Un projet de fin d’étude de six étudiants français en école de film d’animation et d’images de synthèse, en lice aux prochains Oscars dans la catégorie « meilleur court métrage d’animation » ? Mais bien sûr… et en plus, c’est amplement mérité tant il regorge de talent. Confirmant que notre titre de Froggies n’est pas usurpé. Promettant surtout que l’exception française est pleine d’avenir.
Le succès plus que d’estime des professionnels, des critiques et du public à l’égard du court métrage d’animation « Garden Party » enfle de plus en plus, avec une apothéose en vue. Réalisé en 2016 et déjà multiprimé, cet objet visuel -travail de 6 jeunes étudiants pour valider leur diplôme de l’Ecole MOPA spécialisée dans la 3D- est en piste pour les prochains Oscars. Une reconnaissance des pairs qui donne au made in France artistique et numérique, une aura internationale et justifiée, tant le scénario comme la réalisation sont brillants. En 7 minutes très réalistes et inventives, il nous raconte l’épopée timidement profiteuse puis naïvement délirante de ces grenouilles qui investissent la maison bizarrement bien trop tranquille d’un mafieux… jusqu’à la tombée de la nuit où, au bord de la piscine en plein « son et lumière » déclenché par inadvertance, elles sont témoins d’un épilogue qui n’a rien d’un conte de fée.
Un vrai coup de cœur à la rédaction pour ce film époustouflant qui démontre encore une fois que l’animation en France regorge de vrais talents formés par des écoles où exigence intellectuelle, excellence technique/technologique et passion se conjuguent. Et pas seulement dans cette discipline propice ici ou ailleurs à l’expérimental, car d’autres sont sources d’expressions disruptives capables de séduire des artistes comme Matthieu Chedid qui a été bluffé par son expérience pour son site avec ECV Bordeaux.
Les jeunes, leur talent, la formation supérieure, la 3D et le digital à l’honneur
Pourtant si l’animation inspire largement le cinéma, elle est encore trop boudée par les publicitaires. Or ce traité ouvre pour le pro qui le maîtrise et l’enseigne qui le choisit à d’autres formes d’écritures très (ré)créatives permettant de sortir du lot avec audace comme Kiehl’s et Kalenji by Décathlon l’ont récemment démontré. Non seulement parce qu’un univers spécifique est imaginé et qu’il concourt à un territoire de marque unique mais aussi parce que cette prise de parole recherchée, différente, onirique et qualitative donne le sentiment au spectateur/consommateur qu’il est pris en considération. Qu’on le divertit en plus de l’informer. Cela s’appelle une expérience réussie.
L’autre avantage de format tel que celui-ci est d’être diffusé sur les réseaux sociaux, les sites et les chaînes internet. Donnant une ampleur nationale et internationale non négligeable aux vidéos -qui resteraient confidentielles sinon- avec souvent un engagement immédiat via des commentaires, des reposts et des partages. Une diffusion qui d’ailleurs a sûrement permis à Garden Party de se faire connaître plus vite et au-delà de ses inscriptions et de ses 40 prix et plus récoltés dans divers festivals. En attendant ses grenouilles n’ont rien de celle qui voulait être aussi grosse qu’un bœuf. Alors qu’elles le pourraient car elles sont bel et bien des stars et ont un peu quelque chose de magique, comme leurs jeunes réalisateurs fiers et actuellement à Los Angeles ou San Francisco pour faire campagne, mais « encore ébahis de vivre une telle aventure » : Florian Babikian, Vincent Bayoux, Théophile Dufresne, Gabriel Grapperon, Victor Caire et Lucas Navarro. Alors statuette ou pas, leur avenir est tout tracé, façonnant à leur tour l’exception française.