Greenpeace fait le mur au conseil européen pour lutter contre la déforestation
Afin de faire entendre son mécontentement concernant le projet de loi, négocié actuellement à Bruxelles, pour lutter contre la déforestation, Greenpeacea missionné six de ses activistes pour afficher sur le conseil européen une fresque géante au message univoque : la déforestation est un fléau qu’aucune demi-mesure ne saurait endiguer.
Tandis que les médias se concentrent, à juste titre, sur la déforestation qui meurtrie la forêt Amazonienne, peu de gens réalisent que ce fléau a depuis longtemps été endigué dans nos contrées. Comme le montrent les données de la FAO – l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture –, de 1990 à 2015, l’évolution de la part des forêts dans la surface terrestre totale est positive sur l’ensemble du continent européen. « À mesure que l’agriculture devient plus efficace, la forêt tempérée reprend possession de surfaces cultivées », avait ainsi résumé Steven Pinker, professeur de Harvard, dans son ouvrage Le Triomphe des Lumières.
Un fléau écologique indirect mais évident, surnommé déforestation importée.
Malheureusement, si nos surfaces forestières sont en hausses, principalement du fait de la contraction de l’espace agricole, les pertes de surfaces forestières que nos importations agricoles croissantes induisent dans les pays tiers restent préoccupantes. Selon les données présentées par le Cirad – le Centre de Coopération Internationale en Recherche –, la France importerait 20 % de son alimentation et ne devrait pas ralentir la cadence dans les années à venir. Parmi ces produits agricoles, on retrouve de nombreuses denrées responsables de déforestation chez les pays vendeurs, telles que le bœuf, l’huile de palme, bien sûr, le cacao ou encore le soja. Les études le prouvent : les zones tropicales perdent massivement leurs forêts, à hauteur de 10 millions d’hectares par an selon le dernier rapport sur les ressources forestières de la FAO, alors que les zones tempérées les développent – avec plus de 5 millions d’hectares par an en moyenne. Un fléau écologique indirect mais évident, surnommé déforestation importée.
Grimper pour mieux résister
– Bien ? – consciente de l’urgence de cette situation, la commission européenne se réunissait mercredi 15 mars dernier pour présenter une nouvelle législation visant à lutter contre l’impact de la consommation européenne sur les forêts du monde. Un projet de loi visant à interdire purement et simplement la mise sur le marché européen de produits et matières premières liés à la déforestation. Un pas en avant… loin d’être suffisant pour Greenpeace qui s’est donc décidé à passer à l’action. Le même jour, à 9h30 tapantes, six grimpeurs/activistes ont escaladé le bâtiment Europa du Conseil européen à Bruxelles pour accrocher sur la façade extérieure un compteur indiquant en direct le nombre d’hectares de forêt détruite dans le monde durant le temps de la réunion. En 180 minutes seulement, les compteurs affichaient 3 260 hectares décimées – soit une superficie équivalente à la ville de Bruxelles.
« Des écosystèmes précieux sont détruits à un rythme alarmant pour alimenter les marchés mondiaux », explique Sini Eräjää, responsable de la campagne européenne de Greenpeace sur l’agriculture et les forêts. « Nous avons l’opportunité de mettre fin à la complicité de l’Europe et de donner aux citoyens l’assurance que leurs achats ne sont pas liés à la destruction de la nature ou à des violations des droits humains. Les ministres doivent veiller à ce que tous les biens issus de la destruction des écosystèmes puissent être tracés jusqu’à la parcelle où ils ont été produits, et doivent protéger les forêts non seulement du défrichement pour l’agriculture mais aussi de l’exploitation forestière destructrice, au lieu de chercher des échappatoires pour plaire aux industries ».
Au diable le greenwashing
Pour Greenpeace la proposition de loi est insuffisante car elle ne respecte pas assez les droits humains, elle n’offre aucune protection aux écosystèmes autres que les forêts, tels que les tourbières ou les savanes, elle ne fixe aucune obligation de diligence raisonnée au secteur financier et enfin, elle laisse de côté de nombreux produits qui ont un fort impact environnemental, comme le porc, le poulet, le maïs et le caoutchouc. Les entreprises font quant à elles, pression, contre l’obligation de traçabilité jusqu’à la parcelle de production, tandis que les gouvernements européens des pays les plus boisés menacent de saper certaines parties de la loi pour protéger leurs entreprises forestières.
veiller à ce que tous les écosystèmes soient protégés, que tous les produits à risque soient pris en compte et que les droits humains soient correctement respectés.
Entre 2015 et 2020, le monde a perdu chaque année 10,2 millions d’hectares de forêts – une superficie équivalente à un terrain de football toutes les deux secondes – principalement pour l’expansion de l’agriculture industrielle, dont de nombreux produits sont consommés en Europe. La célèbre ONG, habituée des actions coup de poing, demande donc aux ministres de combler les lacunes du projet de loi plutôt que de l’affaiblir davantage, et de veiller à ce que tous les écosystèmes soient protégés, que tous les produits à risque soient pris en compte et que les droits humains soient correctement respectés. Suite à cette réunion, la présidence française devrait pousser les ministres de l’environnement à adopter leur position d’ici leur prochaine réunion le 28 juin. Le Parlement européen a également commencé à rédiger sa position, le vote de la commission de l’environnement étant prévu le 11 juillet.
En résumé
Greenpeaceinstalle illégalement une fresque sur les murs du conseil européen pour nous interpeller au sujet de la déforestation.
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