Si le développement du numérique a bousculé tous les secteurs de la consommation, celui de l’entertainment n’échappe pas à la règle… et fait même souvent figure de pionnier en termes d’usages. Speed watching, cloud gaming, self live streaming, réalité virtuelle olfactive et haptique… le bureau de tendances et prospective, Vitamin, passe en revue les pratiques numériques émergentes qui dessinent l’entertainment de demain.
Regarder un épisode de Game of Thrones en mode speed watching
« Avec 1310 séries produites par an dans le monde, on a atteint un sommet. Nous vivons l’âge d’or des séries », déclarait publiquement Tim Davie, directeur général de BBC Worldwide, au Festival de la fiction TV de la Rochelle 2016. Avec un nombre de contenus audiovisuels qui continue de croître de manière exponentielle, et un choix abondant de plus en plus difficile à gérer, les consommateurs se tournent vers des solutions malignes pour satisfaire leur désir de binge watching. Ils peuvent désormais visionner en accéléré du contenu vidéo ou audio sur ordinateur ou smartphone à des vitesses allant de 1,2 à 2 fois la vitesse classique : une pratique autrement appelée le speed watching.
Comme le site Meta-media.fr le précise, les voix des personnages sont peu déformées et les dialogues encore intelligibles lorsque l’accélération ne dépasse pas 1,3 fois le rythme initial. En revanche, pour les séries en version originale sous-titrée, il devient difficile de tenir le rythme pour lire les traductions. Sur un épisode de sitcom de 22 minutes de type Friends, Modern Family ou Big Bang Theory, la durée n’excède pas 17 minutes. Pour une série au format classique de 42 minutes comme NCIS, on ne passe plus que 32 minutes devant son écran. Et plus que 40 minutes devant un épisode d’une série britannique ou française, comme Section de recherches, qui en dure 52 à vitesse normale.
Le navigateur Google Chrome possède depuis deux ans l’extension Video Speed Controller. En appuyant sur le « D » majuscule, on augmente la vitesse de lecture d’une vidéo d’un dixième à chaque pression. Ce programme aurait déjà été téléchargé plus de 200 000 fois. Sur YouTube, l’onglet « Paramètres » offre la possibilité de visionner en vitesse 1,25, 1,5 ou même 2 fois plus rapide que l’original. Enfin, l’interface américaine TiVo propose même l’option Quick Mode, qui accélère jusqu’à 1,3 fois et corrige également la voix des acteurs.
L’extension Video Speed Controller sur Google Chrome
Le cloud gaming ou le streaming du jeu vidéo
Après la « vidéo à la demande », voici le « jeu à la demande ». La récente pratique du cloud gaming révolutionne le marché du gaming mais aussi celui de l’e-sport. Le concept ? Ne plus jouer sur une machine locale mais à distance sur des serveurs qui diffusent l’image du jeu sur un écran en streaming. Cette pratique a tout juste commencé à apparaître en 2010 avec des sociétés comme Onlive ou Gaikai, depuis rachetées par le géant Sony. Avec l’arrivée de la fibre optique, le cloud gaming, qui était plutôt réservé aux joueurs occasionnels, s’adresse désormais aux joueurs exigeants et même aux « pro gamers ».
Les années 2017 ou 2018 devraient voir se multiplier des propositions sous la forme de catalogues et d’abonnements mensuels pour accéder à des titres. C’est le cas de la start-up française, Blacknut, qui se présente comme « le Netflix du jeu vidéo ». Elle propose un catalogue de jeux en illimité et disponible sur de multiples supports. 200 jeux seront proposés au commencement, le tout jouable sur télévision, ordinateur, tablette ou smartphone pour un abonnement sans engagement aux alentours de 20€.
