Après avoir analysé dans un premier article, les marques et les symboles de la nation, de nos couleurs jusqu’aux différentes identités de nos principales institutions, cette 2ème partie aborde les différentes identités portées par nos forces armées (2/2).
Deux ministères ont en charge la sécurité et la défense de notre pays : le Ministère des Armées et le Ministère de l’Intérieur. Ce sont deux institutions clés de notre République et de notre diplomatie; la France étant membre fondateur et permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Le Ministère de l’Intérieur est fragmenté en un tel nombre de structures qu’il est quasiment impossible d’identifier son organisation et de recenser le nombre d’identités de marque généré sans se perdre dans des profondeurs abyssales. Cet article explore donc uniquement les principaux organismes sous la responsabilité du Ministère des Armées.
Naming du ministère
« Ministère de la Défense » jusqu’en 2017, il vient de changer de nom pour devenir le Ministère des Armées.
Un changement de nom en phase avec les multiples missions offensives de nos forces militaires sur des terrains d’opérations extérieures mais aussi à l’intérieur de notre pays, suite aux vagues d’attentats terroristes.
Identités de nos forces armées
L’État Major des Armées
Sous le Ministère des Armées qui dépend du président de la République, il y a l’État Major des Armées, structure de direction de l’ensemble des 3 corps d’armée. Cette identité/blason symbolise l’union des 3 armées : Air, Terre et Mer, dans un style graphique ancien régime version 3D. Dans sa représentation, elle ne fait aucun lien direct avec les trois identités qui suivent…
Les 3 corps d’armée
Si l’unité fait la force, en comparant ces 3 logos sous l’angle identitaire, nous constatons le manque d’unité de sens, de style graphique et typographique. Aucune stratégie identitaire pour porter les valeurs et les missions de l’une des toutes premières armées de la planète. Est-ce la stratégie d’avancer en ordre dispersé ou chacun défend-il son territoire ? C’est un cas d’école au minimum.
Les 2 organismes majeurs du Ministère des Armées
La DGA (Direction Générale de l’Armement) est un poids lourd de l’industrie militaire : élaboration du cahier des charges de nos armées, programmes de R&D, gestion d’un budget de plus de 10 milliards d’Euros pour nos armées (2016) et de 14 milliards de prise de commande à l’export (2016). C’est une structure qui compte 9700 employés.
Le SGA (Secrétariat Général pour l’Administration), comme son nom ne l’indique pas, est une structure totalement dédiée à l’administration de missions au service des armées et du personnel militaire.
Ces deux entités stratégiques du Ministère des Armées ont pour seul dénominateur commun la forme acronyme de leur identité. Leur symbolique n’incarne en rien les missions qui leur sont attribuées et n’ont aucun lien identitaire entre elles ou avec les organisations précédentes, si ce n’est le code tricolore.
Les 16 organismes directement reliés au Ministère des Armées
Sans entrer dans le détail de chacune de ces identités, nous pouvons constater un certain nombre de faiblesses.
Sur le plan sémantique : plus c’est compliqué, moins on comprend !
Les mots : commission, service, commissariat, direction général, institut, conseil supérieur, bureau, contrôle, office national, sont des mots kafkaïens. Souvent confondus, ils ne veulent rien dire pour les citoyens que nous sommes. Tous ces acronymes pourraient utiliser des dénominations organisationnelles communes, cela limiterait l’effort mémoriel.
Sur le style graphique et symbolique : nous sommes dans la culture de la diversité !
Entre l’austérité du style ancien régime et le style maison de la culture, il est difficile de déceler quelques dénominateurs communs. Certains organismes ont des symboliques faisant référence à leur histoire (ce qui a du sens), d’autres à leur mission (ce qui est juste et aide à la compréhension). Mais pour la grande majorité, le travail d’identité frôle l’amateurisme. Il serait pertinent de redéfinir la stratégie identitaire de notre armée, que la tradition appelle affectueusement « la grande muette », mais qui a un faible pour compiler des marques bien trop bavardes et pour la plupart d’entre nous incompréhensibles.
Conclusion
Nous constatons que si l’armée est l’école de la rigueur et de la discipline, côté marque et identité visuelle le laxisme règne. Dans un souci de clarification auprès des citoyens, les différentes institutions militaires qui composent notre démocratie gagneraient à simplifier leurs multiples systèmes identitaires afin de communiquer ce qui fait le statut d’une telle institution : rigueur, maîtrise, innovation et prestige. Je vous salue !