France Inter : Un podcast inédit explore la web radio du procès du 13 novembre

La médiatisation des grands procès en France a évolué au fil des décennies, reflétant les avancées technologiques et les mutations sociétales. Dans les années 1980, le procès de Klaus Barbie pour crimes contre l’humanité, illustrement célèbre comme étant le premier de son genre tenu en France, avait été intégralement filmé, accumulant 145 heures de débats. Une première à l’époque. Plus récemment, l’affaire d’Outreau au début des années 2000 a mis en lumière les dérives médiatiques et judiciaires, entraînant une couverture médiatique sans précédent et des débats sur la présomption d’innocence.  Ces exemples illustrent la manière dont la justice française s’est progressivement ouverte aux médias, tout en cherchant un équilibre entre transparence et respect des droits des parties impliquées.

La web radio du procès du 13 novembre : une innovation majeure

Lors du procès des attentats du 13 novembre 2015, une initiative sans précédent a vu le jour : la création d’une web radio dédiée aux parties civiles. Cette innovation technique et juridique a permis aux victimes et à leurs familles de suivre les audiences en temps réel, sans être physiquement présentes au tribunal. Cette démarche visait à répondre aux besoins des nombreuses parties civiles dispersées à travers le pays, voire à l’étranger, leur offrant ainsi un accès direct aux débats judiciaires.

La mise en place de cette web radio résultait d’une collaboration étroite entre les autorités judiciaires et les associations de victimes. Accessible via une plateforme sécurisée, elle diffusait en direct l’intégralité des audiences, garantissant la confidentialité et le respect de la vie privée des auditeurs. Les parties civiles pouvaient ainsi se connecter depuis leur domicile ou tout autre lieu de leur choix, leur évitant des déplacements souvent éprouvants.

L’accueil de cette initiative par les familles des victimes a été largement positif. Pour beaucoup, la web radio représentait un moyen de rester informées et impliquées dans le processus judiciaire, tout en préservant leur intimité et leur bien-être émotionnel. Elle a également permis de désengorger la salle d’audience, rendant le déroulement du procès plus fluide.

Un podcast pour retracer cette expérience unique

Aujourd’hui, le podcast “Le code a changé” revient sur cette expérience unique. Dans ce podcast qui totalise plus de 6 millions de téléchargements depuis son lancement en 2020, Xavier de la Porte explore l’impact du numérique sur nos vies et propose une réflexion approfondie sur son évolution et ses implications.

À travers un diptyque de deux épisodes dédié, l’animateur revient sur l’histoire peu commune de la web radio du procès du 13 novembre – la première de son genre dans l’histoire judiciaire française. Une innovation à la fois technique et juridique, passée presque inaperçue et dont il reste peu de traces aujourd’hui, bien qu’elle ait profondément marqué le déroulement de ce procès historique et hors normes. Comment fonctionnait cette web radio ? Qu’a-t-elle changé dans le vécu des victimes et dans l’organisation des audiences ?

Xavier de La Porte remonte le fil de cette innovation inédite, en donnant la parole à celles et ceux qui l’ont vécue de près : Magali, rescapée de la Belle Equipe, qui a écouté la web radio avec son nouveau-né dans les bras ; une psychologue chargée de soutenir à distance les auditeurs ; Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan qui a  eu l’idée de ce dispositif ; ou encore Julien Quéré, le magistrat chargé de sa mise en place. Un retour en arrière qui offre une réflexion approfondie sur l’évolution de la médiatisation des procès en France et sur l’impact du numérique dans le domaine judiciaire.

Comme l’explique Xavier de La Porte, et ça sera notre conclusion : « La web radio du 13 novembre, c’est l’histoire d’une rencontre entre un événement historique et une possibilité technique. Le tout dans cet espace-temps si particulier d’un procès, qui plus est d’un procès qui a marqué l’histoire de la justice et celle du pays tout entier ». Un bel exemple de la capacité des institutions à innover pour répondre aux besoins des victimes…