L’union fait la force. A l’occasion des 3èmes Rencontres de l’Océan Indien qui se tiennent cette semaine sur l’île de la Réunion du 18 au 21 mai, L’Union Francophone, et l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) ont décidé de s’allier pour préparer un livre blanc portant le sujet ô combien sensible de la régulation des acteurs numériques. Le temps presse.
Il est temps d’agir ensemble
« Il est essentiel de collectiviser l’ensemble des réflexions liées à la problématique de la réglementation numérique, juge Jacques Krabal, secrétaire général de l’APF qui regroupe 90 parlements ou organisations interparlementaires sur quatre continents. Aujourd’hui, chaque pays avance en ordre dispersé mais il est nécessaire d’harmoniser nos approches. Notre objectif est de créer un effet de boule de neige afin d’aboutir à une réglementation sur le partage des revenus et la protection des données. Le numérique est devenu un espace interplanétaire de manipulation de l’opinion publique qui peut nuire à la démocratie. » Les chiffres semblent donner raison au député de l’Aisne la République en Marche.
Faire entendre nos voix
« Le marché mondial de la publicité digitale qui pèse près de 308 milliards d’euros est dominé à 85% par Google et Facebook, s’inquiète Christian Cappe, président de l’Union Francophone, une toute jeune organisation qui s’est lancée en mai 2018 pour créer un marché commun entre les acteurs francophones de la communication, de la publicité, des médias et du numérique. Face aux GAFA et aux BATX en Asie, les pays francophones doivent se coaliser pour légiférer s’ils veulent avoir une chance de faire entendre leurs voix. »
Élaboration d’un livre blanc qui sera pésenté aux Chefs d’État…
A la Réunion, près de 300 professionnels se sont rassemblés pour échanger leurs idées avec près d’un millier de participants « virtuels » qui n’ont pas pu se déplacer en raison de la crise sanitaire. Députés, professionnels de la communication et de la publicité, experts de la société civile, universitaires et chercheurs… Tout ce petit monde s’est retrouvé sous les cocotiers pour discuter de souveraineté, de sécurité numérique, de fiscalité, de rémunération des médias et de l’établissement de règles publicitaires équitables. Ces discussions vont permettre d’élaborer un Livre-Blanc programme qui sera acté le 21 mai afin d’être présenté aux Chefs d’État lors du Sommet de la Francophonie à Djerba en Tunisie les 20 et 21 novembre prochains. Les organisateurs des 3èmes Rencontres de l’Océan Indien ont en effet bien conscience qu’ils ne pourront pas, à eux seuls, faire plier les géants du web.
Tenter de promouvoir l’usage de la langue française
« Nous voulons nous associer avec l’Organisation internationale de la francophonie qui regroupe 88 Etats et gouvernements , juge Jacques Krabal. Nous souhaitons également collaborer avec l’Union européenne car la régulation des acteurs numériques est un enjeu primordial pour nous tous ». Le poids des pays francophones, qui comptent aujourd’hui 350 millions d’habitants, peut-il faire plier pour autant les surpuissants GAFA ? Les perplexes peuvent en douter. Pourquoi également créer un nouveau groupe de pression au lieu de rejoindre ceux déjà existant ? « Il n’existe pas d’entrée unique, plaide Christian Cappe. Notre initiative vise à encourager le partage des savoir-faire et la coopération afin d’aboutir à une unité dans l’action. » Unis, les pays francophones pourront aussi tenter de promouvoir l’usage de la langue française sur une planète numérique aujourd’hui très largement anglophone. L’espoir fait vivre…