1 avril 2015

Temps de lecture : 4 min

Les grandes villes jumelées par la data

Le 6 février à Genève, pendant la conférence Lift, Swissnex San Francisco affichera sur une carte interactive les données urbaines environnementales collectées par les citoyens de sept villes dans le monde. Le projet s’appelle « Sense Your City » et démocratise l’engagement citoyen par la data.

Le 6 février à Genève, pendant la conférence Lift, Swissnex San Francisco affichera sur une carte interactive les données urbaines environnementales collectées par les citoyens de sept villes dans le monde. Le projet s’appelle « Sense Your City » et démocratise l’engagement citoyen par la data.

Et si chaque citoyen pouvait grâce à des capteurs intégrés, collecter des données qui une fois rendues publiques permettent de mieux comprendre et construire nos villes du futur ? L’année dernière Swissnex San Francisco avait déjà organisé le Urban Data Challenge, à Genève, Zurich et San Francisco. Cette compétition de visualisation de données publiques recueillies par les habitants eux-mêmes avait alors permis une meilleure appréhension et compréhension des transports publics. Un an plus tard, ce concours innovant et d’engagement citoyen a été rebaptisé Data Canvas après être devenu une initiative globale à long terme.

C’est sous son label que Swissnex San Francisco organise cette année Sense Your City. Cette fois il s’agit pour les résidents de Genève et de six autres villes dans le monde (Rio de Janeiro, Boston, Singapour, San Francisco, Shanghai et Bangalore) de collecter en temps réel des données environnementales : la qualité de l’air, le bruit, la pollution, la lumière et la température. Organisé en collaboration avec le partenaire nord-américain Gray Area, Sense Your City sera lancée le 6 février à Genève pendant la conférence Lift. Faute de capteurs suffisants, Paris n’est pas encore concernée cette année.

« Nous équipons les citoyens du monde des outils qui leur permettent de mieux participer au futur de leur ville. La clef de Data Canvas est d’éduquer les gens sur des questions urbaines par la collecte et la visualisation des données. Il sert de méthodologie et de projet pilote pour l‘introduction de l’innovation dans les villes », explique la co-organisatrice Emina Reissinger, responsable des partenariats et des initiatives chez Swissnex San Francisco, l’ambassade scientifique mi-privée, mi-publique de la Confédération Helvétique dans la Silicon Valley. INfluencia a voulu en savoir plus sur cet engagement citoyen par la data.

INfluencia : officiellement le « Data Canvas » est présenté comme un réseau média. Ce n’est pas donc seulement un événement annuel qui va lancer sa deuxième édition ?

Emina Reissinger : Data Canvas a commencé par une compétition de visualisation de données ouvertes, notamment celles concernant les transports publics de San Francisco, Genève et Zurich. A l’époque, le projet s’appelait Urban Data Challenge. Depuis son lancement, le projet a été transformé en initiative à long terme, en collaboration avec notre partenaire local (Gray Area) et suisse (Lift) pour devenir une plateforme lançant de multiples projets comme par exemple le Urban Data Challenge. Nous continuons l’initiative avec des hackathons pour des visualisations de données ouvertes/urbaines dans l’espace public, ainsi que d’autres compétitions basées sur des données en temps-réel de capteurs environnementaux. C’est dans ce cadre que nous organisons Sense Your City, qui sera lancée lors de la conférence Lift, le 6 février a Genève. C’est dans ce sens que Data Canvas devient un réseau de génération et de diffusion de données urbaines lié à des projets d’engagement public et civique. C’est également un outil d’archivage et d’exploration de données urbaines. Nous sommes ainsi en train de développer une carte digitale donc un réseau média au sens plus large.

INfluencia : est-on dans le crowdsourcing de Data et pourquoi ne pas collecter ces données par d’autres canaux que le citoyen-collecteur ?

Emina Reissinger : pour Sense Your City nous avons en effet crée nos propres capteurs DYI avec le soutien de Seed Studios comme sponsor. Le but de Data Canvas est d’intégrer plusieurs sources de données pour enrichir l’expérience “Smart City”. Pour le premier projet, Urban Data Challenge, le focus était sur les données ouvertes du secteur public et gouvernemental. Là, il est sur le citoyen-collecteur car il y a une volonté d’engager le public d’une manière plus directe et d’explorer le potentiel d’un réseau de données plus inclusif. Dans les débats autour du phénomène des « Smart Cities », nous avons remarqué que le citoyen est plus ou moins absent du processus, tandis que le mouvement open data démontre qu’il y a un désir fort de leur part de faire partie de la solution. Data Canvas offre donc une voie de démocratisation des données urbaines.

INfluencia : la finalité est-elle pédagogique autant que scientifique ?

Emina Reissinger : pour Sense Your City, les capteurs que nous utilisons sont des capteurs DYI. Le mérite scientifique est donc moins important que le mérite pédagogique. L’initiative et ses projets individuels sont des activités d’éducation mais surtout d’engagement. En revanche, le but est d’inclure de plus en plus de données pour soutenir aussi les stratégies de « Smart Cities » pour les villes participantes. Nous espérons lancer d’autres projets avec des capteurs plus scientifiques et également intégrer des données de recherche.

INfluencia : que faites-vous avec les données récoltées ?

Emina Reissinger : les données récoltées seront visualisables sur notre site web sur une carte interactive que nous lancerons pendant la conférence Lift, le 6 février. Cette carte permettra au public d’explorer les données récoltées ainsi que de télécharger l’ensemble des données pour la compétition de visualisation. Les participants pourront aussi combiner nos données avec des bases de données ouvertes déjà existantes. Les données de chaque projet de Data Canvas seront archivées dans notre carte et accessibles au public, aux journalistes, pour des initiatives municipales et la recherche.

INfluencia : Data Canvas a-t-il inspiré d’autres initiatives du même genre dans le monde ou est-ce encore le seul ?

Emina Reissinger : il y a de nombreuses initiatives similaires touchant les données ouvertes, les données urbaines et le citoyen-collecteur… Mais Data Canvas est unique car c’est une initiative véritablement publique-privée avec comme but d’agréger non seulement des bases de données ouvertes globales, mais d’y inclure aussi d’autres sources de données comme des sources individuelles ou auto-récoltées. Le tout en intégrant un aspect pédagogique très fort sous forme de présence physique dans l’espace public, de workshops, de partenariats académiques… Data Canvas intègre donc tous les acteurs des « Smart Cities » : les villes, les fournisseurs de technologies et les citoyens. Le mot clef pour nous, c’est l’engagement citoyen.

Comment construire son capteur ?

Data Canvas

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