INfluencia : pouvez-vous nous décrire l’UMICC en quelques mots ?
Carine Fernandez : L’UMICC est une fédération professionnelle qui regroupe tous les acteurs du secteur de l’influence : agences d’influence, agences de créateurs de contenu, créateurs de contenu… Elle s’est donnée trois principales missions à remplir. Elle va tout d’abord promouvoir une image positive du secteur et des créateurs de contenus auprès du public et dans les médias. Elle va aussi proposer aux pouvoirs publics les évolutions et les réformes nécessaires afin que le secteur de l’influence bénéficie d’un environnement adapté à son développement. Elle cherchera enfin à faciliter le travail quotidien des créateurs de contenu en les aidant à connaître leurs droits et leurs devoirs.
IN : Comment s’est formée cette fédération ?
C. F. : les sept membres fondateurs de l’UMICC (Smile Conseil, Bump, Follow, Point d’Orgue, Reech, Influence4You et Spoutnik) sont des acteurs qui sont présents dans le secteur de l’influence depuis 8 à 10 ans. Certaines agences accompagnent des marques, d’autres représentent des créateurs de contenus, plusieurs font les deux métiers à la fois. Chaque structure se disait dans son coin que le secteur avait besoin d’une fédération représentative qui puisse servir de point d’entrée pour toutes les parties prenantes de la profession tout en défendant leurs intérêts. Rien pourtant ne se passait jusqu’à très récemment…
IN : quel a été cet élément déclencheur ?
C. F. : la concertation publique sur les métiers d’influenceurs qui a été lancée par Bercy a permis aux principaux acteurs du secteur de s’asseoir, pour la première fois, autour d’une même table. Même si nous sommes en concurrence les uns contre les autres, nous avons rapidement réalisé que nous avions tous la même vision sur une majorité des sujets que nous abordions. Nous nous sommes alors dits qu’il était temps de prendre le taureau par les cornes et qu’il fallait créer une fédération professionnelle.
IN : à quand remontent ces premières rencontres ?
C. F. : au mois de novembre dernier et l’UMICC a officiellement été créée en janvier 2023. Ce délai très court explique, peut-être, nos mines très fatiguées…
IN : deux mois pour monter et réaliser un tel projet ? Pourquoi une telle précipitation ?
C. F. : nous ne serions probablement pas allés aussi vite dans une période normale mais il était important de fonder une telle union alors que des négociations sont actuellement en cours avec le gouvernement. Les échanges avec Bercy nous ont permis d’aller plus vite. Nous voulions aussi lutter contre les amalgames que certains font entre l’immense majorité des agences et des indépendants qui font bien leur travail et les dérives de quelques dizaines d’influenceurs souvent issus de la télé réalité.
IN : combien de membres l’UMICC compte-elle actuellement ?
C. F. : 30 agences sont déjà membres et nous avons reçu plus d’une centaine de demandes d’adhésion. Plus de 500 créateurs de contenus souhaitent également rejoindre la fédération. Nous accueillons tout le monde, des plus gros aux plus modestes. Nous faisons des efforts tout particuliers auprès des plus petits influenceurs car ce sont ceux qui ont le plus besoin d’information et de formation.
IN : comptez-vous justement proposer des formations à vos membres ?
C. F. : la formation est un sujet très important pour nous. Au contraire des pilotes d’avion ou des boulangers, l’influence est un métier particulier dans lequel des jeunes souvent à peine sortis de l’école peuvent diffuser des contenus et être suivis par des milliers de personnes alors qu’ils n’ont jamais reçu de formation particulière. Certains peuvent ainsi commettre des erreurs sans même le savoir. C’est pour cette raison que l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) a créé l’an dernier son Certificat de l’Influence Responsable. Le taux d’échec des candidats à ce diplôme atteint à peine 1%. Cela prouve que les créateurs de contenus, une fois formés, suivent parfaitement les règles qu’on leur a enseigné.
IN : quelles informations et formations souhaiteriez-vous offrir à vos adhérents ?
C. F. : la première chose que nous voulons faire est de publier, dans les plus brefs délais, un guide de bonnes pratiques. Les créateurs les plus influents pourraient aussi partager leurs expériences sur des vidéos. Nous souhaiterions, parallèlement, que les plateformes diffusent nos formations pour leurs utilisateurs. Nous espérons enfin que les pouvoirs publics nous viennent en aide pour financer une partie de ces formations.
IN : à quoi ressemblera l‘UMICC dans un an ?
C. F. : nous souhaiterions pouvoir réunir une grande majorité des agences de ce secteur. Personne ne connaît aujourd’hui précisément leur nombre mais il en existe plusieurs centaines et des structures se créent chaque jour. Nous voudrions aussi que des millions de créateurs de contenus nous rejoignent. Le potentiel est énorme car il en existe plus de 150.000 en France. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons les moyens de financer tous les projets que nous souhaitons mettre en place…
