24 mai 2024

Temps de lecture : 2 min

Information, gratuité et technologie : un cocktail potentiellement gagnant

Les nouvelles technologies ont bouleversé les médias d’information, dits traditionnels, mais elles peuvent aussi les aider à se relancer. Alain Weill, le président de L’Express, en est persuadé, comme il l’a expliqué lors du colloque « Démocratie, information et publicité » organisé par l’UDECAM et l’ACPM en collaboration avec INfluencia, à Sorbonne Université, le 23 avril 2024.

Ne pas la subir mais s’en servir. La technologie a profondément transformé le monde de l’information. « La presse a été sans doute le premier secteur à subir l’arrivée de la révolution digitale il y a trente ans, juge Alain Weill. Les gens ont découvert, du jour au lendemain, qu’ils pouvaient être informés gratuitement et les audiences des journaux à partir de ce moment-là ont commencé à chuter. »  Le président de L’Express ne cherche pas à se faire plaindre pour autant. « La presse va face à une situation complexe mais elle n’est pas la seule dans ce cas, ajoute-t-il. La grande distribution est fortement disruptée actuellement et je n’aimerais pas me retrouver aujourd’hui en face d’Elon Musk si je dirigeais un constructeur automobile. La presse reste, malgré tout, un métier passionnant. Les gens ont besoin d’être informés, de comprendre et de lire la vérité. Je pense donc que la presse a encore un bel avenir devant elle même si elle doit faire beaucoup d’efforts pour se transformer. »

Révolution culturelle

Le modèle déclaré du président de l’hebdomadaire fondé en 1953 par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud est le britannique The Economist. Sa diversification notamment dans l’analyse appliquée et l’éducation est un tel succès que son magazine ne génère plus que 30% de ses recettes totales. Pour garder la tête hors de l’eau, de nombreux intervenants invités lors du colloque « Démocratie, information et publicité » ont préconisé la création d’un impôt à l’encontre des GAFAM. Alain Weil ne partage toutefois pas cette opinion. « Je ne sais pas si nous avons réellement besoin d’une nouvelle taxe, juge-t-il. Dans ce pays, dès qu’un problème apparaît, on demande un nouvel impôt. » Le président de L’Express préconise plutôt une révolution culturelle au sein de son secteur. Et si au lieu de « subir » les nouvelles technologies, on les utilisait au mieux pour développer nos business ?

l’IA peut être un atout et non pas un danger

L’arrivée de l’intelligence artificielle peut notamment être une belle opportunité et pas uniquement un danger. « Nos contenus ne doivent pas être rédigés par l’IA générative si on souhaite que nos lecteurs aient encore besoin de nous à l’avenir, pense Alain Weill. L’intelligence artificielle peut, par contre, nous aider à élargir nos audiences. Nos journalistes testent actuellement une solution intéressante. Ils se filment pendant neuf minutes pour faire une vidéo d’information et l’IA est capable de faire automatiquement des résumés d’une minute de leur intervention en plusieurs langues. Cette solution pourrait nous permettre d’accroître le nombre de nos abonnés à l’étranger. Nous avons également organisé des salons virtuels, en complément de nos événements en présentiel plus traditionnels, et leur succès a été au rendez-vous. » Pour accroître ses revenus, L’Express a également fortement augmenté le prix de ses abonnements et le tarif de son magazine en kiosque qui est passé de 4,90 à 6,90 euros. « Nous avons expliqué la démarche derrière cette décision et nos ventes n’ont pas chuté pour autant, se félicite son président. Cela montre que des lecteurs acceptent de payer plus cher des contenus de qualité. » Certaines « vieilles » recettes semblent encore fonctionner…

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