3 juin 2024

Temps de lecture : 4 min

Harcèlement en milieu scolaire : une lutte engagée

« Non au harcèlement ». À l’école, au collège, au lycée. Quelle que soit sa forme. Violences verbales, psychologiques, physiques. Un enjeu national, sociétal et de santé publique dont l’exécutif a fait une priorité contribuant largement à faire de l’éducation l’un des sujets les plus traités dans les médias cette année. Un article extrait du livre blanc "Médiascopie d'un pays" en collaboration avec le SIG.

Depuis juin 2019, et les mesures prises par Jean-Michel Blanquer, le dossier est une des priorités de l’Éducation nationale. Trente millions d’euros du budget 2024 sont dédiés à la création de brigades anti-harcèlement. Et pour cause : plus d’un élève par classe en moyenne est victime de harcèlement en France et près d’un million d’enfants ont subi une situation de harcèlement au cours des trois dernières années1. « C’est un véritable fléau qu’il nous faut absolument réguler», a déclaré Nicole Belloubet, la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, qui a consacré son premier déplacement à la question du harcèlement scolaire en se rendant au collège Robert-Schuman de Reims, le 12 février dernier. Le 27 septembre 2023, le Gouvernement décrétait « la mobilisation générale » et présentait le plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire, après une série de drames, dont le suicide de deux adolescents, Lindsay à Vendin-le- Vieil (Pas-de-Calais) et Nicolas à Poissy (Yvelines). Le plan vient compléter la politique publique de prévention déployée depuis 2011 et s’articule autour de trois axes : prévention, détection, solutions.

Côté détection, le 3018 (+ bouton de signalement sur les applications), géré par l’association E-enfance, devient le numéro d’appel unique pour tout renseignement ou signalement de situations de harcèlement à l’école et de cyber-harcèlement, avec l’impératif de faire connaître ce numéro au plus grand nombre à travers notamment des campagnes de communication. « La lutte contre le harcèlement scolaire est un enjeu de santé publique au sens propre du terme », indiquait Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé, en septembre 2023. La mobilisation doit être collective pour combattre le harcèlement scolaire et éviter de nouveaux drames.

 

Harcèlement scolaire : 5 793 UBM

La campagne de sensibilisation « Ne minimisons pas ce que vivent les enfants »

La communication est un volet majeur pour informer les citoyens de la mise en œuvre des différentes mesures et sensibiliser au quotidien les enfants, les adolescents et les adultes. Pour les jeunes, le message est « Osez parler, allez-y, parlez » et pour les adultes «Il faut écouter, agir, ne pas minimiser». En effet, force est de constater qu’il y a souvent un décalage entre la perception des adultes et la violence physique et psychologique vécue par les enfants et les adolescents.

De fait, le Gouvernement a lancé la campagne de communication nationale « Ne minimisons pas ce que vivent les enfants » à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement, le 9 novembre 2023. Elle porte ce mot d’ordre pour permettre aux adultes de comprendre que des mots et récits anodins d’enfants et d’ados peuvent dissimuler des vécus tragiques. « Nous avons souhaité prendre un contre-pied par rapport aux précédentes campagnes en nous adressant principalement aux adultes et en les interpellant pour faire comprendre à tous que derrière des mots simples, des réalités brutales et crues peuvent être révélées », indique Michaël Nathan, directeur du Service d’information du Gouvernement (SIG). Car « ce n’est peut-être pas si grave», ces mots ont parfois des conséquences dramatiques. « Au-delà de montrer la brutalité et la gravité des situations de harcèlement, ce film interroge la responsabilité de l’adulte dans sa façon de percevoir la parole de l’enfant, dans sa compréhension de ce qu’il traverse au quotidien », ajoute Maud Robaglia, directrice de création chez Publicis Conseil. L’enjeu est ainsi d’interpeller les adultes en capacité d’agir pour mettre fin au cycle de violences verbales ou physiques. Le dispositif de sensibilisation s’inscrit dans une approche multimédia : un spot, des affiches et des contenus digitaux, l’ensemble renvoyant vers le 3018, la plateforme d’écoute destinée à tous : adultes, enfants et adolescents.

 

Éducation : 53 785 UBM

 

« Une habileté à communiquer »

Une prise de position sur le sujet qui n’est pas passée inaperçue auprès des associations, notait le Huffington Post, «qui y voient un changement bienvenu». Il en va de même pour les annonces faites par l’ancien ministre de l’Éducation, Gabriel Attal à son arrivée au ministère. Interdiction de l’abaya et du qamis dans les établissements scolaires : « Un coup magistral », en termes de communication politique, selon Louise Tourret, productrice de l’émission «Être et Savoir» sur France Culture interrogée par Public Sénat. Réforme du collège, expérimentation de l’uniforme, Le Parisien retiendra «les cinq mois hyperactifs» du nouveau Premier ministre à la tête de ce ministère, «un mandat court et intense» pour Sud-Ouest. « Une période marquée par une série d’annonces mais avec peu d ’effets concrets, pour l ’heure », tempère Public Sénat. À suivre, donc.

Briser le silence

Victime de harcèlement durant son adolescence, Christophe Beaugrand s’est rendu trente ans plus tard dans son collège à Villebon-sur-Yvette. L’occasion pour lui d’échanger avec les élèves sur son expérience et recueillir leurs témoignages : « Je me sentais rejeté, et je l’étais, de fait. On ne se rend pas compte de la violence que cela peut infliger à un gamin en pleine construction, qui n’a pas forcément confiance en lui et se découvre différent de la majorité. »

Homophobie, grossophobie, racisme, là encore, près de la moitié de la classe interrogée s’est sentie concernée. « Briser le silence, ne pas cacher ce dont on est victime, mettre des mots sur les souffrances que l’on peut ressentir reste la meilleure façon d’en sortir», a insisté le journaliste et animateur.

 

1. Enquête nationale menée entre le 9 et le 15 novembre 2023
auprès de 7,5 millions d’élèves de CE2 à la terminale.
2. Plan global de prévention et de traitement des situations de harcèlement mis en place depuis 2021, généralisé aux écoles et collèges en 2022 et étendu aux lycées depuis la rentrée 2023.

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