Start-up française, Blacknut
La vidéo passe du live streaming au self live streaming
Biberonées à l’abondance d’informations en tous genres, autrement appelée « infobésité » par les professionnels du secteur, les jeunes générations se sont habituées à consommer du contenu dans l’instant et à tout moment, dans toutes les circonstances, que ce soit à domicile, au bureau, en vacances, en concert… « Ce phénomène [du live streaming] est représentatif de l’addiction à internet, aux réseaux sociaux… Les gens n’ont pas envie de manquer quoi que ce soit, même le sommeil d’autrui », dixit Adi Sideman, fondateur de l’application américaine de live streaming, YouNow. Le succès de la vidéo s’explique en grande partie par les possibilités infinies qu’offre le format du live. « La vidéo rend l’expérience plus authentique, crédible et divertissante. De ce fait, l’utilisateur sent qu’il fait partie de l’événement ou se sent plus proche de la personne qu’il voit sur son écran », explique Chen Hindi, directeur du Digital chez Quantum.
Plus récemment encore est apparu le self live streaming , que l’on peut considérer comme une sorte de selfie filmé. « Ce nouveau type de communication pourrait bien venir concurrencer le célèbre autoportrait photographique…», s’interroge Céline Pastezeur, journaliste à Melty.fr. Filmer son propre quotidien et ses propres pérégrinations est devenu le nouveau moyen pour les utilisateurs de facilement et librement parler d’eux, exprimer leur identité, parfois leur style, aux autres. Adi Sideman va plus loin : « Certains d’entre eux veulent se mettre en avant et participer de façon plus active dans la création de contenus. Quand on y pense d’un point de vue théorique, ce système marche autant grâce au public qu’à la personne qui diffuse ce qu’elle fait. C’est vraiment notre priorité : donner à tous la possibilité de participer et de créer du contenu ensemble ».
Après Snapshat puis Instagram, c’est au tour de Facebook Messenger de déployer la célèbre fonctionnalité des « stories ». Depuis mars 2017, de courtes vidéos sont visionnables et vouées à disparaître au bout de 24 heures. Celles-ci peuvent être intégrées directement au-dessus du fil d’actualité ou envoyées aux amis de son choix par message privé. Dans la même lignée, aux Etats-Unis, l’application YouNow permet à ses utilisateurs de visionner en direct des internautes en train de chanter, danser et même… dormir, via le populaire hashtag #sleepingsquad. Les utilisateurs offrent ensuite des bons points sous forme d’argent réel aux vidéonautes qu’ils ont appréciés. Un succès qui s’explique simplement par le fait que « la plupart des fans s’amusent, chattent et interagissent avec les autres », selon le fondateur.
Application américaine de live streaming YouNow
Une réalité virtuelle olfactive et haptique
Les mondes fictifs parallèles n’ont pas fini de faire parler d’eux. Après la déferlante autour de la réalité augmentée, la réalité virtuelle et la réalité mixte, la dernière nouveauté réside dans une variante encore plus sophistiquée : la réalité virtuelle olfactive et/ou haptique. Les nouvelles technologies viennent, une fois de plus, stimuler les sens des utilisateurs pour leur offrir une expérience sensorielle immersive toujours plus forte, plus réaliste. De quoi rendre la frontière entre les mondes physiques et imaginaires encore plus floue, et donc plus séduisante pour certains. Une piste qui nous démontre que la VR et les dispositifs d’immersion n’en sont encore qu’à leurs débuts et promettent des développements riches et pour le moins innovants !
Ainsi, le masque au design ultra léger, Nosulus Rift d’Ubisoft, offre une immersion non pas visuelle mais olfactive, donc basée sur l’odorat des utilisateurs. Il se présente comme étant « une expérience d’entertainment encore plus immersive qui vient compléter les offres déjà existantes autour des autres sens ». Dans le même esprit, l’entreprise japonaise, Vaqso VR, développe un appareil doté de cartouches olfactives qui se greffent aux casques de réalité virtuelle, mais n’y sont pas intégrées directement. Enfin, la start-up américaine, Feelreal, conçoit un masque qui diffuse des odeurs et stimule le sens du toucher grâce à des dispositifs tels que des refroidisseurs microscopiques permettant de reproduire le vent, des radiateurs miniatures qui diffusent de la chaleur, des jets d’eau, ou encore un générateur d’odeurs doté de sept cartouches olfactives interchangeables.
Le casque Nosulus Rift d’Ubisoft