du grand public et entretiennent un star system social véritable attraction pour les annonceurs. Pourquoi donc les talents radiophoniques ne seraient-ils pas eux aussi mis en valeur sur la Toile ? Pourquoi ne pas aussi offrir la possibilité aux artistes d’interagir directement avec les fans et laisser des amis partager la même expérience musicale ? Avec Fradio, Guvera veut en quelque sorte remettre au goût du jour les frissons des premières heures de la radio libre, quand ceux qui voulaient en être envoyaient leurs démos sur des cassettes.
Skype et Spotify dans une même appli
Les smartphones et les plates-formes digitales ont depuis changé la donne, la simplicité technologique de la production et le partage de contenus suscitent des vocations un peu, des conversations beaucoup. « Le processus de conception est aussi simple que sur Instagram : il faut cliquer sur un symbole, choisir une image, sélectionner la musique, que ce soit un morceau ou une liste extraites d’une playlist Guvera, puis vous appuyez sur le bouton de démarrage pour commencer la diffusion », explique Claes Loberg.
Avec la nouvelle application australienne, n’importe qui peut concevoir et diffuser son propre show à quiconque est preneur. Ses deux innovations résident dans un chat live entre fans et dans l’échange vocal entre l’artiste, DJ ou animateur et son audience. « C’est une fonctionnalité qui mélange Guvera et Skype dans une même application, personne d’autre ne le fait », précise son fondateur. Les prochaines stars des ondes seront-elles d’abord nées sur le web ? C’est fort probable, si ce n’est inévitable. « Si cela s’avérait être le cas nous en serions ravis », commente Damien King. Comme tout service qui casse les codes, Fradio aura besoin de temps pour susciter l’adhésion. Mais nous sommes convaincus qu’il existe une réelle opportunité permettant à qui le veut et le peut, de commencer à se construire un profil, une réputation et une communauté de fans. »
The Social Radio, le premier modèle
Pour le CTO de Guvera, la radio possède l’avantage d’être moins intrusive que la vidéo et de permettre une autre activité parallèle. Il est plus facile de vous demander d’écouter une émission de radio de 30 minutes que de rester pendant une demi-heure les yeux rivés sur un écran, non ? Comme la start-up française Concert En Appart, Fradio entend servir de levier à reconnaissance pour des artistes autochtones encore méconnus. Si Guvera avoue ne pas avoir encore la moindre idée de l’avenir à moyen terme de son application, elle lui a quand même offert une campagne intitulée 80 Artists in 80 Days. Le principe ? 80 musiciens diffusent leurs compositions dans 80 shows différents. Parmi eux, quelques noms célèbres comme le fantasque Steve Aoki et les DJ italiens masqués de Bloody Beetroots. Avec ses 10 millions d’utilisateurs dans 20 pays, Guvera prend un pari sans non plus faire all in. Le marché démontre déjà une réelle appétence du consommateur pour la radio sociale.
Disponible sur App Store, Google Play et également sur le Web depuis le 6 septembre 2012, The Social Radio permet déjà de surfer sur Twitter sans jamais devoir regarder l’écran et sans arrêter votre musique pour autant. Une voix masculine ou féminine, en fonction de l’auteur du post, vous « lira » le compte rendu détaillé sans mettre sur pause le morceau que vous étiez en train d’écouter. Une fois la lecture terminée, l’application relancera automatiquement la chanson au volume souhaitée.
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