INfluencia : pourquoi avoir lancé une Semaine green, dont la troisième édition débute samedi 5 février 2022 ?
Guillaume Charles : la direction des programmes avait constaté que les émissions spéciales sur l’écologie ne marchaient pas vraiment et préféré mettre l’écologie au cœur de tous nos programmes, toujours avec notre angle très concret et ancré dans le réel. L’écologie n’étant plus une idéologie mais un enjeu très concret pour les Français, les émissions qui abordent ces thématiques intéressent le public et font d’ailleurs de bonnes audiences ! Il y a trois ans, nous avons voulu événementialiser cet engagement en mobilisant toutes les rédactions du groupe, nos magazines, les équipes documentaire et cinéma… afin de créer, une semaine par an, un rendez-vous qui alerte et fasse de la pédagogie pour trouver des solutions. La Semaine Green donne une résonance encore plus forte à tous ces genres et ces marques programmes qui se mettent au green. Entre le samedi 5 et le dimanche 13 février, les chaînes du groupe (M6, W9, Téva, Paris Première, Gulli), la radio avec RTL et le digital avec 6play proposeront plus de 60 heures de programmes consacrés aux enjeux de l’écologie, au gaspillage, de l’habitat, du zéro déchet… A la télévision, la première édition de la Semaine Green a été suivie par 30 millions de personnes en 2020 et la deuxième par 32,2 millions en 2021 (+10 %). L’an dernier, un Français sur deux en a entendu parler et même 65 % chez les 25-34 ans. Nous avions été leaders sur cette cible avec le film Legacy, notre héritage de Yann Arthus-Bertrand. Nous espérons les intéresser à nouveau avec le documentaire Rewild, la nature reprend ses droits sur le réensauvegement de la nature par l’homme.
IN : au-delà de l’audience, comment ont été perçues ces initiatives ?
G.C. : une étude Harris Interactive menée à l’issue de la deuxième édition a montré un important niveau de satisfaction, qui nous a d’ailleurs agréablement surpris. 96 % des personnes interrogées trouvaient que la Semaine Green était une bonne idée et même une très bonne idée pour 59 % d’entre eux. 90 % estimaient le Groupe M6 est crédible sur ces programmes et qu’ils sont portés par des incarnants légitimes pour 82 à 93 % des interrogés. Cette programmation a permis à 93 % des interrogés de s’informer, de décrypter les enjeux sociétaux liés à ces problématiques et même d’agir puisque 87 % des gens qui ont regardé la Semaine Green ont eu envie de faire évoluer leur mode de vie. Ces taux très élevés sont bien la preuve que, si la génération des moins de 35 ans est très mobilisée, ces questions entrent aujourd’hui dans le quotidien de tous les Français.
87 % des gens ont regardé la Semaine Green ont eu envie de faire évoluer leur mode de vie
IN : ce rendez-vous étant désormais bien identifié, vous permet-il de travailler différemment avec les partenaires et en interne ?
G.C. : lors de la première édition, le documentaire de Yann Arthus-Bertrand nous avait permis de nouer un lien très fort avec la Fondation GoodPlanet et de monter différents événements. La dernière partie de Top Chef était par exemple tournée chez eux. Cette année, nous mettons en avant l’association Des enfants et des arbres, qui favorise le retour des arbres dans le monde agricole. Nos animateurs s’associent volontiers à des actions qui donnent une résonnance à ces associations : Stéphane Plaza est allé planter des arbres… En interne, cette semaine fait écho aux nombreuses initiatives RSE qui visent à mesurer et réduire notre empreinte écologique : une partie du parc automobile est passé en hybride, on n’imprime plus, les bureaux consomment moins d’énergie… La Semaine Green mobilise énormément les collaborateurs et les créateurs de programmes que ce soit au niveau des rédactions, des équipes des magazines ou du cinéma. Comme c’est en effet devenu un rendez-vous, on s’y prépare à l’avance, on y pense quand on voit passer un programme sur l’écologie… Les producteurs viennent aussi nous voir puisqu’ils savent que nous avons la semaine idéale pour proposer des programmes sur l’écologie.
Nous faisons encore plus attention que par le passé au gâchis alimentaire dans nos émissions de cuisine
IN : l’écologie est-elle aussi prise en compte dans la production des programmes au-delà de cette semaine événement ?
G.C. : nous faisons encore plus attention que par le passé au gâchis alimentaire dans nos émissions de cuisine : les gâteaux sont distribués, nous avons un partenariat avec La Croix Rouge s’il reste des choses dans les garde-manger… Top Chef a organisé des épreuves sur l’utilisation responsable de la nourriture et, l’an dernier, une émission a été tournée au ministère de l’Environnement. Ces initiatives viennent souvent des chefs eux-mêmes parce c’est aussi ce qu’attendent leurs clients. Sur Lego Masters, nous faisons attention à réutiliser les pièces en plastique et, dès la première saison, nous avons anticipé un circuit de recyclage pour distribuer les Lego à des associations dans l’hypothèse où il n’y aurait pas eu de deuxième saison. C’est quelque chose que l’on n’aurait sans doute pas fait il y a dix ans.
IN : quel serait le Graal à atteindre pour les prochaines éditions ?
G.C. : le graal absolu se situait déjà au niveau de la satisfaction des téléspectateurs et des items de crédibilité et de légitimité du groupe sur ces sujets. Au tout début, certains nous disaient que l’on faisait cette semaine pour « faire du vert ». Je n’avais de cesse d’expliquer que c’est la société qui devient verte. Les initiatives RSE que l’on prend sont bonnes pour la planète mais correspondent aussi à ce que les téléspectateurs attendent cela de nous. Quand 87 % des gens disent qu’ils vont changer leur comportement, on remplit pleinement notre mission de média. Il y a déjà une forte mobilisation et on va donc continuer à être imaginatif !